Le temps d'une vie - Tome 2

27. Panique

~~ PDV Lucy ~~

Je me tourne les pouces, seule, dans cette chambre dénudée de vie et de couleurs. La fenêtre et le beau temps dehors me font de l'œil et je ne rêve que d'une chose, passer le reste de la semaine au plus vite afin de retrouver mon chez moi et ma chambre beaucoup plus chaleureuse que cet endroit froid. Tout à coup, des pas précipités résonnent dans le couloir devant ma porte et je fronce les sourcils en regardant l'heure qu'indique l'horloge. Ça fait à peine dix minutes, voir quinze que James est parti chercher Hailey... Pourquoi revenir aussi précipitemment ?

La porte s'ouvre à la volée sur un James couvert de sueur, la mine grave et ravagée par l'inquiétude. Les seuls mots qui sortent de sa bouche sont les suivants :

— Je... Je suis désolé, Lucy...

Après quoi, mon homme fond en larmes et s'appuie contre le cadre de porte. Baignant dans l'incompréhension, je me redresse et m'extirpe hors du lit afin de m'approcher de James qui se comprime fortement la tête. Je pose ma main sur son épaule et glisse mes doigts sous son menton que je relève afin qu'il me regarde. Ses yeux bleus larmoyants me percutent et un profond sentiment d'angoisse me tord les tripes et m'assèche la bouche.

— James, qu'est-ce qu'il se passe ? Parle-moi...

— Je... Je peux pas y croire... Non bordel, c'est pas possible !!

James écrase brutalement son poing contre le mur qui tremble sous l'impact. Je sursaute face à la violence de mon conjoint, la légère panique que je ressentais tout à l'heure s'accentuant considérablement, et mes mains se mettent à trembler.

— James... Où est Hailey ? demandé-je, les dents serrées.

Mais James ne me répond pas et se contente de tourner en rond tel un lion en cage, se terrant dans un mutisme insupportable. À bout de nerfs et au paroxysme de l'angoisse, j'agrippe le bras de mon conjoint et articule plus fermement :

— Où est notre fille, James Harvey ?

Au moment où les yeux de James croisent les miens, une lueur de détresse éclate dans ses jolies prunelles bleues et je comprends qu'il s'est passé quelque chose de très grave. James s'écroule sur le sol et des larmes perlent au coin de ses yeux alors qu'il reste à genoux. Je m'abaisse à son niveau et prends son visage en coupe pour le forcer à me regarder.

— Notre fille a été kidnappée.

Son souffle fut bref et s'est insinué dans mon conduit auditif sournoisement, tel un murmure gorgé de poison mortel. Ma respiration se coupe et quelque chose explose en moi, libérant une multitude de petits couteaux qui mitraillent mon corps entier crispé sous la douleur. Mon cerveau semble arrêter de fonctionner et je n'arrive plus à réfléchir correctement. En état de panique, je ne sais quelle décision prendre, ni comment réagir face à cette nouvelle qui m'alarme énormément. Le visage fourbe et pervers de Spenter se matérialise devant mes yeux et je suis convaincue qu'il s'agit de lui.

Il ne peut en être autrement. Je me sens terriblement nauséeuse et je me laisse tomber dans les bras de James, qui me serrent fortement contre son torse. Il niche sa tête dans mon cou et des gouttes humides s'écrasent dans mes cheveux. Nous sommes restés quelques minutes dans cette position, avant que je ne réalise que Hailey est en danger de mort.

Je m'extirpe avec vitesse des bras de mon amoureux pour me précipiter sur mon portable. Je compose fébrilement le numéro de téléphone de Damien. Les tonalités résonnent, sans pour autant que mon frère de réponde.

— Merde !! Damien, répond !!

Soudain, la porte de la chambre d'hôpital s'ouvre sur mon frangin, justement.

— Hello les am-

Damien perd immédiatement son sourire en percevant nos larmes et nos mines défaites.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Spenter a kidnappé Hailey, lâché-je en reposant mon portable sur le lit.

Damien écarquille les yeux et se munit de son téléphone à son tour, pianotant rapidement sur les touches.

— Ok, c'est une espèce de grosse urgence. J'appelle des gars et ils vont patrouiller le secteur, la ville entière si il faut !

Je lâche un soupir et me masse le front, la migraine me guettant et l'inquiétude me foudroyant. Mon frère s'approche de moi et pose ses mains sur mes épaules qu'il frictionne rapidement.

— On va la retrouver saine et sauve, d'accord frangine ?

Les larmes envahissent mes joues alors que je hoche péniblement la tête, me laissant aller dans les bras de mon grand frère. Son étreinte ne dure que quelques secondes avant qu'il ne dépose un bisou sur le haut et de ma tête et quitte la pièce, non sans poser une main qui se veut rassurante sur l'épaule de James. Lorsque la porte se referme derrière Damien, la pièce est encombrée d'un silence pesant, que ni James ni moi ne savons combler. Je renifle et me laisse choir sur le lit d'hôpital, avant que mon amoureux me rejoigne et se pose à mes côtes.

Je me blottis sans attendre au creux des bras de James, qui m'encerclent et me serrent fort contre son torse. Sa main caresse lentement mes cheveux et je peux entendre son cœur débattre à une une vitesse folle.

Ma petite Hailey... Mon bébé, nous te retrouverons.

• • •

J'enfourne la dernière bouchée de mon repas avant de repousser l'assiette et de laisser mon dos s'étendre sur le lit. Damien est parti depuis quelques heures et me donne des nouvelles le plus souvent qu'il peut. Nouvelles qui s'avèrent mauvaises étant donné que malgré tous les efforts des forces de police, personne n'a encore retrouvé Hailey. Des coups résonnent à la porte avant qu'un infirmier ne s'introduise dans ma chambre, me saluant d'un sourire poli. Je le lui rends tant bien que mal même si je n'ai pas du tout le cœur à être souriante.

Les secondes s'écoulent comme des minutes, les minutes comme des heures. Le temps passe et l'aiguille de l'horloge en face de moi avance dangereusement. Hailey est entre les mains de ce psychopathe et je suis actuellement impuissante. Je ne peux littéralement rien faire pour ne serait-ce que contribuer à la retrouver et ça me rend malade.

La nuit est déjà tombée et James est parti prendre une douche à la maison et se changer. Il devrait revenir bientôt. Soudain, une vibration provenant de mon portable se fait ressentir et je m'en empare avec précipitation, persuadée qu'il s'agit de Damien qui m'apporte enfin de bonnes nouvelles. Je fronce les sourcils lorsque je constate que j'ai effectivement reçu un nouveau message, mais que le numéro est masqué.

"Là où tout a commencé"

Là où tout a commencé ? Mais qu'est-ce que ça veut dire ?

Je plisse les yeux, complètement immergée dans mes plus profonds souvenirs. Je n'ai aucun doute face à l'identité de l'auteur de ce message. C'est Spenter, sans aucun doute. Ah oui, la première fois que j'ai vu Spenter, c'était devant mon ancien appartement. C'est là que l'enfer avait commencé : il nous avait soi-disant croisé par pur hasard. Décidée à en finir une bonne fois pour toute avec cette histoire tordue et souhaitant récupérer ma fille, je décide de me lever et d'enfiler mes chaussures. Je me saisis d'un mouchoir et d'un crayon qui traînait dans mon sac pour prévenir James de mes intentions.

Doucement pour éviter d'alerter les deux policiers postés devant la porte de ma chambre, j'ouvre la fenêtre et me faufile à l'extérieur. Bon, prochaine étape : me rendre devant mon ancien appartement.

• • •

Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a pluuu !
Luv