c h a p i t r e IV

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          41 vues ! Merci pour les votes, ça m'a fait vraiment plaisir, tout de suite un nouveau chapitre, après celui-ci je n'en ai pas d'avance donc l'attente sera plus longue. Ça pourra aller d'une semaine à un mois en général, voilà voilà :)

***

         Je suis avec Jewelry et Shoyo au pied d'un petit bateau en bois. Celui-ci est minuscule par rapport aux autres navires qui sont amarrés au port d'Odaya.
Après m'avoir demandé d'intégrer son équipage, Jewelry s'est faite frapper par Shoyo violemment et une nouvelle bagarre a éclaté entre les deux. Je ne lui ai donc pas répondu, mais cela ne veut pas dire que je n'y réfléchis pas.
Prendre le large est la meilleure manière de trouver les réponses à toutes mes questions, mais avec Jewelry est-ce vraiment une bonne idée ? J'en doute, à première vue c'est une jeune fille pleine de vie, plus jeune que Shoyo et moi, à l'estomac insatiable. Une gloutonne en fait (ce serait un bon surnom d'ailleurs).

"Emma, dis à Shoyo de fermer sa gueule il pollue l'air en ouvrant sa bouche, Jewelry m'interrompt dans mes pensées avec une remarque très constructive.

- Shoyo ferme ta bouche, en m'entendant le roux tire la gueule et part s'assoir dans son coin en boudant (comme il sait si bien le faire).

Le port est animé mais la partie où l'embarcation de Jewelry est amarrée est plus calme car plus éloignée, ainsi les deux énergumènes peuvent se disputer sans déranger le reste de la population.

- Du coup t'as réfléchi à ma proposition ? Celle aux cheveux roses s'adresse à moi, ses yeux grands ouverts me fixent intensément.

- Je-je sais pas vraiment quoi te répondre en fait, on ne se connait même pas (argument inutile puisque je ne connais littéralement personne dans ce monde) et je vois pas en quoi je pourrais t'être utile sur un bateau, j'avais jamais pris la mer avant une semaine ...

- Pas grave, tout s'apprend dans ce monde, il suffit de réunir les bons compagnons, en plus Shoyo sait naviguer, y'a plus qu'à l'embarquer et le tour est joué, rassurée ?

- Pas vraiment.

- OY QUI T'A DIT QUE JE VOULAIS MONTER SUR TON RADEAU ??!

- C'EST PAS UN RADEAU C'EST UN MAGNIFIQUE BATEAU, MAIS T'ES TROP VIEUX POUR LE VOIR !

- RÉPÈTE UN PEU POUR VOIR ?!

- J'AI DIT QUE T'ÉTAIS VIEUX EN PLUS T'ES SOURD ?!

J'ignore cette nouvelle dispute qui éclate entre les deux et préfère monter sur ce que Shoyo appelle le "vieux radeau pourri" pour mieux me faire un avis. Il est vrai qu'il n'est pas très grand et j'ai du mal à imaginer trois personnes vivant actuellement dessus, chevauchant les mers à la recherche d'aventures. On dirait plutôt qu'il est prêt pour la pêche, et encore, un maquereau pourrait le renverser d'un coup de nageoire. 
En entrant dans la cabine, je peux voir une petite cuisine ainsi qu'un hamac et deux portes : une chambre et une salle de bain (si on peut vraiment appeler ça comme ça). Sur la fragile table en bois, sans doute rongée par les termites, j'aperçois alors un drôle de drap. Je l'attrape et le déplie pour mieux l'observer. Dessus je suis surprise de trouver une tête de mort avec une perruque rose. C'est assez bizarre, le dessin n'est pas très bien fait et plutôt brouillon. La peinture a pas mal bavé et on distingue difficilement les contours du squelette qui me font penser à une pizza.
Je sors finalement du "vieux radeau pourri" pour retrouver Shoyo et une petite fille en train de se battre.
Je cligne des yeux et à la place de l'enfant à la chevelure rose se tient Jewelry. C'est mon imagination, seulement mon imagination qui me joue des tours. Je secoue la tête et reprend ma marche vers les deux gugusses qui ne s'arrêtent pas de crier dans tous les sens.

- Dis Jewelry c'est quoi ça ? Je la questionne et elle tourne ses yeux vers moi, délaissant totalement Shoyo qui tombe par terre.

- Ça c'est mon Jolly Roger ! Mon emblème de pirate ! Elle me dit fièrement, un large sourire débordant de ses lèvres.

- De pirate ? Tu veux être pirate ?! C'est pour ça que tu recherches des compagnons ? Je m'empresse de la questionner, mon visage doit transpirer l'étonnement et la surprise.

- Ouaip t'as tout compris, j'ai besoin de camarades pour m'accompagner dans mes aventures, je vais devenir la femme la plus forte du monde ! Et plus tard la simple vue de ce drapeau que tu tiens dans tes mains suffira à faire pisser dans leur culotte tous les mecs de la terre. Je vais devenir la reine des pirates !

Dans ses yeux je peux voir une grande détermination, Jewelry vient de me confier son rêve, son but dans la vie. Et en voyant son regard je ne doute pas qu'elle va l'accomplir, l'aider à l'atteindre serait même un honneur. Cependant je tique à la fin de sa phrase.

- Reine des pirates, roi des pirates ... Comme Trafalgar ! Je tape mon poing dans la paume de ma main en m'exclamant fortement, les deux lèvent un sourcil.

- C'est qui ça ? Je vais le buter si il pense être plus fort que moi.

- Un pirate qui m'a emmené sur cette île, maintenant que j'y pense, lui aussi avait un drôle de logo ... Comme un smiley entouré d'un gouvernail, je réfléchis essayant de me remémorer les détails du sweat du brun.

- Peu importe, je vais le buter !

- Tu peux pas buter tous les hommes que tu croises Bonney, Shoyo prend part à la conversation.

- T'inquiètes pas pour toi Shoyo, je te considère pas comme un homme.

Et une nouvelle bagarre démarre.
Je me mets alors à réfléchir, ainsi les pirates se distinguent les uns des autres par un Jolly Roger à l'apparence différente. Un smiley bizarre pour Trafalgar, une tête de mort aux cheveux roses (et d'autres trucs que je n'arrive pas à distinguer) pour Jewelry. Chacun a un signe qui le distingue des autres et montre son appartenance à un équipage. C'est plutôt intelligent et très esthétique, pas du genre des pirates en fait. "Dans mon monde" les pirates n'avaient pas ce genre de détails sur leur drapeau, c'était juste une tête de mort avec des os croisés si je me souviens bien. Jack Sparrow avait pas un drapeau pirate décoré d'un compas bizarre. Nan, vraiment pas.

***

Cela fait maintenant environ une semaine que je supporte Shoyo et Jewelry. Shoyo travaille toujours à la bibliothèque avec son patron qui s'efforce a vouloir le plonger dans le métier. Jewelry tente encore de recruter des gens pour intégrer son équipage à la crinière rose tandis que je continue mes recherches sur les portails interdimensionnels (sans succès évidemment). On est tout les trois sur le carreau.
Mais quelque chose d'étrange se passe sur l'île et celles aux alentours. Nous l'avons remarqué comme le reste de la population. La marine est plus présente, des navires arrivent en masse à Odaya pour repartir quelques jours après. Cependant certains restent, et les soldats à bord ne se contentent pas de profiter du soleil qu'offre l'île. Ils ont l'air aux aguets, comme s'ils recherchaient quelque chose, où plutôt quelqu'un. Ainsi il n'est pas étonnant de croiser des hommes en uniforme à chaque coin de rue.
Shoyo nous a déjà raconté avoir été interrogé l'autre jour, on lui avait posé des questions sur une fille aux cheveux blonds qui aurait l'air perdu. Et c'est à ce moment que je me suis mise à douter. Et si c'était moi ? La fille que le gouvernement mondial recherche. J'ai les cheveux blonds et je suis actuellement perdue, oui, c'est le mot.
Et si l'homme chauve m'avait suivi ? Après tout ce doit être dans ce monde qu'il voulait m'emmener, mais pourquoi ?
Je suis sortie de mes pensées par Jewelry qui me tend une glace saveur pocci (une spécialité de la région). Je l'attrape et la mange précipitamment. Bonney me sourit et mon regard se pose sur la mer qui nous fait face. Installées à une terrasse, on discute en riant, profitant de la non-présence de Shoyo qui rend les choses plus calmes.
Le soleil a rendu ma peau légèrement plus bronzée me permettant d'avoir quelques marques ça et là. Avec l'aide de Jewelry et de Shoyo (mais surtout de leur argent et de la bonté des gens de cette île) j'ai pu avoir des nouveaux vêtements et je ne ressemble donc plus à une clocharde. Je pense que c'est pour ça que les marines ne me soupçonnent pas : je ne ressemble plus à une touriste et je suis entourée d'amis.
Mais ce repos est visiblement de courte durée. Tandis que Jewelry me raconte une énième anecdote la bouche pleine de je ne sais combien d'aliments différents, je vois un soldat me regarder fixement. Celui-ci a l'air plus gradé, et cela ne fait qu'augmenter le stresse qui a déjà commencé à m'envahir depuis quelques minutes. Jewelry remarque mon malaise et arrête de parler, elle tourne la tête vers l'homme et fronce les sourcils. Moi j'ai la jambe qui tremble.
Les yeux de cet homme, ils me transpercent. Il lit en moi, je le sens et cette sensation est extrêmement désagréable, comme si j'étais mise à nue devant une foule d'inconnue. Par réflexe je croise mes bras autour de ma poitrine. Et il sourit. Je déteste ça.
Soudain Jewelry me prend le poignet, je la regarde et m'aperçois que le nombre de soldat autour de nous s'est multiplié.
Ils savent.
Alors d'un coup je me lève, renversant la chaise sur laquelle j'étais précédemment assise, mon corps est tendu à l'extrême. Je vois les marines commencer à s'avancer vers moi, fusils chargés et pointés en ma direction et je regarde à nouveau l'homme.
Il est particulièrement grand et baraqué et sa voix forte résonne sur la place :

- NE VOUS INQUIÉTEZ PAS, ON NE VOUS VEUT AUCUN MAL !

Mon cul.

- RENDEZ VOUS SANS FAIRE D'HISTOIRE, EMMA N'EST-CE PAS ?

J'ai déjà eu bien trop affaire avec la police pour savoir que ces stupides mots ne veulent rien dire. Là tout de suite je n'ai pas l'impression qu'on va me faire "aucun mal", donc je tourne la tête vers Jewerly pour me rendre compte qu'elle pense comme moi : ça craint.
On se fixe avant de nous élancer vers le port, le plus loin possible des forces de l'ordre qui, ne s'attendant pas à ce qu'on s'enfuie (ils sont stupides), ne réagissent pas tout de suite. C'est dans un vacarme que l'on quitte la terrasse. Jewelry et moi courrons précipitamment en ligne droite direction le bateau.
Nos pieds martèlent le sol chaud tandis qu'on entend les pas lourds des soldats qui nous foncent dessus. Ils nous hurlent de nous arrêter mais jewelry et moi accélérons au contraire la cadence.
Les villageois crient sur notre passage et je renverse des caisses pour mieux ralentir nos poursuivants. Sur le chemin on attrape Shoyo qui n'a d'autre choix que de nous suivre dans notre course.

- COOOUUURS SHOYO COOUUURSS !!! Je lui hurle pendant que le roux se ramasse par terre.

J'explose de rire, tout ça me rappelle mon adolescence et mes courses-poursuites avec la police. Le soleil brille de mille feux sur nos trois corps essoufflés courant à toute allure. Le vent fouette nos visages et nous pousse même parfois en avant, l'air marin s'infiltre dans nos poumons et mon rire est rejoint par deux autres.

- ARRÊTEZ VOUS, ARRÊTEZ VOUS !!! Nous lancent les marines derrière nous, mais c'est pas comme si on allait effectivement s'arrêter.

Puis un bruit résonne, comme un sifflement et un objet frôle mon visage, m'éraflant la joue. Une balle.

- HO PUTAIN EMMA CA VA ??

- MERDE MERDE MERDE ILS NOUS TIRENT DESSUS MAINTENANT !

soleil soleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant