Chapitre 11 - Sainte Mangouste

826 62 3
                                    

Idée musique : Inception


POV Severus

Ce matin, j'ai reçu un message du directeur de sainte Mangouste.

Un message assez urgent sur plusieurs cas de sortilèges dégénératifs ayant été enregistrés chez eux dans un très court laps de temps. Deux, peut-être trois. Je reste cependant un peu dubitatif, car ce sont des sorts très peu courants et peu connus de la communauté sorcière, mais si leur diagnostic est correct, ils ont eu raison de faire appel à moi.

Je sais que les médicomages ont été désemparés de voir que leurs patients ne répondaient à aucun traitement connu. Aucun sortilège n'a fonctionné non plus. Et un des cas est d'ores et déjà sous coma magique, maintenu ainsi entre la vie et la mort.

Donc Sainte Mangouste a fait appel à moi. En effet, mes recherches sont, et j'ignore si je dois le déplorer ou en ressentir une quelconque fierté, les plus avancées dans le domaine des conséquences et des séquelles relatives aux effets à retardement et/ou à long terme de sortilèges. Surtout en matière de magie noire, allez savoir pourquoi...

Et me voilà, errant dans les couloirs de l'hôpital sorcier, cherchant les chambres... je sors le parchemin de ma poche pour le consulter : 314, 315 et 355.

Le service le plus proche est le service des cas désespérés. Et c'est aussi sans conteste le cas le plus urgent, car son pronostic vital est plus qu'engagé. Chambre 355, donc, un certain D.M. ou peut-être est-ce un N ? Fichus médicomages : des années d'études et ils ne sont jamais fichus d'écrire correctement !

Je m'arrête devant la porte 355, et prends une grande inspiration, m'attendant à voir d'un instant à l'autre quelque chose de particulièrement peu ragoûtant : un sort dégénératif pouvait vous faire pourrir littéralement un sorcier sur ses pieds plus sûrement que la gangrène. En fait son principe de fonctionnement est tout à fait celui de la gangrène. Ou d'un parasite.

Je pousse la porte, doucement, mais pas de gargouillis, pas de cris de douleur.

Je rentre et vois le rideau tiré autour du lit. Des soins sont en cours. Mon regard se perd au niveau de la fenêtre qui laisse généreusement entrer à grands flots la lumière d'un soleil d'hiver. Elle est entrouverte et je peux sentir une odeur de froid et de pin venant de l'extérieur.

Mon regard dérive vers les murs de la chambre, d'un blanc immaculé, ce qui n'est jamais bon signe. Mais des décorations de noël criardes ont été ajoutées çà et là, dans un manque de bon goût évident. Je fronce le nez. Les soignants ont vainement essayé de faire revenir un peu de vie dans cette chambre si terne et sans éclat.

L'historique des traitements et enchantements et punaisé au mur. Je le décroche délicatement avant de le parcourir rapidement. Ce cas semble en effet être ardu.

Une infirmière sort soudain de derrière le rideau et me demande ce que je fais ici.

Je la fusille du regard et lui rétorque que ses supérieurs m'ont presque supplié de venir (ce qui est presque exact) car ils ne savaient plus du tout quoi faire avec ce malade (ce qui est tout à fait exact). Je secoue la feuille en l'air et dit qu'effectivement on a fait tout et n'importe quoi, sur ce cas. Bon c'est un peu de la mauvaise foi. J'aurais moi-même pratiqué une bonne partie de ces sorts de diagnostic, mais ça, je ne vais certainement pas le lui dire. A la place, j'ajoute que, puisque j'ai pris la peine de me déplacer en personne, elle a plutôt intérêt à ne pas traîner dans mes pattes.

Elle s'en va sans demander son reste. Je vais encore me faire mal voir, mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Chassez le naturel, il revient au galop.

Mémoire d'un survivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant