Chapitre 3: Envol !!

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Je ne peux même pas être tranquille 5 petites minutes ! Je ne me sentais pas bien du tout, mon esprit s'embrouillait, mêlant images, sons et visions toutes différentes les unes des autres. Je rentrai chez moi, sillonnant les petits chemins sombres et traversant les forêts intenses, pour tenter d'arriver le plus rapidement possible. Ma tête me faisait atrocement mal, l'odeur des pins, des bois humides écrasés sous des dizaines de pieds, me faisait ressentir un air de liberté et de douceur qui atténuait un tant soit peu ma douleur. Mon visage rencontrait les griffes du vent froid, annonçant l'arrivée de l'hiver dans cette grande ville, qui m'assaillaient, faisaient couler de mes yeux des larmes de fraîcheur. Je voyais, après près d'une heure de montée dans les chemins les plus improbables qui soit, le haut de l'appartement dans ce coin paumé où j'habitais. C'était un appartement à plusieurs locataires certes, mais j'avais l'impression d'être le seul à y habiter. De temps en temps je croisais un vieil homme assagi, il me souriait des quelques dents qui lui restaient et il m'avait l'air sympathique. Je n'avais cependant, pas de contact avec les autres locataires, si tant est qu'ils existaient. Je déposai mon vélo dans une hâte pas possible et montai en courant, ouvrant la porte violemment. Ma vision se troubla soudainement et je tremblais tandis que, désespérément, je cherchais la clé. J'avais pris l'habitude de la reconnaître de mon trousseau, heureusement. Il faisait déjà presque nuit, je pensais avoir fait ça rapidement. Qu'est-ce que j'avais foutu tout ce temps ?! J'ouvris la porte et la refermai à clé en me dépêchant de courir en direction de la salle de bain. Mes membres ne répondaient presque plus, j'avais l'impression que mon corps faiblissait et tombait en abîme au fur et à mesure que j'avançais. Mes yeux, étaient emplis de larmes de douleur qui perlaient sur mes joues, pour je ne sais quelle raison, m'empêchant d'avoir une vision nette. Je sentis de la colère monter en moi, comme une vague qui me submergeait et qui envahissait mon esprit. J'étais troublé et perdu. Soudain je me rendis compte qu'un bruit de bourdonnement se faisait entendre un peu plus. Mes yeux ne captaient presque plus la lumière et ma bouche n'arrivait plus qu'à prononcer des bruits étouffés et des gémissement de douleur. Comme ci ce n'était pas assez, je n'avais plus le goût des choses. La salive dans la bouche ou je ne sais quel autre goût que la bouche produit naturellement, me semblait complètement fade. Insipide. Je me demandais même si j'avais avalé ma salive vu que je sentais rien. Je perdais... Au fur et à mesure mes... Cinq sens. Je ne sentais plus l'odeur de fleur et d'œufs brouillés qui régnaient habituellement dans mon appart. Je ne voyais plus le tableau... que j'avais peint avec ma mère il y a des années. J... Je n'avais plus rien. Si ! Il me restait le toucher ! J'essayais tant bien que mal de me guider dans cette pénombre silencieuse qu'était devenue le monde autour de moi. Je sentis le rebord de la baignoire et m'y agrippai afin d'y rentrer. Je fis couler l'eau le long de mon corps, sentant peu à peu la douleur dans mon dos s'évacuer en suivant le cours d'eau. Je retrouvais peu à peu mon calme. Mes sens commencèrent à me revenir au bout de quelques minutes. Bordel de merde ! J'y comprends plus rien. J'ai peur. Je sentais, voyais, entendais, goûtais et ressentais le monde différemment. J'entendais distinctement, le battement d'aile du papillon qui se trouvait sur la lumière au dessus, je voyais ce qui se trouvait de l'autre côté de la fenêtre ouverte, dans la maison voisine avec une précision digne d'un sniper. Je sentais l'odeur des repas de mes voisins qui habitaient de l'autre côté ! Qu... Qu'est-ce qui pouvait bien m'arriver ? J'avais l'impression de n'être plus qu'un vulgaire... Monstre. La douleur dans mon dos revint doucement et je sortis de l'appartement en me dirigeant vers la forêt avoisinante. Je n'avais plus sur moi, que mon jean noir et mes vans grises. Je m'enfonçai un peu plus dans la forêt, comme attirée par elle et par son obscurité merveilleuse. J'entendais les animaux qui se déplaçaient soudainement en entendant mes pas, voyant malgré la nuit les petites bêtes rampantes sur le sol, s'écarter de mon chemin. Mon corps, mon être étaient ouverts à un nouveau monde auquel je n'avais pas accès auparavant. La douleur recommença sans prévenir et je m'agenouillai en me cramponnant à mon ventre. J'hurlai de toutes mes forces quand je sentis quelque chose de grand s'extirper douloureusement et difficilement de mon dos. J'avais mal aux dents comme si j'étais un nouveau né qui sentait ses dents pousser, mes yeux aussi me faisaient atrocement mal et je sentais un liquide coulait d'un de mes yeux. Mon cri porta dans toute la forêt et j'entendis les animaux s'enfuir et les arbres se froisser au contact de leurs pattes apeurées. Tout s'arrêta quand mon cri cessa de terroriser cette nature noire. J'étais à genoux, les mains sur le sol et j'essayais tant bien que mal de reprendre mon souffle. Je sentais des deux côtés de mon dos, des charges, pesant lourdement,  m'incitant presque à être aspiré par le sol. Je me relevai difficilement et levai les yeux au ciel. La nuit était belle, chargé d'étoiles qui depuis là-haut me dominaient de tout leur éclat. Je me sentais à présent bien et j'étais calme. Mon visage ne reflétait plus que l'épanouissement au travers d'un soir glacé et sombre, que seul le ciel pouvait illuminer. Un courant d'air glacial passa soudain, me donnant des frissons et instinctivement je refermai mes bras sur moi. Je fus choqué quand des plumes, aussi douces que de la laine et aussi blanches et pures qu'un diamant vinrent m'entourer. Je n'arrivais plus à bouger, mon esprit était en état de choc. Je remontai lentement la piste des plumes accolées, les unes aux autres, des yeux, pour en connaître l'origine et vis par étonnement qu'elles venaient... De mon dos !!!

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