Damien et moi nous précipitons à l'extérieur de mon appartement, ne prenant même pas la peine de saisir nos vestes. Nous entrons dans sa voiture et Damien démarre au quart de tour, s'insinuant dans la circulation de Montréal. Mes mains tremblent, alors que mon palpitant s'excite dangereusement contre ma cage thoracique. Je bouge frénétiquement ma jambe et me ronge le frein, terriblement inquiet pour Lucy. Je demande à Damien :
- T'as eu plus de précisions au téléphone ?
- Nope. Le médecin m'a simplement dit qu'elle avait tenté de se suicider en avalant une grande quantité de médicaments.
- Putain...
Je donne un violent coup de poing sur le pare-brise, jurant contre mon ex. Lucy n'est plus seule. Elle ne peut absolument pas prendre des décisions irréfléchies et égoïstes comme celles-là, surtout depuis qu'elle porte notre enfant dans son ventre. Oui, j'ai carrément déconné, mais ça n'empêche en rien le fait que ce bébé qui grandit en elle est également le mien, et que Lucy n'a pas le droit de m'enlever la possibilité d'être père.
(Elle n'a pas le droit...)
- Hum... James, tu me disais un truc, tantôt. Avant que mon cell sonne. C'était quoi ?
Je pose mon coude sur le bord de la fenêtre, frottant mes temps à l'aide de mon pouce et de mon majeur afin de faire passer mon début de migraine. Je réponds :
- On s'est disputé et je l'ai comparée à mon ex. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais mon ex m'avait longuement menti. Je déteste les mensonges. Et, j'ai pété un câble. Impulsivement, j'ai insulté Lucy et je lui ai dis que c'était terminé. Au final, elle est partie...
Je peux entendre Damien inspirer, comme pour se calmer. Seulement, le policier n'a pas le temps de répondre que le feu rouge change au vert. Après quelques interminables minutes de trajet dans un silence morbide, nous arrivons enfin devant l'hôpital. Je me hisse hors de l'habitacle et, talonné par Damien, je pénètre dans le bâtiment, me dirigeant vers la réception. Je n'ai pas le temps de dire un seul mot que Damien anticipe mon agressivité envers la secrétaire en glissant son badge de policier sur le comptoir.
- J'aimerais avoir le numéro de la chambre de Lucy Gauthier, s'il vous plaît. J'ai quelques questions à lui poser.
- Hum... Je suis désolée, mais je ne peux vous laisser passer étant donné que les heures de visite sont terminées. À moins que vous ayez un mandat.
- Non. Mais vous pouvez appeller mon chef de district, Paul Boileau. Il vous affirmera que je suis bien autorisé à rendre visite à Mme Gauthier.
- Très bien, alors c'est la chambre 47. Et le jeune homme ?
- Merci Mme !!
Sans attendre, je me précipite dans le corridor, parcourant des yeux les portes se succèdant l'une après l'autre. Lorsque j'arrive enfin à la porte 47, un homme en blouse blanche en sort justement. Grand brun aux yeux noisettes, le toubib m'observe en fronçant les sourcils.
- Vous devez être James, le conjoint de Mme Gauthier ?
- Exactement. Comment va-t-elle ?
- Eh bien... Après plusieurs vérifications, le taux d'alcool et de médication dans son sang démontre que Mme Gauthier a bel et bien tenté de s'enlever la vie. Heureusement, sa voisine a entendu un bruit sourd provenant de son appartement. Elle a très bien agis en appelant directement les secours, ne pouvant pénétrer dans la maison. Quelques minutes de plus et Mme Gauthier ainsi que le fœtus ne survivaient pas.
- Donc, le bébé et Lucy vont bien ? dis-je.
- Normalement oui. Nous avons procédé à un lavage gastrique par tube afin de nettoyer l'organisme de Mme Gauthier de toute trace d'alcool et de médicaments. Mme est actuellement hors de danger, mais elle se repose dans la chambre. Quant au fœtus, il semble bien se porter pour l'instant, mais je vais tout de même devoir effectuer une échographie afin d'être certain qu'il est sorti d'affaire, ou qu'aucune anomalie ne se développera en conséquence. D'ailleurs, je suis dans l'obligation de vous demander si vous souhaiter que Mme Gauthier consulte un psychologue. Les tentatives de suicide cachent toujours de douloureuses plaies derrière...
- Elle voit déjà un psychologue dû à des problèmes personnels. Je veillerai à ce qu'elle se porte mieux.
Je m'étonne moi-même du semblant de sagesse qui résonne dans mes paroles. Le médecin hoche la tête en souriant finement, nous souhaitant une bonne soirée, avant de s'éclipser. Après un regard vers Damien, qui compose un numéro sur son portable, je pose ma main sur la poignée de porte et l'ouvre. Mes yeux bleu océan tombent sur le corps étendu de Lucy, sur le lit. Je m'approche d'un rythme lent, silencieusement afin de ne pas la sortir de son sommeil. Je sais qu'elle a besoin de se reposer, malgré que l'envie dévorante de la réveiller pour lui poser toutes mes questions sans réponses me ronge. Je m'assois sur la chaise qui se trouve aux côtés du lit, observant ma belle endormie. Je prends délicatement sa petite main froide dans la mienne, essayant de ne pas accrocher l'aiguille qui est plantée dans sa peau. À ce moment, Damien pénètre dans la chambre de Lucy. Il me sourit faiblement avant d'aller caresser doucement de son pouce la joue de Lucy. Damien s'affale ensuite sur un des sièges qui jouxte le lit avant de soupirer bruyamment en contemplant le visage de ma poupée. Je demande alors :
- Tu vas pas t'attirer des problèmes en ayant menti à la secrétaire ?
- Non. Je viens d'appeler mon boss. Il sait que je dis jamais rien pour rien, alors quand la réceptionniste à téléphoné, mon boss m'a défendu. Toute façon, il me doit plusieurs chandelles.
- Comment ça ?
- Disons que je lui ai plusieurs fois sauvé la vie.
Je hoche la tête, me sentant tout à coup coupable. Si je n'avais pas réagis aussi impulsivement, Lucy ne serait pas dans ce lit, après avoir frôlé de près la mort. Très près. Trop près. La voix grave de Damien me sort de mes sombres songes :
- Dans l'auto, tu m'as dis que tu l'avais comparé à ton ex... Tu m'expliques mieux ?
Un frisson glacial me parcourt l'échine lorsque l'image de Alison surgit dans mon esprit. Je jette un regard vers Damien, qui m'observe attentivement, attendant probablement une réponse à sa question. Seulement, je n'ai aucunement la force de répondre. Je n'ai littéralement plus de forces, en fait. Je suis épuisé et les récents événements viennent de brûler ma dernière dose d'énergie.
Je regrette beaucoup mes paroles envers Lucy, mais n'est-elle pas autant coupable que moi, d'avoir persisté à mentir ? Ou d'avoir bu de l'alcool en toute conscience de sa grossesse ? Pourquoi a-t-elle songé au suicide, alors qu'un petit être grandit dans son ventre ? La simple pensée que Lucy ne serait plus de ce monde me peine et me comprime douloureusement le coeur...
- Alors ?
Je soupire avant de dire :
- Écoute Damien, je n'ai pas la force d'en parler pour l'instant. Je veux juste... Qu'elle se réveille. Elle me manque... Et je l'aime.
Une petite pression sur ma main me redresse complètement et je fixe Lucy, dont les paupières s'ouvrent lentement, papillonnant légèrement dû à la clarté de la pièce.
- James ?
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Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a pluuu ❤️
Luv
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Le temps d'une vie - Tome 2
Romance// EN COURS // SUITE DE "LES EMBÛCHES DE L'AMOUR" Alors que Lucy remontait difficilement la pente suite à sa séquestration traumatisante, l'annonce de sa grossesse bouleverse tout son être déjà bien chamboulé. En plein coeur d'un cruel dilemme, la...