Dire que George ne pouvait pas supporter Aberforth était un euphémisme. Le vieil homme avait un don pour dire ce qu'il ne fallait pas dire et appuyer là où ça faisait mal. Même son regard, si déstabilisant de par sa ressemblance avec celui de l'ancien directeur de Poudlard, savait en rajouter une couche là où ce n'était plus nécessaire. Et tout ça donnait la cruelle impression au jeune sorcier qu'il était tout simplement de trop. Que penser d'autre de ces grognements et soupirs, sinon qu'il n'était qu'un fardeau ?
- Weasley ! Tonna le patron du pub depuis l'arrière-boutique. Apporte-moi ces bouteilles dans la salle, ceux-tu ?
Tenant difficilement sur ses jambes après cette longue journée, George s'exécuta sans se plaindre. Il ne voulait pas ajouter au sorcier une nouvelle raison de le détester et de le persécuter. En voulant poser la caisse qu'il portait dans ses bras sur le plan de travail, une bouteille s'en échappa et vint s'écraser au sol. Des morceaux de verres volèrent partout dans la salle poussiéreuse, et l'un d'eux se ficha en plein dans la cheville de George.
- Si tu casses tout, on n'aura bientôt plus de quoi servir les clients, fais attention !
Aberforth ne s'était même pas donné la peine de se déplacer pour estimer l'ampleur des dégâts, laissant son employé gérer tout seul. Il s'était contenté de grommeler quelque-chose à travers la porte en bois, avant de revenir à ses affaires.
- Kann ich helfen ? Demanda un homme en arrivant à la hauteur de George.
Si le Gryffondor avait reconnu de l'allemand, il était incapable de comprendre ce que lui avait demandé l'étranger.
- Excusez-moi. Reprit le client dans un anglais parfait. C'était un vieux réflexe. Voulez-vous de l'aide ?
Toujours sous la surprise de cette rencontre inopinée, il hocha doucement la tête sans dire un mot. Il n'arrivait pas à détacher ses yeux de ce sorcier étrange. Ayant retiré la capuche de sa cape de voyage pour aider à nettoyer d'un mouvement de baguette, il balançait sa main négligemment pour lancer de nombreux petits sorts. Ses cheveux bruns lui tombaient au-dessus des épaules dans une cascade de boucle, entourant une barbe naissante. Ses yeux brillaient d'un éclat presque surnaturel, largement amplifié par la balafre qu'il portait à la joue droite. Il finit de nettoyer le sol sans que George ne fasse un geste et retourna à sa place comme si tout était normal.
- Eh bien mon garçon ? S'exclama Aberforth en faisant irruption dans son dos. Qu'as-tu cassé ?
- Une ... une bouteille de Bièraubeurre ... Bredouilla le sorcier pour toute réponse, encore absorbé par l'étranger.
Le sorcier qui l'avait aidé avait maintenant rabattu sa capuche sur ses cheveux, ne laissant plus voir ses yeux. Quelque chose en lui intriguait George, quelque chose qu'il n'avait vu nulle part ailleurs. Et ce n'était pas cette phrase en allemand, non, c'était quelque chose de bien plus profond. Il fut interrompu dans ses pensées par le vieil homme qui le tirait maintenant sans ménagement par le bras.
- Tu t'es blessé, il ne manquait plus que ça ... Râla-t-il en faisant asseoir George sur une chaise.
Il l'avait amené dans une pièce que le Gryffondor reconnaissait douloureusement. Assis de force sur la seule chaise en bois, il ne pouvait que contempler le tableau d'Ariana Dumbledore, qui l'avait mené autrefois dans les couloirs de Poudlard. Maintenant que la salle sur demande s'était fermée, ce portrait était redevenu un simple portrait fixé au mur, figé à jamais sur sa toile. Et Aberforth le regardait aussi, avec une expression qu'il n'avait réservée qu'à ce portrait. En un mélange de douleur intense et de douceur, il pouvait montrer au monde entier l'amour qu'il portait à sa petite sœur. Quelque part, cela le rendait plus humain et bien moins bourru, ce qui n'était pas pour déplaire à son employé. Alors que le vieil homme lui attrapait la cheville et murmurait des incantations pour le soigner, il y avait dans ses gestes une bienveillance nouvelle.
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Aimer pour mieux détruire
FanficTome 2 de Haïr pour mieux aimer, terminé ! La guerre. Il y a des morts, il y a des larmes. Mais il y a aussi la joie de la victoire, le soulagement de la fin. Et alors, on apprend à se relever, ensemble et plus fort. On continue d'avancer, sans trop...