Le temps s'écoulait d'une façon étrange, en haut. Fred avait pu en faire les frais, alors qu'il était parti faire ce qui lui semblait être une sieste de 20 minutes, et que deux semaines s'étaient passées pour George, en bas. Parfois, alors qu'il surveillait son jumeau, le temps ralentissait, ou bien accélérait, et il n'en comprenait toujours pas la logique. La seule constante était le chagrin qu'il partageait avec son âme sœur. Il ne se passait pas une seconde sans qu'il sente cet étau qui n'était pas le sien, et le vide de l'absence. Il n'était pas seul, mais il n'avait jamais senti une si grande solitude. Les sourires de James et Lily quand ils le croisaient lui rappelaient douloureusement Harry, qui veillait sur George en bas. Et voir ceux qu'il avait connus avant le ramenait sans cesse dans un flot de souvenirs qu'il tentait tant bien que mal de refouler. Marcher tout droit sans regarder en arrière était bien plus difficile que ce qu'il n'avait pensé.
- Fred ? l'appela Sirius dans son dos.
Le sorcier vint s'asseoir à ses côtés sur l'herbe aux reflets laiteux, un sourire compatissant sur son visage. Il avait l'air bien plus en forme et bien plus jeune que lorsque le roux l'avait connu, comme Remus. Il n'avait plus beaucoup vu Remus et Tonks depuis son arrivée, mais le retrouver avait sûrement été l'épreuve la plus dure. Ils laissaient un orphelin derrière eux, comme Harry. Tout ce qu'ils pouvaient espérer pour leur fils, ils devaient s'en remettre à Harry, Drago et Andromeda pour l'accomplir, et c'était difficile pour tout le monde de devoir n'être qu'un spectateur impuissant. Ils restaient donc la plupart du temps ensemble à veiller sur leur petit Teddy, faussant compagnie au reste.
Sirius et James étaient désespérés de voir un jour leur ami s'en remettre et passaient beaucoup de temps à deux également. Fred admirait leur amitié. Elle lui faisait penser à sa relation avec George, un mélange de fraternité, de complicité mais surtout d'une confiance absolue. Maugrey et Dumbledore leur rendaient régulièrement visite dans la maison où ils avaient décidé de s'installer, parfois accompagnés de sorciers et sorcières que le jeune Weasley n'avait jamais vus de son vivant.
- C'est douloureux, de rester là sans rien faire, hein ?
Fred sursauta légèrement. Complètement plongé dans ses pensées, il en avait oublié la présence de l'aîné des Blacks, et il n'était pas encore habitué à ce genre de discussions. Il recherchait souvent le silence et le calme, car à ces moments seulement, il pouvait se concentrer sur George. C'était tout ce qui comptait pour lui.
- Je pensais être heureux de retrouver James et Lily, et tous ceux qui nous avaient déjà quittés, reprit Sirius, ne réagissant pas au silence de son interlocuteur. Mais très vite, la Terre a recommencé à m'attirer comme un aimant, et je regardais toujours Harry, Remus, tous les membres de l'ordre ... Tout le monde est comme ça, ici. Comment va George ?
- Mal. Répondit le roux après un moment d'hésitation.
- Tu ne peux rien faire pour son état, Fred. Cesse de te torturer ainsi, et passe-leur la main. Ils en sont capables.
Il hocha la tête la gorge nouée. Il savait qu'il ne pouvait rien pour lui, mais il aurait tant aimé faire quelque chose ! Lui envoyer un signe pour lui montrer qu'il veillait sur lui, le rassurer, l'apaiser ... Leur lien était à la fois si fort mais si faible, car il ne pouvait pas l'utiliser. Il pouvait juste ressentir sa douleur dans chaque fibre de son être, et il ne pouvait rien faire. Il devait accepter l'impuissance, se plier devant l'impossible, mais il ne voulait pas. Après tout, rien n'était impossible pour eux, de ça il en était convaincu.
- Je trouverais un moyen, Sirius. Autant pour George que pour Teddy.
Il se tourna et vit la vague de tristesse qui avait rempli les yeux bruns du sorcier. Il avait toujours eu une relation particulière avec Remus, et le malheur de son ami l'impactait tout autant.
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Aimer pour mieux détruire
FanfictionTome 2 de Haïr pour mieux aimer, terminé ! La guerre. Il y a des morts, il y a des larmes. Mais il y a aussi la joie de la victoire, le soulagement de la fin. Et alors, on apprend à se relever, ensemble et plus fort. On continue d'avancer, sans trop...