Chapitre 10 - Ambroise Johnson

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Idée musique : Réflexions

POV Ambroise Johnson

Je m'appelle Johnson. Ambroise Johnson.

Je suis auror de profession.

Ça a toujours été un rêve. Devenir fort, sauver des vies.

Être utile. A la fois au-dessus et au service du commun des mortels.

Être un roc au milieu du torrent de la foule.

Pour autant, je ne m'intéresse que rarement à des personnes en particulier, même si je consacre ma carrière aux gens, en général. Ils ne sont pour moi que des visages destinés à se noyer dans le marasme de mes souvenirs.

Je ne dis pas que c'est là chose impossible, c'est juste rare. Les gens sont trop prompts au jugement et à la trahison. Les gens s'avèrent trop souvent décevants.

Faux.

Humains dans leur inhumanité.

Et nous autres, les aurors, sommes confrontés presque tous les jours à la lie de cette société pour laquelle nous nous battons sans faillir.

Mais parfois un être brille par sa différence. Comme Drago à mes yeux.

Au contraire des hommes et femmes qui cachent des horreurs sous un masque de bienveillance, il cache un bon cœur sous un leurre fait de sarcasmes et de froideur.

Mais ses actions, comme c'est souvent le cas, le montrent tel qu'il est.

Lui, il est l'être exceptionnel dans cette foule d'anonymes.

Je crois que l'expression consacrée est « il sort du lot », bien que je la trouve assez réductrice.

Comme trop étriquée pour cet homme que je respecte et que j'ai appris à aimer à ma manière.

Je sais que je n'aurais pas ma chance avec lui. Ses yeux ne sauraient mentir lorsqu'ils s'accrochent à son colocataire, son "ami". Ils s'emplissent à la fois de tristesse et d'une douceur infinie, et ce regard se fait toujours en secret. Est-ce que cet idiot de Weasley a seulement compris que le blond n'était pas son ennemi et que cette compétition n'existait que dans sa tête ? Je l'ignore.

Mes réflexions sont interrompues par un message. Un fou costumé qui a fait peur à une moldue, près des docks. Je me masse les sourcils. Grands dieux ce que les gens me fatiguent. Le duplicata d'une maginote m'informe que Weasley est sur l'affaire. Enfin, si on peut appeler ça une affaire. Franchement, il n'y a que ce type pour prendre cette mission comme excuse pour aller se dégourdir les jambes. Mais ce n'est pas mon problème, après tout, n'est-ce pas ?

Et cela me laisse le temps de laisser mes pensées s'égarer à nouveau.

Noël est plutôt un jour calme, comme d'habitude. C'est le Réveillon qui est mouvementé. Allez savoir pourquoi, les criminels se précipitent tous ce soir-là, comme s'ils voulaient avoir terminé leur besogne avant la date fatidique.

Ça paraît incroyable, mais les faits sont là. Tous les ans, les gens se déchaînent le 24 et le 31, mais le 25 et le premier jour de l'année, c'est presque paisible, comme si les esprits s'étaient soudain apaisés après leur éclat de colère.

Bien sûr, je me porte volontaire pour les deux jours. Tous les ans. Un peu d'action, suivi d'un peu de repos, le tout avec une prime à la clef, ça ne se refuse pas, n'est-ce-pas? Et puis je ne suis pas très fêtes de fin d'année. Je ne suis pas très fêtes tout court, à vrai dire. Je suis plutôt du genre solitaire.

Soudain, me sortant de mes pensées, une note d'un rouge criard apparaît juste au-dessus de mon bureau et flotte un instant avant de s'y poser délicatement.

Mémoire d'un survivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant