When the Curtain Calls (LS) ✓

Epilogue

We're never coming back down, we're looking down on the clouds

Louis

Cette maison ouverte sur la côte de Malibu est notre premier achat commun, Harry et moi. Elle accueille en cette douce fin de décembre ceux qui n'ont plus quitté nos vies depuis ce printemps 2020. Par miracle, nous avons arraché à nos emplois du temps chargés une semaine loin de nos carrières mouvementées. La nouvelle année pointe le bout de son nez, et pour la seconde fois consécutive, nous tenons à la célébrer tous ensemble.

Attiré par l'agitation extérieure, je rejoins la terrasse. Zayn fait rouler une balle entre les jambes maladroites de sa fille, occupée à emmêler ses boucles blondes. Freddie râle qu'elle ne prenne pas le jeu au sérieux du haut de ses un an-et-demi et cavale après le ballon. Il le renvoie d'une passe maîtrisée, me lançant un air fier pour s'assurer que je l'ai vu.

— C'était propre ça Freddie bravo.

— T'inquiètes Papa on est là.

— Qui c'est qui t'as appris à dire ça ? je m'étonne, définitivement mort de rire à l'intérieur.

Dans mon dos, une présence me réchauffe. Les bras qui m'enlacent par derrière m'arrachent un frisson. Dès qu'ils se nouent sur ma poitrine, je les capture entre mes mains.

— Hey, glisse Harry à mon oreille. Tout est bientôt prêt pour ce soir.

— Oui je confirme, j'ai changé les draps.

— Je ne parlais certainement pas de ça.

— Dommage. Au temps pour moi alors. Je suppose qu'on peut laisser filer notre dernière chance de se retrouver seuls avant ma tournée.

— Tu peux pas t'en empêcher hein.

— T'as qu'à me suivre.

— Où ça ? Aux quatre coins du monde ? C'est le projet.

Ce qu'il omet de préciser et que je découvrirai l'été suivant, c'est qu'après le tournage de son film, il me rejoindrait sur la route. Il pose la tête sur mon épaule et me serre un peu plus contre lui. Comme à chaque fois, un apaisement sans nom s'empare de moi. L'amour est familier. Sa tendresse, toujours inédite. Le calme est de courte durée.

— Elle marche ! Elle marche putain !

— Zayn langage, entend-t-on par la fenêtre de la cuisine.

— Gi' regarde elle marche ! Viens dépêche !

Gigi accourt et se rattrape de justesse à l'armature de la porte-vitrée. Leur fille s'est mise debout d'un équilibre précaire. Si on peut appeler cela marcher, elle tente en effet de stabiliser un pied devant l'autre sous les exclamations de ses parents.

— Oh mon bébé tu marches ! Mais filme ! s'écrie-t-elle. Filme ! Quelqu'un, filmez putain !

— Calme-toi j'y suis, j'y suis.

Zayn dégaine son téléphone de sa poche arrière dans la précipitation.

— Et après vous vous étonnez que son premier mot n'ait pas été « maman », je rigole dans ma barbe.

Harry rit de ma mauvaise blague en collant sa joue contre la mienne. Lorsque mon regard se perd à l'horizon, par-delà le jardin et le portail du domaine, les grondements de la mer me parviennent. Nous ne sommes pas les seuls à s'être pardonné nos erreurs. Au loin, Liam et Maya, amoureux, se baladent sur la plage. Puis il plie un genou sur le sable. J'écarquille les yeux.

— Euh... les gars. Urgence numéro deux.

Le groupe se stoppe net. Ils suivent la direction de mon doigt et découvrent la scène, ébahis.

— Oh bon sang, souffle Harry. Ça sent la double fête ce soir.

— Enfin ! se réjouit Gigi en faisant valser sa fille dans ses bras.

L'excitation générale réveille Niall en sursaut. Il bondit de son transat, se braquant vers nous aussitôt qu'il percute.

— On y va ?!

D'un coup d'œil concerté, nous prenons nos jambes à notre cou et détalons le long de l'allée jusqu'à la plage. Leur mine radieuse ne laisse aucun doute sur le dénouement de l'événement. Liam nous arrose d'insultes légères en nous voyant arriver, recouvertes par nos éclats de rire. Nous lui sautons dessus sans lui demander son avis et tombons lamentablement à la renverse. Le chaos, du sable plein les chaussures, des cris, des grognements étouffés.

— Mais qu'est-ce que vous foutez, là ? Rah. Vous avez du cul qu'elle ait dit oui vous.

— Désolé. Pas désolé ! s'esclaffe Niall.

— Tu l'as fait ! je hurle. Eh oh c'est mes couilles ça décale.

— C'est toujours comme ça les vacances avec vous ? s'amuse Maya.

Tandis que l'on s'écrase de tout notre poids, Harry s'extirpe du tas et se redresse.

— Pardon, s'excuse-t-il. Félicitations, tous les deux c'est une super nouvelle.

— Plus jamais crois-moi, soupire Liam en époussetant le sable sur son pull, plus jamais.

— T'as déjà dit ça l'année dernière, lui fait remarquer Zayn.

Il feint de lui jeter une poignée de sable, mais s'avoue vaincu d'un sourire béat. A son tour, il fonce sur nous et embarque Maya.

— Louis, tu me dois un maxi bucket chez KFC, lance Liam dans le cercle.

— Attends, tu savais ? se révolte Harry.

— Oups.

— Il est mon premier témoin, bien sûr qu'il savait. Il ne m'en croyait juste pas capable aujourd'hui.

— Fourbe, grince-t-il entre ses dents, trahi par la douceur de son regard.

— Meh. Pas mon genre de gâcher les surprises.

Au-dessus de nos têtes, le ciel s'assombrit. Il peut bien menacer de pleuvoir. On s'en moque.

Mettre ces années de folie derrière nous a sûrement été le plus grand défi de ma vingtaine, et eux, et lui, ma plus belle expérience de l'amour. Persistent ces moments où je réalise que nous n'étions pas loin de s'en priver. Pourtant je n'aurais voulu rater ça pour rien au monde. Le changement est terrifiant, parfois difficile à accepter. Il ne tenait qu'à moi de l'accueillir à bras ouverts. Nous ne sommes plus l'insouciance de nos débuts. Nous ne sommes plus les rancœurs d'une histoire inachevée. Harry et moi ne sommes plus l'histoire à s'arracher. L'intérêt s'est dissipé et notre quotidien ne cesse de nous rendre heureux. Protégés par cette bulle où certains jours sont plus faciles à gérer que d'autres, nous continuons à nous aimer, nous équilibrer, nous encourager, nous tirer vers le haut. A grandir.

Et si les têtes se retournent encore au nom One Direction, nous ne sommes plus que Harry, Niall, Liam, Zayn et Louis, liés par l'amour de ce que nous avons vécu, mais surtout de ce qu'il nous reste à vivre.

Fin