Heart on the sky

Chapitre 24 : Arkania !

Je traversais une sorte de long couloir sombre avec des parois bordés de spirales de toutes les couleurs. Elles tournaient sans cesse et étaient presque hypnotisantes. Je marchais depuis au moins cinq bonnes minutes quand je vis la même forme de spirale que l'entrée du portail. Je n'étais sûrement pas prêt pour ce que j'allais voir derrière ce portail, mais c'était sûrement la seule issue qu'il me restait. Je ne pouvais plus aller ailleurs. J'étais désormais victime de mes propres décisions. Je n'arrivais pas à me convaincre que je devais franchir ce portail en tenant dans mes bras le corps de la personne que j'aimais le plus. Dès que je l'avais vue débarquer, j'avais tout de suite penser qu'on pourrait s'enfuir à Arkania ensemble. Je n'avais pas du tout pensé que cette alternative était envisageable. J'aurais dû prendre tous les risques pour la sauver et prendre en compte cette éventualité. J'ai été un bel idiot sur ce coup. C'est à cause de moi qu'elle est morte. Ma faute. Entièrement. Je passai le portail et une lumière blanche aveuglante me fit fermer les yeux. Quelques secondes plus tard je les rouvris sur une sorte de champ de blé doré, un champ à perte de vue. Le blé était doux et doré, quand je l'effleurais, celui-ci libérait de petites particules lumineuses qui venaient tournoyer au sein du vent généreux. Le ciel à perte de vue était de la même couleur que les aurores boréales, les nuages étaient violets et bleues comme dans un monde de fantasy. Malgré le ciel généreux et matinal, on pouvait percevoir des étoiles dans le ciel et celles-ci étaient bien plus belles que sur la terre. J'inspirai profondément et souris doucement en versant une larme :
- " On y est... Thania. Je suis enfin chez moi !" Parlai-je seul.
Je tombai à genoux et posai son corps dans le champ d'or, faisant tomber son sang sur les épis. Je ne sentais plus aucune force en moi, j'étais perdu et dépourvu de tout, je n'avais plus rien. Mon corps lâcha et je tombai dans les pommes, m'allongeant dans ses innombrables tiges luisantes. Je fermai les yeux et ne pris plus part au combat qui se tenait en moi. J'abandonne. Mes yeux se fermèrent et je ne sentis plus rien, je ne vis plus rien, quand soudain j'entendis la voix d'Olivia. Elle était là, Delsin devait être juste à côté. Content qu'ils soient en vie et qu'ils n'aient rien. Je m'endormis, vidé de mon énergie. Dans ma tête c'était l'enfer, je revoyais la scène, encore et encore. Je n'avais pas été assez fort, j'étais le seul coupable. Ce n'était pas Kingsley qui l'avait tué, c'était moi. J'étais le seul responsable de mon malheur. Encore. Encore. Encore. La scène se répétait indéfiniment, je voulais sortir de cette spirale infernale mais c'était impossible. J'étais pris eu piège. Pendant des heures, la même scène se répétait dans ma tête. Je souffrais atrocement, mon corps avait beau ne rien ressentir j'étais en train de mourir. Les heures défilaient et mon esprit se consumait, petit à petit. Comme si le feu de ma culpabilité, rongeait le bois représentant ma vitalité. Je sentis quelque chose de froid sur mon torse et une douce chaleur sur mon front. Je ne savais pas ce que c'était mais ça me faisait du bien. Dehors le monde était peut-être utopique et merveilleux mais je ne méritais pas d'y vivre. J'ai tué et détruit beaucoup de gens, je n'étais pas digne d'être considéré comme un sauveur ou même un héros. Je me laissai aller à la douce sensation que je ressentais et je m'enfonçai dans les méandres du sommeil. Pendant des heures entières, j'étais là, à voguer et à flotter dans l'espace. Errant et cherchant des réponses, quand soudain je vis une lueur blanche. Je partis vers elle, elle était chaleureuse et apaisante. Une fois arrivé je fus aveuglé pendant un temps et quand j'ouvris les yeux, je vis Thania. Thania dans une merveilleuse robe blanche au décolleté imprenable. J'étais subjugué, émerveillé mais tellement triste. Si je la voyais devant moi, c'était parce qu'elle était morte. Je partis dans sa direction et une sorte de mur m'en empêcha, j'essayais tant bien que mal de le passer mais rien n'y faisait. J'avais l'impression d'être sous l'eau et de ne pouvoir bouger librement. Elle s'avança vers moi et mes larmes commencèrent involontairement à couler :
- "Tu n'as pas le droit, fit-elle en souriant.
- C... Comment ça ? Je ne comprends pas, répondis-je complètement perdu.
- Tu ne peux pas me rejoindre, ce n'est pas l'heure. Tu as bien trop de choses à accomplir et à fonder. Je suis un obstacle pour l'instant, quand l'heure sera venue tu reviendras et la porte sera ouverte pour toi, déclara-t-elle en posant sa main sur la barrière.
- Je n'en ai rien à faire, je n'ai ma place nulle part. Je suis un démon et personne n'a besoin de moi, le monde se débrouillera très bien sans moi, annonçai-je déçu.
- Non. Ne crois pas ça, regarde !" Fit Thania en montrant une sorte de nuage.
Je voyais à l'intérieur de ce nuage ce qui se passait à l'extérieur. Je la voyais, Olivia. Elle était là à me soigner, à retirer mes bandages,  veiller sur moi au détriment de sa santé. Delsin était dehors, à chercher de quoi manger et à s'assurer que rien ne puisse nous arriver. C'est vrai. Ils étaient là pour moi depuis le début, ils ne m'ont pas abandonné et ils ne m'abandonneront pas. Mais j'ai bien peur de ne pas être à la hauteur, tout repose sur mes épaules mais je ne suis pas le fils d'Atlas. Elles sont fragiles et ont déjà dû mal à encaisser deux ou trois chocs, je me vois mal vivre avec une défaite contre Haley et le sort de tous les habitants anéantis. Je ne pourrais jamais :
-" Alors entraîne-toi, deviens plus fort et deviens celui que tout le monde attend, fit Thania en s'éloignant.
- On a plus assez de temps, c'est trop tard. Haley est parti depuis bien longtemps, déclarai-je en baissant la tête.
- Je t'ai envoyé dans une boucle temporelle, le temps n'a pas d'emprise ici. Le temps est comme figé et ce, autant de temps que tu voudras, une fois sorti de la vallée, le temps reprendra son cours et tu pourras arrêter Haley à temps, souria-t-elle. Tu vois, tu as le temps, alors mets le à profit et bats-le. Pour moi.
- Je le ferais. Crois moi, il n'aura jamais Arkania !" Lâchai-je en m'éloignant également.
Je lui souris une dernière fois et les larmes flottèrent dans cet espace, de nouveau sombre sans sa présence. Je pris une grande inspiration et fermai les yeux. Quelques secondes plus tard, je revenais à moi dans le monde réel. J'entrouvris les yeux et essayai de voir où j'étais. Je tournai la tête vers la gauche et compris que j'étais dans une sorte de petite cabane en bois, la décoration était belle et simple. Quelques meubles de bois, des fleurs un peu partout et des belles nappes et de beaux couverts d'argent. En tournant la tête à droite, je vis Olivia. Elle était assise sur une sorte de tabouret et elle avait posé la tête sur le lit pour s'endormir. Elle était tellement attentionnée que je décrochai une larme de joie. Je posai douloureusement ma main sur sa tête. Je caressais ses cheveux comme j'avais l'habitude de le faire et je réussis à lui arracher un inconscient petit sourire. Elle sourit doucement et tourna la tête de l'autre côté. Je souris légèrement et essayai de me lever, mes douleurs étaient encore présentes et les plaies étaient vives et encore ouvertes. Je n'avais pas le droit aux mouvements brusques, je devais faire attention. Je sortis doucement du lit et y mis difficilement Olivia à ma place. Je mis une couverture sur elle et pris un moment avant de sortir. Dire que cette petite vampire avait voulu me manger, la première fois que l'on s'était rencontrés. Elle était sauvage et arrogante et puis elle a changé du tout au tout. Elle est redevenue ce qu'elle a toujours été, une innocente et dévoué fille. Elle était beaucoup trop manipulé par le Cercle ( c'est comme ça qu'on a décidé d'appeler la secte de pervers vampires de l'hôtel, celui à New-York ). En la regardant dormir, je sentais mon coeur apaisé et léger, comme si elle représentait pour moi une lueur d'espoir. Une petite étincelle que je devais conserver pour rallumer ma flamme. Je pris une des vestes sur la table et sortis par la porte de derrière, je voulais voir un peu de paysage. Delsin était au premier, je l'avais entendu. Il rangeait des affaires et au moment où je suis sorti il était monté sur le lit pour se reposer. Je pris une bouffée d'air frais et fus étonné de voir à quel point l'air était pur et frais. Cet air était un trésor comparé aux toxines invisibles que dégageaient Miami et ses usines. Je partis vers un grand arbre qui se trouvait sur une petite colline près du champ. J'y montai et m'y installai pour regarder la vue, elle était magnifique. On pouvait voir une grande vallée, pleines de maisons comme celle-ci, toutes construites soigneusement au creux de la montagne. Les  vallées formaient des V dans lesquels les maisons venaient s'y poser. Plusieurs maisons de trouvaient en hauteur et le soir commençant à tomber, faisait sortir leurs lumières, illuminant la vallée de milles feux. C'était un spectacle magnifique. Par delà les vallées, on pouvait voir des lacs magnifiques et juste au-dessus, une énorme montagne au pic blanc enneigé. Je profitais de ce spectacle merveilleux tandis que le soleil couchant amenait de nouvelles couleurs à ce monde fantaisiste. J'aurais tellement aimé partager ce moment avec Thania, en la tenant dans mes bras et en savourant chaque moment passé ensemble. Tout aurait si beau et si différent. Je fermai les yeux et finis par m'assoupir. Je sentais que la nuit tombait déjà, mon corps frissonnait et le vent froid commençait à m'assaillir cependant je ne voulais pas bouger. Je me sentais si bien au milieu d'un paysage si apaisant. Mon corps se souleva doucement et retomba lentement sur quelque chose de bien plus doux que le tronc de l'arbre. Ma tête était posé comme sur une sorte de coussin et mon corps reposait sur quelque chose de bien plus délicat, quelque chose ou... Quelqu'un. Je souris légèrement et lâcha seulement quelques mots :
- " On y est. Ta nouvelle vie est là, dis-je le yeux toujours fermés.
- On y est arrivés grâce à toi. Je n'aurais jamais sauté dans le portail si tu ne serais pas venu, j'avais juste peur que tu ne passes pas, me dit Olivia en passant ses bras autour de moi pour me réchauffer.
- Pourquoi ? Tu aurais pu y aller sans moi, demandai-je.
- O... Oui mais je... Je... Enfin voilà quoi, j'avais... J'avais envie de te... De te dire à quel point je voulais aller à Arkania donc il fallait que tu sois là ! S'empressa-t-elle de dire.
- Tu es sûre que c'est la seule raison ? Fis-je exprès.
- Arrête de parler tu veux ! Regarde plutôt le village là-bas, il est magnifique. On dirait un repaire de lucioles, comme si la vallée était en feu. C'est vraiment beau, fit-elle émerveillée.
- Oui, absolument." Répondis-je simplement en souriant.
Elle posa son menton sur ma tête et soupira légèrement en rigolant doucement. Elle appuya ma tête contre sa poitrine et soupira en regardant la vue. Je levai la tête et croisai son regard brillant en l'espace d'un instant, une sorte d'idée me traversa l'esprit. Je me repris aussitôt et fronça les sourcils en regardant de nouveau la vallée. Pendant l'espace d'un instant j'avais voulu... J'avais voulu l'embrasser. Je ne savais pas pourquoi et je ne pouvais pas le nier. Seulement, je ne pouvais pas le faire. La fille que j'aimais venait de mourir, ça aurait fait de moi le plus grand des cons. Je finis par apprendre un quart d'heure plus tard que ça faisait plus d'une semaine que je dormais. J'étais en quelque sorte dans le coma depuis un moment. Alors j'imagine que Delsin a enterré Thania quelque part derrière la maison. Je continuai de regarder la vue quand le ciel s'obscurcit tout à coup avant de s'illuminer. Un spectacle à couper le souffle. Il n'y avait pas de lune mais le ciel était tellement brillant et lumineux qu'il n'y en avait nul besoin. Le ciel avait pris une teinte rose, bleu et verte. C'était une sorte d'aurore boréale à travers les nuages. Les étoiles étaient bien plus visibles que celles de la terre, c'était peut-être pour ça qu'il n'y avait pas besoin de plus de lumière dans le ciel. Olivia me montra une étoile qui semblait briller plus que les autres, elle était bien plus grosse et plus belle que les autres. C'était hypnotisant. Je rigolais avec elle et ne pensais plus à rien. Comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes et que je ne devais plus m'inquiéter de rien. Je sentis ses mains se resserrer sur mon corps et son étreinte devenir plus douce. Depuis quand ? Depuis quand est-ce que je ressens toutes ces choses quand je suis avec Olivia ? Ça fait tellement longtemps que je le cache comme si c'était une honte alors que je... Je ne savais juste pas ce que ça signifiait. Non, non, non ! Rien de tout ça ! Je sentis soudainement le coeur d'Olivia s'emballer, je le ressentais et je l'entendais. Sa poitrine était contre mon dos, je le ressentais. Son poul était rapide et elle avait le coeur qui battait la cham... Pourquoi le mien fait la même chose ? J'entendis les battements de Delsin qui était encore dans la maison et les siens étaient normaux. Alors ça voulait dire que... Que ce n'était que le sien et le mien ? Je fis comme si de rien était mais je sentis ses lèvres effleuraient de peu mes oreilles, me faisant frissonner de plaisir. Je déglutis et ne fis rien. Elle posa simplement sa tête dans mon cou et soudain un goutte perla sur mon cou, puis une autre et encore une autre. Olivia pleurait ? C... C'était moi !? Ma faute, encore ? Je me tournai difficilement vers elle et posai ma main sur sa joue pour essuyer ses larmes :
- " Olivia ? Qu... Qu'est-ce qu'il y a ? Demandai-je perplexe.
- R... Rien, je suis juste content d'être là, avec toi... Et Delsin. Je suis heureuse !" Fit Olivia en souriant.
Je le sentais. C'était un faux sourire et son coeur disait autre chose. Il battait si lentement que j'avais peur. Elle me sourit et me fit un énorme câlin, déversant toutes les larmes de son corps. Olivia avait donc fait un choix mais moi... Je n'avais rien fait. Je n'avais pas choisi quoique ce soit. J'étais à Arkania désormais et une nouvelle vie commençait pour moi, une nouvelle aventure et une nouvelle flamme venait de s'allumer en moi. Je n'étais pas prêt mais une chose est sûre, je ne laisserais plus quelqu'un que j'aime disparaître sous mes yeux. Olivia, je te protégerais au péril de ma vie et ça, peu importe le danger. En attendant... Bienvenue chez moi. Arkania, le royaume céleste.