Chapitre 14 - Rentrer chez soi

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Idée musique : la merveilleuse histoire du temps main theme


POV Severus :

Je sors de la chambre de Ronald Weasley. Encore une fois, cet insupportable gamin est parti en vadrouille.

Jamais je n'aurais dû lui apprendre ces sortilèges de repérage. Enfin, je suppose que le fait de pouvoir un peu bouger contribue à son bien-être et donc, à son rétablissement.

Merlin, j'ai l'impression de devenir faible. Et gentil. Depuis quand est-ce que je suis devenu aussi mièvre? Je sais pertinemment où est allé cet idiot. Ses sentiments, nullement filtrés, le trahissent, et guident même ses sortilèges

Inutile d'être un expert en comportement avec lui. Il semble dire exactement ce qu'il pense au moment précis où il le pense. Et même lorsqu'il ne le fait pas, ses expressions le trahissent immanquablement. Je soupire. Vraiment, être un tel livre ouvert ne devrait pas être légal.

Je me dis que, malgré le temps passé en compagnie de ces mômes, à la grand époque de l'ordre du Phénix, je n'ai jamais appris à le connaître. Peut-être que je regrette, à présent. Pourtant, ça ne l'empêche pas d'avoir une confiance aveugle en moi. Sans mauvais jeu de mots. J'ignore pourquoi. Je croyais pourtant que ces petits vauriens se méfiaient de moi comme de la peste. A raison. Honnêtement, si je ne me connaissais pas, je ne me serais jamais fait confiance : soyons sérieux, un espion qui jongle entre deux mentors plus ou moins aliénés, et qui plus est, a changé de camps, ça ne devrait pas appeler la confiance, et ce, peu importe le contexte. Mais c'est bien ce que je vois dans leurs yeux.

Même Harry, qui pourtant ne se rappelle de rien, m'a montré l'étendue du sentiment de sécurité et de bien-être qu'il éprouvait en ma compagnie. Je frissonne. Mais c'était avant. Que l'autre n'arrive. Cette voix. Celle de feu ... Voldemort. Je frissonne à la simple pensée de son nom. J'en l'ai toujours nommé comme un mangemort le ferait : le seigneur des ténèbres. J'en ai pris l'habitude, je suppose.

Cette voix était assez puissante pour m'éjecter de la tête du garçon. Et me bloquer toute tentative de récidive. A ce stade, je pense même qu'il est inutile qu'il recouvre la mémoire. Il faut à tout prix le mettre à l'abri, et il semblerait que l'hôpital de Ste Mangouste abrite un fidèle de mon ancien maître. J'ai étudié soigneusement les allées et venues, mais il semblerait que je sois moi-même sous surveillance, et, depuis que je suis tombé sur la découverte des prescriptions douteuses faites au survivant, plus rien ne se passe. Mais je ne suis pas tranquille pour autant. Mon intuition me crie que quelque chose se prépare, que j'ai été trop irréfléchi,que je me suis renseigné trop ouvertement. J'ai sans doute moi-même poussé le coupable dans ses retranchements et rien n'est plus redoutable qu'un homme acculé qui attend son heure.

Tout est de ma faute. Je suis rouillé. Je me suis ramolli durant ces trois années à ne pas avoir à me battre pour ma survie ou mes secrets. Je suis devenu faible. Mais les erreurs ne doivent plus se reproduire. Je dois redevenir fort.

Et essayer de prendre le contrôle des événements. Et sur mes émotions. Comment faisait Albus, déjà? Il avait peut-être l'air sénile, il n'en était pas moins le plus habile manipulateur que j'ai jamais rencontré. Peut-être justement parce qu'il avait l'air sénile, d'ailleurs. J'essaie de m'imaginer distribuant généreusement des poignées de bonbons au goût discutable à tous mes interlocuteurs, comme un gamin le jour de son anniversaire. Bon, peut-être pas. Et ce sourire avenant, je ne sais même pas si j'en suis humainement capable depuis le temps... A vrai dire, je ne crois pas en avoir un jour été capable. Ou je ne me souviens plus. La vie ne m'a donné que peu d'occasions de sourire à vrai dire. Je fronce les sourcils, soudain morose.

Mémoire d'un survivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant