Chapitre 17 : Secours !

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J'entendis soudain les cris d'Olivia retentir dans toute la forêt et ce n'était pas un cri de joie. Je lançai un dernier regard en direction de Delsin pour qu'il garde Thania pendant qu'elle était inconsciente. Je n'avais plus de temps à perdre. Ma vitesse atteint son point culminant en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et je parcoure la forêt en un clin d'oeil. Le vent me fouettait le visage et j'étais en proie à une peur inimaginable. Je ne voulais pas perdre Olivia, elle était une de ces rares personnes qui tenait à moi pour les bonnes raisons et je m'étais promis de veiller sur elle. Je voulais lui assurer un avenir et je n'avais pas d'autre choix que de la sauver de ces enflures de chasseurs. J'utilisai alors ma vision démoniaque et repérai des sortes de lueurs dans une partie sombre de la forêt. Sans réfléchir, mon instinct me fit aller vers cette direction. Je n'avais pas vraiment le temps de taper la causette avec les chasseurs et parler chiffon. En un éclair, j'étais au-dessus des lueurs mais je ne voyais absolument rien, il n'y avait aucune trace de quoique soit de vivant... Ou de mort d'ailleurs. Je voyais pourtant toujours les lumières bouger et scintiller, comme si elles étaient juste devant moi. C'est impossible, je les voyais, elles étaient juste... Juste devant moi. Je n'y avais pas pensé immédiatement mais si ils n'étaient pas devant moi alors que j'étais sur le lieu, alors ils étaient dessous. Je regardai brièvement autour de moi et vis une grotte qu'auparavant je n'avais pas remarqué. Mais bien sûr, c'est comme ça que les chasseurs pouvaient sortir sans crainte. Je remis les pieds sur terre et courus dans la grotte.  J'entendis alors les rires écoeurants des chasseurs et les pleurs d'Olivia. Je prenais inlassablement les virages qui constituaient la grotte et au bout de l'un d'eux, je fus pris au piège. Un des chasseurs m'attendait et il fracassa une sorte de barre métallique parcouru de runes sur ma tête. Une barre ordinaire se serait déjà pliée, mais celle-ci semblait être enchanté. Les connards ! Je ne voyais plus rien. J'étais endormi mais j'entendais vaguement des voix. Je sentais légèrement l'odeur d'Olivia. Le goût du sang dans ma bouche était immonde. Ils avaient profité de mon inconscience pour me frapper avec divers objets magiques et je ne sais quelles incantations. Je levai difficilement la tête et ma vision était floue, j'arrivais pourtant à distinguer une crinière blonde innondée d'une lumière bien trop forte. Je repris mes esprits en faisant le lien et vis que j'étais attaché à des chaînes, comportant les mêmes runes que leurs armes. J'essayais de me débattre mais rien n'y faisait. Les chasseurs étaient dans la salle d'à côté, je devais me débarrasser de ces chaînes. Je regardais autour de moi pour trouver une issue mais rien ne venait, je ne voyais que des murs en pleine érosion sous le joug des petits courants qui les traversaient. Les mousses qui avaient poussées sur les murs déjà tombés et l'odeur infect des chasseurs qui régnaient dans cette tanière. Olivia était juste en face de moi, les vêtements un peu déchirés et les larmes aux yeux, essayant tant bien que mal de se débattre :
-"Caleb ! Caleb aide moi ! Je t'en prie, je ne veux pas qu'ils... Qu'ils me touchent, supplia-t-elle.
- Je ne les laisserais pas te faire du mal ! Je suis là tu n'as pas à t'en faire ! Fais moi confiance, essayai-je de dire.
- Tu... Tu es coincé et leurs chaînes ne peuvent se briser que par la force de 30 géants de glace. Elles sont... Trop robustes pour toi, fit-elle en pleurant.
- Ne... Ne t'en fais pas je... Je trouve toujours un moyen n'est-ce pas !? Dis-je en essayant de calmer Olivia.
- C... Caleb ? Demanda-t-elle.
- Q... Quoi ? Répliquai-je.
- Qu... Quand ils arriveront... Promets le moi... Je veux que tu me promette de fermer les yeux et de ne pas me prendre en considération. Je... Je veux que tu survives alors trouve une occasion de t'enfuir quand ils essaieront de te vendre, demanda Olivia d'un sourire triste.
- Jamais ! Je ne les laisserais pas te toucher tu m'entends ! Je... Je vais te sauver, pleurai-je soudainement. Bordel !
- Merci... Pour tout ce que tu as fait ! Même si je n'ai pas eu l'occasion de te le dire... Je... Je t'aime Caleb et je crois que tu es le seul qui m'ait jamais compris alors merci ! Fit-elle en entendant les chasseurs arriver avec leurs rires pervers.
- N... Non non non ! Ça sonne comme des adieux ça ! On va s'en sortir je te le prom..."
Un des chasseurs m'avait envoyé une patate digne de ce nom. C'est vrai que quand mes pouvoirs sont mis sous scellé, je suis humain, ça fait vachement mal. Mais ce n'était rien à côté de ce que devait ressentir Olivia à ce moment. Je ne pouvais pas la laisser là, j'avais besoin d'elle et elle m'a dit qu... Qu'elle m'aimait... Elle a dit qu'elle m'aimait ? Mince, je fais quoi moi ? C'est pas la question ! Je dois sortir de là et vite ! Les chasseurs retirèrent alors leurs masques, je vis alors ceux qui se cachaient vraiment sous ces masques : des goblins. Ces petits enfoirés verts ou gris aux oreilles et aux dents pointus, les fanatiques de la viande et des plaisirs. J'avais lu quelques lignes à leurs sujets, c'était des pervers sanguinaires qui faisaient dans le trafic de créatures surnaturelles semble-t-il. Je lançai un regard noir à ces démons verts et le plus gros me frappa avec une énorme masse. Je perdis connaissance et mon corps était vide. Je n'entendais plus que des bruits suivi d'un sifflement strident. J'entendais leurs voix qui s'élevaient et les pleurs d'Olivia qui retentissaient. Le bruit que faisait ses vêtements quand ils les déchiraient parvenaient jusqu'à mon oreille et j'entendais clairement chaque respiration, chaque souffle, chaque variation de mouvement. Tout était plus clair. J'avais l'impression d'être dans une bulle, sombre et vide. J'étais tout seul et perdu au milieu du moi même. Je n'allais rien pouvoir faire, j'étais impuissant. Delsin ne pourrait rien pour moi, pas même mon démon. Ils m'avaient eu et je ne pouvais plus trouver de solution à tout ça, j'étais sur le cul pour le coup. J'avais besoin de plus de pouvoir mais comment ? A quoi servait tous ces dons que j'avais reçu, si je ne suis même pas fichu de sauver la fille qui m'ai... N... Non. C'est la fille que j'aime que je veux sauver ! Quelque soit le prix à payer pour obtenir la puissance qu'il me faut, je suis prêt à le payer. T'es bien un démon hein ? Alors donne moi ce que je demande et prends ce que tu veux ! Silence. Il n'y avait plus que le silence. J'étais là. Perdu. Au milieu du néant. Je sentis alors une chaleur inexplicable en moi et mon corps revint à la vie ou plutôt l'inverse. Je n'étais plus moi. Je me sentais comme lors de l'apparition de mes ailes, une coquille vide. Je ne pouvais rien faire, rien sentir, rien toucher, j'étais juste au milieu du néant avec une vision de moi et de ce qui se trouvait autour. Tout ce que je pouvais faire... C'était transmettre toute ma rage pour tenter de me libérer de mes chaînes. Je sentis une force inconnue prendre possession de ce qui était jusqu'à maintenant, le corps d'un jeune démon en voie de développement. J'avais l'impression d'être dépourvu de toute raison et de toute vie, tout sentiment. Je la voyais. Olivia. Sur cette chaise pleine de crasse et de tâches étranges, elle était attachée et pleurait à grosses gouttes. J'étais son seul espoir et je devais me débarrasser de cette faiblesse, alors si pour l'aider je devais sacrifier mon humanité, je le ferais immédiatement. Les goblins arrachaient violemment ses vêtements et leurs mains aux ongles crochus parcouraient brutalement son corps et déchirer sa peau. Il ne restait plus que des lambeaux et ses sous-vêtements sur elle, je n'allais pas les laisser aller plus loin. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Je prenais le temps de discuter avec moi-même alors qu'elle était là, juste devant moi. Ah, c'était ça. Tout autour de moi était au ralenti et j'avais juste envie de fermer les yeux. C'est ça. C'est ce que je devais faire. Me laisser aller et envahir par mon pouvoir démoniaque, accepter ma part d'ombre et obtenir la force que je voulais. La réponse était juste devant moi depuis le début. C'était toi. Olivia. Mes yeux se fermèrent et je les rouvris en peu de temps qu'il n'en faut pour le dire. J'étais debout devant Olivia qui était terrorisée et dans un coin de la pièce. Des morceaux de chair et du sang recouvraient presque tous les murs de la salle et je voyais le corps inerte et froid des goblins qui gisaient sur le sol. Amoncelés, les uns aux autres comme une sorte de mélange infect qu'on aurait déposer là, par hasard. Je baissais les yeux sur mes mains, pleines de sang et de morceau de peau de goblin. Mon visage, ma bouche, mes cheveux, mon corps entier était recouvert du sang rouge pourpre des goblins. Je ne comprenais pas pourquoi. Tout était si étrange. En un clin d'œil tout avait changé, comme si il s'était écoulé plus de trente minutes. Je regardais Olivia qui me fixait en se recroquevillant sur elle même. Elle était apeurée comme un chaton qui venait de naître. Un goblin devait sûrement être encore dans les parages, je ne voyais pas d'autre raison. Je m'apprêtais alors à avancer vers elle, quand elle recula en gémissant doucement de peur. Ce n'était pas d'un goblin... Qu'elle avait peur... C'était de moi. Je n'avais aucun souvenir de ce qui venait de se passer mais j'étais sûrement responsable de tout ce carnage. J'avais sûrement dû perdre le contrôle quand j'ai abandonné mon corps à mon pouvoir. Mais je ne... Je ne... Mon corps ne répondait plus de rien. Je perdis conscience et la seule chose que je pus alors distinguer c'était la voix tremblante et apeurée d'Olivia, penchée au-dessus de ma tête. Tout est noir ensuite. Je fus plongé dans un néant total pendant, ce que je considérerais comme, une dizaine de minutes. Je repris peu à peu mes esprits et j'ouvris lentement les yeux. J'étais dans une petite maison en bois, plutôt une cabane. Comme ces fameuses maisons américaines dans les montagnes, faites en rondins de bois et laissant tous les rayons du soleil filtrer, grâce aux innombrables fenêtres. J'essayais de me lever mais je ne pouvais pas, j'avais l'impression d'être handicapé et de ne pouvoir me servir de mes membres. J'étais totalement à bout de force. Ils avaient dû me ramener juste après le... Le quoi déjà ? Je n'ai plus souvenir de ce que je venais de faire, j'avais dû dormir une heure ou deux. Quoiqu'il en soit, je pourrais aller voir Thania cette après-midi, elle a sûrement dû s'inquiéter de ne pas me voir en cours aujourd'hui. Je regardais l'heure : 14h53. J'avais raté plus de quatres cours à l'heure qu'il est, les autres devaient sûrement être en art. Je me demandais quand même où j'étais, je ne me souviens pas avoir déjà vu cette maison auparavant. J'avais juste un short et une petite couverture qui me recouvrait des jambes, jusqu'au milieu des abdos. Pour le coup j'aurais aimé en avoir une plus grande. J'entendis alors quelqu'un tourner la poignet de la porte. D'un réflexe involontaire, j'étais debout en un éclair et pris le couteau à pomme sur la petite table près de moi, avant de le mettre sous le cou de mon visiteur, qui en passant était Olivia. Les mains chargées de courses. Une gentille fille vous me direz. Bordel ! Je foutais quoi là ?! Je retirai instantanément le couteau et souris bêtement de manière gênée pour m'excuser. Elle eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que je perdis à nouveau connaissance. Fait chier ! Je me réveillais une fois de plus, dans le canapé de tout à l'heure. Cette fois, Olivia était à mes côtés et elle tenait ma main délicatement :
- "Salut toi, dis-je d'un air extrêmement fatigué.
- S... Salut Caleb. Dis moi comment tu te sens ? Je suis vraiment contente que tu te sois réveillé, j'avais eu tellement peur que ça dure plus longtemps, c'était déjà un calvaire d'attendre deux semaines, fit-elle en souriant et me serrant contre elle.
- Q... Quoi ? Attends tu veux dire que j'ai dormi pendant... Pendant deux semaines entières !? M'exclamai-je difficilement.
- Oui. Delsin et moi avons veillé sur toi à tour de rôle pendant qu'il assurait ses cours au lycée, je veillais sur toi le jour et lui prenait le relais le soir, pour que je me repose. On a eu tellement peur, ton corps était inerte et sans vie, m'expliqua-t-elle.
- Comment ça a pu arriver ? J'étais... J'étais... J'étais où déjà ? Je ne me souviens plus de rien, c'est le néant total. Je sais qu'il y a eu quelque chose mais je n'arrive pas à m'en souvenir, declairai-je.
- T... Tu ne te souviens vraiment de rien ? Fit-elle gênée et un peu tremblante.
- Tout à fait, c'est le trou noir, dis-je en regardant le plafond.
- C'est peut-être mieux ainsi, chuchota-t-elle.
- Quoi ? Tu as dit quelque chose ? Demandai-je volontairement.
- Non rien. Absolument rien. Content de te revoir, Caleb Rivers !" Sourit Olivia, baignant sa chevelure dorée dans la lumière du soleil.
Je souris doucement et fermai les yeux pour me reposer un peu tandis qu'Olivia partait vers la cuisine. J'étais perdu. J'avais perdu un morceau de ce qui m'est arrivé et à présent je devais prendre un nouveau départ, en ne sachant rien de ce que j'ai fait ou dit. C'était comme renaître. Une sorte de...  Case départ.

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