Chapitre 17 : Cri du coeur

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            Il en avait beaucoup appris, grâce à Regulus. Et il y a des choses qu'il aurait sûrement préféré ne pas savoir, comme d'où venait cette fameuse baguette.

- Mère a retrouvé celui qui faisait les baguette avant Ollivander. Expliquait-il d'une voix où tremblait le dégoût. Elle l'a forcé à faire deux baguettes, parce qu'il lui en devait une mais ... il ne pouvait pas. Enfin, il pouvait, mais sous certaines conditions. On a dû trouver les ingrédients de la baguette, ce qui n'était pas le plus dur, et après on a dû tuer la licorne dont on a pris le crin pendant qu'il fabriquait la baguette et ... C'était horrible. Elle l'a fait sans hésiter, je l'ai vue sortir un couteau d'argent de sa robe, tout en souriant, et elle l'a tuée, comme ça, de plusieurs coups de couteau. Même une fois la licorne morte, elle a continué d'enfoncer la lame dans son corps et ... elle riait. Elle venait de tuer l'innocence, la pureté même, et elle riait.

Sa voix se brisa. Fred avait suffisamment entendu Hagrid parler de licornes pour savoir quelles conséquences pouvait avoir cet acte. Il n'osait pas demander si Regulus avait dû aider à achever la licorne, mais il se doutait bien que si. Walburga n'était pas stupide, loin de là. Elle avait dû, elle aussi, de son temps à Poudlard, entendre parler des nombreuses propriétés des licornes, et elle n'aurait sûrement pas voulu être la seule responsable dans ce meurtre. Quoi de mieux que d'utiliser son fils comme rempart ? Elle l'avait déjà fait de nombreuses fois, celle-ci n'avait pas dû faire exception.

- Juste après, termina-t-il d'une voix triste, il a dû tremper la baguette dans le sang de la licorne, mais ... il n'osait pas, il ne voulait rien avoir à faire là-dedans, malgré tout ce qu'il devait à ma mère donc ... ça a été à moi de le faire. Je suis responsable de la création de cette baguette, Fred, et dans les pires conditions possibles.

Le Gryffondor aurait voulu le prendre dans ses bras, lui dire que tout irait bien et que ce n'était pas si grave, mais ils savaient tous deux aussi bien que c'était faux. La baguette était maudite, ou bien même pire, mais ils n'avaient pas le choix. Tant que Walburga courait dans la nature, à la recherche de Remus, ils devaient la garder, c'était leur seul moyen de défense.

- Tu ... Tu veux que je la prenne ? Demanda Fred, l'air grave. Je comprendrais si tu cherchais à t'en débarrasser.

Il acquiesça en silence et lui tendit, la main tremblante, le bout de bois. Comment un simple bout de bois, une ridicule baguette de 30 centimètres pouvait-elle autant le terrifier ? Comment un si petit morceau pouvait-il renfermer une si grande malédiction ? Par le simple pouvoir d'une licorne, ce qui avait été autrefois son quotidien devenait maintenant une arme de terreur. Il attrapa la baguette et manqua de la faire tomber en la recevant. Il n'en voulait pas. Il ne voulait pas utiliser le meurtre d'une licorne innocente. Il ne pouvait pas.

- Je ... Merci, Fred. Tu m'aides vraiment, sache-le.

- Tu m'as sauvé, là-bas.

- Tu n'aurais pas été en danger si je n'avais pas été là. Répliqua Regulus, un petit sourire aux lèvres.

Fred rigola à sa remarque. Cela faisait du bien de rire, après toute cette tension. Il en avait cruellement besoin. Il n'avait jamais eu de problème pour rire, avant, mais c'était avec George. Sans lui, le monde paraissait tellement plus terne, plus fade qu'il n'avait plus envie d'en rire. Il ne trouvait plus la vie si drôle qu'avant, malgré tous ses efforts. Et ce qu'il lisait sur le visage du cadet des Blacks lui renvoyait la même impression. Quelque chose dans ces yeux sombres était froissé, brisé par une vie trop éprouvante. Comme un petit air désabusé, définitivement déçu. Comme un désenchantement survenu trop tôt. Et Fred pouvait le comprendre, si Sirius avait finalement fui sa famille.

Aimer pour mieux détruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant