Chapitre 4

1.6K 115 38
                                    

Who's gonna be the first one to set it all on fire


Harry

La violence du décalage horaire me traîne au sol. Je suis revenu hier soir, un coup de blues de fin tournée et un urgent besoin de rentrer à la maison au cul. Londres est encore le seul endroit à me procurer ce sentiment. Troye reste à Los Angeles pour quelques semaines et vu qu'il commence à croire notre histoire sérieuse, j'avoue que c'est pas plus mal. Mon incapacité à lui poser des limites me prend en traître. J'aime, je m'attache, je donne, je chéris ma vie privée. Mais à vingt-six ans, l'éternité ne m'attire pas. Mon âme appartient à la liberté.

Ma réticence a redoublé d'intensité lorsqu'il a imposé les présentations. Sur les dix minutes où Troye s'est pavané, il a rétamé l'équilibre fragile que Louis et moi tissions. Je ne lui dois rien, c'est vrai, pourtant le mettre mal à l'aise m'a flanqué la nausée. Ce soir-là, je l'ai redécouvert sans respirer, comme à l'époque où il était à deux doigts d'être mien.

Après un pénible périple à travers les routes saturées de Londres, j'arrive aux studios avec la ferme intention que tout revienne à la normale. Dès que je pousse la porte, les rires de mes acolytes retentissent au fond du couloir. Je les rejoins en grandes enjambées et, appuyé contre l'embrasure de la porte, je les foudroie du regard, un sourire amusé aux lèvres.

— Alors comme ça on m'attend pas ?

— Ça va péter ! menace faussement Liam avant de venir me taper dans le dos.

Je claque les mains des deux autres à la chaîne puis salue l'ingénieur du son aux commandes. Avec ses cheveux relevés en chignon, sa manche de tatouages et son slim trop serré, j'ai l'étrange impression de me revoir il y a quatre ans. Les muscles au bord de l'explosion en moins. Je me faufile derrière la batterie pour embrasser Sarah, qui m'accompagne en tournée, et enlace Sandy, fidèle au poste de bassiste. Seul Louis manque à l'appel.

— Bon les gars, vous savez ce que vous faites. On répète aujourd'hui ça urge. On composera après l'inauguration.

— T'essaie de nous foutre la pression Terence ? pouffe Liam.

— Vous gérez, se défend Musclor en ajustant son casque. Je vous rappelle simplement que c'est dans une semaine.

— Et c'est une semaine de trop ! s'exclame Niall en s'expulsant du fauteuil.

Il s'empare de la guitare électrique posée sur un trépied et gratte un air rock'n'roll surexcité en manquant de m'assommer avec le manche au passage. L'occasion est trop belle. Je me prête au jeu et vient me frotter contre lui dans un mouvement de bassin débridé qui le fait immédiatement rougir. Il accueille ma sensualité déplacée avec des coups de hanches au moment où Louis se pointe, le visage bouffi et mal réveillé.

— Impossible de se tromper de studio avec vous ma parole.

Il se frotte les yeux et nous gratifie d'un salut général.

— Ça va tout le monde ? Salut Terence, marmonne-t-il.

L'homme au casque lui répond d'un hochement de tête. Ils se connaissent sans doute. Lorsqu'il pivote vers moi, mon cœur repart dans ma poitrine. J'interprète son sourire de travers comme un nouveau départ. Celui à partir duquel on se fout la paix et on se consacre à profiter de ces journées exceptionnelles.

— Maintenant que nous sommes au complet, vous avez écouté la démo ? C'est bon pour vous ?

— Quand bien même on aurait zappé, on l'a chanté des milliards de fois.

When the Curtain Calls (LS) ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant