Chapitre 21 : Les abysses

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Idée musique : les chroniques de Narnia

POV Drago :

Les ténèbres. Noires, profondes et paradoxalement rassurantes.

Entrecoupées de scènes de mon passé, projetées de manière aléatoire dans mon psyché.

Que je vis comme si je visitais ma propre pensine.

Des scènes se déroulant comme dans mon souvenir, mais pas tout à fait.

C'est assez étrange, en y repensant.

"Visiter", car c'est le mot, ses propres souvenirs, c'est à la fois faire face à son passé, mais d'un autre point de vue.

Et tout ce qui était ancré en nous et admis comme véridique est remis en question. C'est comme assister à des scènes familières et les trouver étrangères.

C'est être acteur de ces moments et simple visiteur à la fois.

Avoir un regard neuf sur elles.

Je ne me suis jamais vu comme un enfant malheureux. Je pensais avoir de la chance, au contraire. J'avais des parents. Une énorme famille, ancienne et puissante. Des objectifs. Une vie toute tracée depuis ma naissance.

Aucun doute ne venait planer au-dessus de moi. Aucune ombre.

Nous étions riches et je ne manquais de rien. A peine avais-je formulé le souhait d'avoir tel jouet ou tel balai que je me le voyais offert sur un plateau d'argent. En contrepartie, je me devais d'être le meilleur dans tous les domaines. Car dans la vie, rien n'est gratuit.

Aucun acte n'est vraiment désintéressé. Du moins pas dans la famille Malefoy.

Dans ma famille.

Et c'était normal.

Un prix modique à payer.

Pourtant, maintenant que je suis amené à voir sous un nouveau jour mon enfance, je peux percevoir ce vide qui m'entourait alors.

Je n'avais pas vraiment d'ami, car les Malefoy ne se lient pas aux autres par amitié mais par intérêt.

Ce lien se doit d'être à sens unique. On prend mais sans être totalement dépendant de ce qu'on a pris.

Alors,mes parents choisissaient pour moi mes compagnons de jeux, les congédiant quand ils percevaient le moindre attachement de ma part. Je passais donc le plus clair de mon temps avec des enfants que j'exècrais.

Il fut vite admis qu'une conduite digne d'un Malefoy se passait de toute effusion sentimentale.

Avec mes parents et ma famille, entre autres.

Un Malefoy ne se conduisait pas comme un enfant, même s'il en était un.

Les pleurs étaient proscrits. Les embrassades. Les câlins. Les démonstrations d'affection. La spontanéité.

A l'époque, tout ceci faisait partie des règles de mon petit monde.

Je ne connaissais que ça. Je ne savais même pas qu'on pouvait vivre autrement.

Comment quelque chose qu'on ne connaît pas pourrait vous manquer, n'est-ce pas?

Mes yeux d'adulte voient ce que je ne voyais pas alors.

Cette absence d'amour. De complicité.

De vrais liens avec autruis.

Je ferme les yeux et essaie de visualiser Ron.

Qui, d'une manière aussi intuitive qu'il respire, vit et interagit si facilement dans un groupe.

Accessible, sans artifices, borné comme peu de gens peuvent l'être. Parfait dans son imperfection.

Mémoire d'un survivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant