Chapitre 20 : Reporté !

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J'étais fin prêt pour ce foutu voyage et cette mission à deux balles dont je ne comprenais pas bien le sens. Je devais faire quoi exactement ? Une fois qu'Haley sera arrêté, qu'est-ce qu'il me restera ? D'accord leur monde sera sauvé, mais ensuite je ferais quoi moi ? Qui plus est, ce Haley semblait être extrêmement puissant, ce n'était pas avec mes pouvoirs naissants que j'allais batte un guerrier aguerri. C'était de la folie pure ! J'avais amené Olivia avec moi, nous étions parti vers la grande plaine derrière la forêt située à côté de mon appartement. Elle était assez éloignée mais en volant c'était vraiment rapide, j'en savais quelque chose. Nous étions arrivés là-bas en moins de temps qu'il en a fallu pour le dire. J'étais si pressé de quitter cette ville, même si je laissais derrière moi beaucoup de trop de choses. Ou de gens. Je n'avais peut-être plus envie de partir, ça pourrait attendre. Je... Argh ! Ma tête me fait atrocement mal ! Le ciel commençait à tourner et je voyais tout en double et de manière floue. Une migraine affreuse me submergea, me faisant plier de douleur devant Olivia impuissante et immobile sous la peur. Je... J'avais comme des flashs, des sortes d'éclairs qui traversaient ma tête comme des lances. Je voyais des morceaux de visages ou de lieux que je ne connaissais pas. Comme si j'y étais. C'était tellement douloureux. J'avais besoin que ça cesse et que je sois fixé. Plus j'essayais de me concentrer et plus la douleur s'intensifiait, je sentais les veines latérales de mon front en train de gonfler. Comme-ci elles étaient prêtes à exploser au moindre mouvement. Je fis une sorte d'arrêt forcé et me vis avec Delsin. Je lui parlais, il avait Thania dans les bras et elle semblait évanouie. Argh ma tête ! Je... Je voyais une sorte de grotte dans laquelle je me voyais entrer en trombe. Encore un flash ! O... Olivia ? C'était Olivia sur une chaise, attachée et larmoyante, entourée de... De goblins ! C'est moi ! Je me voyais, mon corps était inerte et restait immobile depuis déjà quelques minutes. Je ne me souvenais de rien à partir de ce moment, c'était le néant. Mon corps changeait, des cornes qui poussaient, mon corps qui devenait gris-noir, mes yeux d'un violet foncé et un sourire sadique. Mes ailes ne ressemblaient pas du tout à celles que j'avais l'habitude d'avoir. J'étais semblable à... À Haley ! J'avais tout l'air d'un démon, j'étais en train de tous les déchiqueter et les couper. Tout ça avec une main. C'était affreux ! Un spectacle digne d'un film d'horreur nominé aux Oscars. J'entendis alors des voix qui venaient d'une sorte de porte. J'entendis la mienne et celle d'un inconnu. Sa voix était grave et digne de celle d'un démon. J'ouvris alors la porte et me vis, agenouillé devant une sorte d'ombre démoniaque :
- " Tu es prêt à donner une partie de ta mémoire et de ton humanité, uniquement pour sauver cette vampire ? Fit la voix.
- Donne moi le pouvoir dont j'ai besoin ! Vite... Je t'en prie, répondis-je à demi-mort.
- Ne viens pas te plaindre plus tard ! Hahaha" rigola le démon.
Tout s'arrêta et je revins à moi, voyant Olivia près de moi. Elle semblait inquiète et tenait ma tête entre ses mains toutes fines :
- "C... Caleb ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Demanda Olivia.
- J... Je me souviens ! Je me souviens de tout ! De la nuit où tu avais été enlevée par les chasseurs, le moment où j'ai... J'ai perdu le contrôle, je me suis vu. J'étais un... Un démon ! Fis-je en pleurant.
- T... Tu te souviens de tout ? Me demanda Olivia en rougissant.
- O... Oui je... Je crois, il y a encore des trous de mémoire que je n'arrive pas à combler, dis-je en détournant la tête pour ne pas la gêner.
- T... Tu te souviendras vite ! Ne t'en fais pas" me répondit-elle en souriant.
Je comprenais mieux d'où venait ce sentiment de désintéressement et cette attitude contradictoire à mes habitudes. Je devais aller m'excuser auprès de Delsin, je n'aurais pas dû faire ça. Je ne pouvais compter que sur lui pour rejoindre Arkania, je devais me reprendre. Tout ça n'était donc qu'un effet secondaire de mon excès de pouvoir démoniaque. Bonjour l'organisation. J'expliquai rapidement la situation à Olivia qui semblait déçue de ne pas pouvoir partir en voyage tout de suite. Je partis donc en direction du lycée, j'avais laissé Olivia chez moi le temps de retrouver Delsin. Même si ce n'était visiblement pas le temps qu'il nous manquait, je devais me dépêcher de le trouver pour partir. Je n'aurais donc pas eu la chance de pouvoir m'entraîner davantage, ce sera dur de parcourir autant de distance en volant. Je me demande si on pourra se reposer sur des nuages. Ça ne m'étonnerait pas. J'arrivai enfin au lycée, il était déjà midi et le soleil était à son zénith. Les rayons généreux et chaleureux de cette étoile, traversaient ma peau et la caressaient d'une main douce et apaisante. Le vent soufflait en continu et rafraîchissait mon corps, les nuages m'offraient des parcelles d'ombre pour m'y abriter et les feuilles des arbres qui se balançaient, dansaient pour moi. Au milieu d'un spectacle aussi chargé de vibrations, je la vis marcher au milieu de cette cour pavée, entourée d'herbe fraîchement arrosée. Je voyais ses longues jambes dessinées dans son jean gris, surmonté de ses bottes noires. Elle arborait avec élégance son débardeur blanc, son sac sur une épaule et sa veste dans ses mains, elle semblait quelque peu perdue. Elle toucha délicatement le bout de ses lunettes et porta involontairement son regard sur moi. Elle tourna la tête puis revint immédiatement. Elle sourit bêtement avant de rougir et de s'avancer vers moi. J'étais là, je ne pouvais pas bouger, c'était comme me demander de fuir une des merveilles du monde. Comme tout homme curieux de tout paysage et assoiffé de plaisir visuel, je ne pouvais détacher mon regard d'une aussi belle créature. J'étais scotché à son image, comme si le monde tournait au ralenti et que nous n'étions plus que deux, le reste n'avait plus d'importance. Je consacrais tout mes sens à l'affût d'un détail pouvant raviver mon coeur et redonner au démon que j'étais devenu un peu d'humanité, quand soudain mes yeux s'attardèrent sur ses lèvres. Ses lèvres que j'avais tant convoitées et qui avaient été miennes à tant de reprises. Cet objet de tentation continu, qui ne cessait de m'attirer et de me faire vibrer. Un artefact digne d'une reine, pouvant mettre à genoux toute créature, dont je faisais évidemment partie. C'était comme si elle dégageait un charisme comme les vampires, capable de vous contrôler en un rien de temps, de vous faire faire n'importe quoi par un simple sourire. J'étais ce fou suspendu aux lèvres de sa belle, cherchant juste à avoir son amour et un baiser. Elle s'approcha et me prit dans ses bras en me serrant comme si c'était la première fois qu'elle me voyait. Elle avait l'air si heureuse de me voir :
- " Oh Caleb, je suis vraiment contente de te voir enfin ! Je me demandais où t'étais passé depuis ce matin, fit Thania en souriant.
- J... J'avais des choses à régler. Écoute Thania je... Je vais partir, dis-je la gorge serrée.
- Tu vas encore partir pour New-York c'est ça ? Alors cette fois je viens avec toi, il est hors de question que tu y ailles sans moi, rigola-t-elle.
- N... Non je vais partir pour de bon. Je ne reviendrais pas... Cette fois. Si je le pouvais je t'aurais emmené avec moi, crois moi, mais je ne peux vraiment pas. Tout t'expliquer me prendrait beaucoup trop de temps et je n'en dispose pas, expliquai-je en ayant le coeur noué.
- Alors tu vas juste partir ? Me laisser là et m'abandonner ? Je... Je n'y crois pas. Tu as... Tu as trouvé quelqu'un d'autre n'est-ce pas ? Fit-elle les larmes aux yeux.
- Non ! Crois moi, personne n'est assez extraordinaire pour te remplacer. Je t'aime et ça, c'est la seule chose dont je sois sûr en ce moment mais je ne peux plus rester ici à cause de certains problèmes. Vraiment, j'aurais aimé tout te dire mais c'est bien trop compliqué pour toi et je... Je ne voudrais pas que tu sois mêlé à tous mes problèmes, répondis-je.
- Mais moi je veux ! Je veux qu'on partage tout ce qu'on a, tout ce qu'on aura, que tu me parles et que tu me fasses confiance. Si tu m'aimes alors reste, je t'en prie, supplia Thania toute larmoyante.
- Je t'aime." Lâchai-je en me détachant d'elle.
Je ne devais pas me retourner, c'était la seule solution. Je posai ma main sur sa joue et l'embrassai plus passionnément que jamais. Je voulais qu'elle sache que c'était elle que j'aimais et que ce n'était pas une amourette. J'avais cultivé cette amour depuis ma plus tendre enfance, le jour où je l'avais croisé dans sa petite robe bleu et noire au parc. Elle était là, seule et souriante à jouer dans le bac à sable, elle discutait toute seule parce qu'elle n'avait pas d'amis et moi j'étais là, juste à côté, à admirer la façon dont elle réussissait à s'amuser sans personne et à être aussi débrouillarde. Quand j'ai su qu'on serait dans la même classe, j'ai commencé à vouloir me rapprocher mais je n'y arrivais pas, j'étais bien trop timide pour ça. Le fait que je m'intéresse autant à elle a fait naître en moi des sentiments, quand j'ai commencé à découvrir quelle genre de personne c'était. Une fille, belle et intelligente, toujours attentive et ouverte au monde qui l'entourait. Aussi loin que je me souviennes, je l'avais toujours vu sourire, c'était pour moi une source de bonheur. Elle me serra alors contre elle, comme pour me retenir et je sentais les perles salées qui coulaient de ses joues, venir mourir sur mes lèvres. J'étais aussi triste qu'elle mais je ne devais pas flancher si je voulais avoir le dessus, sur mon amour. Je comprends à présent ce que ressentes les héros de film qui doivent tout quitter pour aller sauver le monde. Si c'était ça, être un héros, j'aurais préféré être un humain comme les autres. Je retirai délicatement mes mains et sans un regard je partis en direction du bâtiment 4-B, le principal. La classe de Delsin se trouvait au bout du couloir. J'avais mal et rien ne pouvait me soulager, la douleur était telle que je ne parvenais même pas à contrôler mon souffle et ma respiration, mes yeux étaient remplis de larmes qui n'attendaient qu'un battement de cil pour tomber. Je voyais flou et mon coeur se pinçait comme si un couteau s'y était enfoncé, si profondément qu'il le touchait du bout de la lame. C'était ça l'amour alors, ça faisait un mal de chien ce truc. Mince, j'aurais préféré me battre contre cent démons plutôt que de faire ça, c'était tellement douloureux. J'ouvris les portes du bâtiment et marchai d'un pas décidé vers la classe de Delsin, la porte était ouverte. J'entrai et fermaibla porte en un clin d'oeil. Delsin était sur son bureau à feuilleter de vieux livres d'histoire et des copies d'élèves. Il tenait sa tête entre ses mains et sursauta lorsque la porte se ferma. Il se leva de sa chaise et fronça les sourcils dans ma direction, il avait pas l'air d'être de bonne humeur. Je pense que j'aurais dû venir plus tôt pour m'excuser :
- " Tiens t'es encore là, Superman ? Fit-il sarcastiquement.
- Recommence pas à m'énerver enflure, répondis-je en allant m'asseoir sur une des tables de la salle.
- Tu viens encore me reprocher des choses ou bien t'es là pour me tuer ? Lâcha-t-il en s'asseyant de nouveau.
- Te tuer serait une perte de temps et une tâche bien trop salissante pour moi. J'ai mieux que ça, fis-je simplement.
- Vas-y je t'écoute, répondit Delsin.
- Je viens m'excuser, j'étais encore sous l'emprise du démon et du pouvoir qui m'avait été conféré. Je ne te reproche rien et j'aimerais que tu viennes avec moi pour entamer le voyage vers Arkania, sans toi je pourrais pas y arriver, demandais-je.
- Tiens tiens. Mr. Muscle a besoin de mon aide ? Laisse moi réfléchir deux minutes.
- Arrête de faire l'enfant, tu veux et donne moi une réponse claire, j'ai pas de temps à perdre, ordonnai-je avec une pointe d'humour.
- Bien. J'accepte, il faut dire que j'avais été surpris de te voir et puis j'ai compris que ton voyage avait été reporté et qu'il te fallait quelque chose ou... Quelqu'un, souria-t-il.
- Je t'aurais au moins trouvé une utilité, sois content. Bien, je suis prêt à partir. En route pour Arkania" fis-je en sautant de la table. Mon appartement, le lycée de Glass Town High School, Rocket ( qui en passant, avait été confié à la dame de la boulangerie, elle et son mari sont des gens biens, je n'ai pas peur de leur laisser Rocket ), ma ville et surtout... Thania. Je laissais tout ça derrière moi, pour plonger tête la première dans un monde dont je ne connaissais absolument rien, pour aller arrêter un démon schizophréne, qui se prend pour Napoléon Bonaparte, qui a sûrement une centaine d'années d'expérience en combat et en guerre, de plus que moi. Ça allait être un bon gros merdier toute cette aventure. Je sais pas vous mais je ne la sentais pas, toute cette histoire allait mal finir, qui plus est j'avais... J'avais un mauvais pressentiment. Comme si quelque chose de terrible allait arriver et dans très peu de temps, j'espère juste que ce n'est qu'une impression. Oui c'est ça. Une impression. Mon voyage a simplement été reporté

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