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          Arthur avait toujours eu cette inscription sur sa taille « I'm teaching him some poetry » Cette phrase était celle que son âme-sœur était censée dire un jour. C'était assez vicieux dans ce monde. Le destin vous accordait un indice sur l'identité de votre âme-sœur mais ce n'était pas la première phrase qu'elle dirait à votre rencontre. Ce n'était pas son nom non plus. C'était souvent une phrase bien étrange lorsqu'on ne connaissait pas le contexte. Les gens en avaient déduit que si la phrase choisie était si étrange, c'était pour qu'on ne puisse pas se tromper comme avec un banal « Bonjour ». A Camelot, comme partout presque, il était très mal vu de demander à voir l'inscription de quelqu'un. En effet, certaines personnes pourraient tenter de se faire passer pour l'âme sœur de quelqu'un en prononçant la phrase.

          Arthur s'était toujours demandé dans quel contexte il entendrait cette phrase. Quelle belle princesse ou juste belle femme sortirait cette phrase si innocente. Dans son enfance, il avait souvent craint que ce ne soit une de ses régentes alors qu'elles étaient bien trop vieilles pour lui, le blond n'étant qu'un enfant à cette époque. Mais jamais cette phrase ne sortit, à son grand soulagement.

          Une fois adulte, Arthur avait cessé ses cours et c'était donc avec encore plus de consternation qu'il essayait de comprendre le contexte auquel pourrait appartenir cette phrase. Et ce ne pouvait toujours pas être une de ses anciennes régentes puisque la phrase était au présent.

          Quand le prince regardait les femmes de son entourage, il se rendait compte que Guenièvre était la seule qu'il côtoyait réellement. Il l'aimait bien mais en temps qu'amie. Oui, Morgane avait depuis quelques temps déjà quitté Camelot pour s'allier à Morgause. Il y avait aussi les princesses qu'il avait déjà rencontré mais non, il n'avait aucun intérêt pour elles. Peut-être ne l'avait-il tout simplement pas encore rencontré. Parfois il songeait à prendre des cours de poésie juste pour pouvoir rencontrer cette personne, mais Gaïus lui avait toujours appris à ne pas forcer le destin et notamment celui de la magie des âmes-sœurs, une magie qu'Uther lui-même ne pouvait chasser. Alors Arthur ne faisait rien. De toute façon, il n'avait, de façon objective, pas le temps de prendre ces fameux cours. Il y avait les entraînements, les patrouilles et les chasses. Et ce dernier point était d'autant plus compliqué depuis qu'il avait Merlin en tant que serviteur. Ce dernier semblait faire tout son possible pour faire fuir le gibier. Bien qu'Arthur mentirait en disant que sous son agacement ne se cachait pas un peu d'amusement, certes, cela rallongeait considérablement le temps consacré à la chasse. Si Merlin n'avait pas sauvé sa vie plus d'une fois et s'il n'était pas aussi... Lui-même, sans aucun doute qu'il aurait été remplacé depuis bien longtemps déjà. Mais il n'était pas le sujet de cette histoire n'est-ce pas ?

          Le jour où Arthur entendit cette phrase pour la première fois était une journée qui avait commencé de façon somme toute banale. Merlin lui brûlant les rétines à ouvrir grand les rideaux, Merlin lui brisant les tympans de son habituel « Debout les morts ! » et enfin Merlin l'affamant en ne lui donnant qu'une pomme et deux tranches de pain en guise de petit-déjeuner. La routine en somme. Puis, la seule chose que Merlin savait bien faire, l'habiller. D'ailleurs, il appréciait la discrétion de son serviteur. Sa marque se trouvant au niveau de son bassin, Merlin n'avait jamais pu la voir car caché par son sous-vêtement. Il n'avait jamais posé de questions ou tenté de la voir comme ses anciens serviteurs avaient pu faire. D'ailleurs Arthur n'avait jamais vu celle de Merlin non plus. Enfin, pas que cela ne l'intéresse, mais il se demandait parfois si son ami avait déjà trouvé la personne qui allait partager sa vie. Arthur se disait que ça ne devait sûrement pas être le cas sinon il aurait déjà vu l'heureuse élue. Et sûrement que Merlin ne vivrait plus chez Gaïus non plus.

          Une belle journée donc. Après l'entraînement et le repas du midi, Merlin et Arthur marchaient dans la cour du château à la recherche de Messire Léon lorsqu'ils virent au loin Guenièvre avec un enfant, assis à l'ombre avec des feuilles en main . Curieux, le prince s'approcha, l'enfant lui rappelant le petit druide qu'ils avaient une fois sauvé. Gauvain arriva cependant au même moment.

"I'm teaching him some poetry"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant