Le trajet s'est déroulé dans le noir et le silence. L'idée de briser la vitre m'a effleurée l'esprit, mais je suis bien vite revenue sur Terre : même si j'y arrivais, la vitesse à laquelle la voiture circule dans les rues montréalaises est beaucoup trop élevée et ne ferait que m'octroyer une mort immédiate et douloureuse. Non, je n'ai aucune chance de m'enfuir pour l'instant. J'aurai davantage de possibilités lorsque nous serons arrivés à destination.
Étrangement, Spenter n'a fait aucun effort pour me faire inspirer du chloroforme ou m'assommer. Je ne suis même pas attachée ni bâillonnée. Cependant, l'air commence à me manquer ici. Le coffre arrière d'une voiture est relativement... Clos. L'oxygène y est comprimé et il fait chaud. Terriblement chaud. Un mince filet de sueur recouvre mon visage et j'ai du retirer ma veste, ne me laissant que mon débardeur pourpre sur le dos. Assise, je réfléchis à ce que je ferai lorsque quelqu'un ouvrira enfin la stupide porte du coffre. Les différents scénarios dans lesquels je m'enfuis sont rapidement délaissés par mes pensées, qui immigrent vers Hailey, ma petite fille. Je ne serais pas capable de vivre sans elle, s'il venait à lui arriver quelque chose. Je ne veux pas qu'elle soit traumatisée... Je refuse qu'elle grandisse avec le malheureux souvenir d'un jour lugubre où elle est restée plus de vingt-quatre heures avec un homme qu'elle ne connaissait pas. Oh mon dieu... Et si elle pensait que James et moi l'avions abandonnée ? Qu'elle n'était plus désirée, que nous ne l'aimions plus ?
Rien qu'y songer me tord le cœur, me ronge l'estomac et me provoque des sueurs froides. Je souffle longuement et lentement, cherchant à me rassurer. Je ne m'en sortirai jamais si je commence à paniquer maintenant. Surtout si je dois retrouver Hailey. Elle doit déjà tellement être stressée et apeurée que je m'interdis totalement de lui transmettre mon angoisse par dessus le marché.
Je suis coupée de mes idées noires par l'arrêt brutal de la voiture, ce qui me vaut un joli face à face avec la surface dure du coffret de l'automobile. Je gémis, mon front ayant percuté avec douleur la voiture. Je perçois le son du conducteur couper le contact, descendre de la voiture et refermer la portière avec violence. Une violence telle que toute la voiture tremble sous l'impact. Je me recroqueville sur moi-même, me sentant soudain totalement dénuée de toute forme de courage.
La panique s'empare de moi et ma respiration s'accélère à mesure que les pas de Spenter se rapprochent du coffre dans lequel je suis enfermée. J'ai tellement peur. Une peur poignante qui m'imobilise et qui paralyse mes membres. Une peur qui vient me soulever l'estomac et qui me provoque de puissantes nausées. Des bribes brèves et vives de ma séquestration défilent devant mes yeux et j'ai beau fermer les paupières, c'est comme si les images y étaient tatouées en dessous. Des tremblements prennent possession de mes mains et de mes jambes lorsque la portière du coffre de la voiture s'ouvre lentement. Le temps s'étire et les secondes semblent durer des minutes.
L'angoisse qui me tiraille l'esprit et qui comprime ma tête m'est insupportable. De plus, la chaleur qui règne ne m'aide pas à mieux respirer. Au moment où le coffre est entièrement ouvert, une bouffée d'air frais vient effleurer mon visage, soulageant ma peau brûlante. Néanmoins, j'ai peu de temps pour me réjouir car quand je lève la tête, seuls deux yeux bleus que je ne connais que trop bien s'arriment aux miens et ne les quittent plus. Mes poils se hérissent et mon ventre se contracte.
J'ai peur.
Le regard fou, Spenter m'attrape fermement le bras et m'extirpe avec violence du coffre. Je me retrouve propulsée dans l'air et je retombe mollement sur le sol d'asphalte, des petites pierres m'érafflant les bras et le haut du dos. Je grimace alors que Spenter referme le coffre et s'avance vers moi. Sa main enveloppe ma chevelure avant de tirer d'un coup sec dessus, me soutirant un gémissement guttural. Sa poigne marquée d'une impatience non contenue s'intensifie et il me traîne comme un vulgaire déchet. Finalement, Spenter me soulève et me jette sur son épaule. Malgré ma position, j'arrive tout de même à lever la tête et je parcours l'environnement du regard à la recherche d'indices qui pourraient m'indiquer où je suis. Malheureusement, je ne reconnais pas la rue. Soudain, une idée traverse mon esprit.
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Le temps d'une vie - Tome 2
Romance// EN COURS // SUITE DE "LES EMBÛCHES DE L'AMOUR" Alors que Lucy remontait difficilement la pente suite à sa séquestration traumatisante, l'annonce de sa grossesse bouleverse tout son être déjà bien chamboulé. En plein coeur d'un cruel dilemme, la...