jeu d'échecs

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Erèbe resta un court instant figé, au milieu de la pièce. A quelques mètres, il y avait la fenêtre par laquelle sa mère avait sauté, sans une once d'hésitation. Qu'avait-elle vu de si terrible pour qu'elle veuille se donner la mort ? Elle, la Reine des Vampires, qui avait survécu à la chasse des humains ? Le jeune prince s'approcha, lentement, sans trop y croire.


En bas, le corps désarticulé gisait.

La tour était haute, mais la vision aiguisée d'Erèbe distinguait la nuque brisée, la côte brisée qui sortait de la poitrine, le sang qui s'écoulait lentement. Ses yeux s'écarquillèrent, brillants de larmes. Il ouvrit la bouche en une plainte muette. Puis, d'un coup, sa voix sortit, son hurlement résonnant jusqu'au palais.

« ! »

Il frappa le rebord avec ses poings, une fois, deux fois. Un torrent de larmes coulait sur son visage blême. Un étau comprimait sa poitrine, comme si on avait enfermé son cœur dans une vierge de Nuremberg. Sa peau s'était arrachée sur ses mains, mais il ne sentait pas la douleur. Il avait l'impression de suffoquer, il était plongé dans un lac de désespoir, sa respiration se bloquait.

Sa mère, sa Reine, s'était donné la mort devant lui, parce qu'elle avait Vu son avenir.

Il regardait toujours le corps cassé d'une marionnette dont on aurait coupé les fils quand une main douce masqua ses yeux. Il ne vit plus que le noir, et son esprit s'apaisa lentement, alors qu'un bras le serrait contre le corps toujours chaud d'Aither.

« Shhh… Mon doux Erèbe… Ne regarde pas… Voilà, ne regarde pas... Ne vois que moi… Ne pense qu'à moi… Mon bel Erèbe… »

Et alors qu'Erèbe, lentement, se calmait, Aither sourit contre le cou de son protégé.

Par un heureux hasard, la Reine n'était plus. Bientôt Echec au Roi.

Erèbe avait pu échapper jusqu'à présent à la majorité des cours de Potions. Ce n'était pas comme s'il avait fait exprès, mais les multiples évènements avaient fait en sorte qu'il n'assiste qu'à un cours sur quatre, voire cinq.

Et encore. Il était optimiste.

Heureusement pour lui, Slughorn était un professeur compréhensif (quoique un peu trop porté sur la gloire à son goût) et il avait fait en sorte qu'il soit à côté de l'un de ses meilleurs élèves afin que ses absences n'influencent pas trop ses notes. En d'autres termes, Erèbe avait Severus comme partenaire de potions, ce qui n'était pas plus mal étant donné qu'il en avait une sainte horreur, en plus d'y être farouchement allergique.

Pour être franc, il déléguait tout ou presque à Severus.

En plus de rester sans rien faire en observant son partenaire faire tout le travail, Erèbe s'amusa beaucoup à gâcher les potions de deux Gryffindor… Potter et Black n'étaient pas nuls en potions (sinon, ils ne seraient pas là) et il était vraiment, vraiment, amusant de les voir s'exciter autour d'un chaudron parce que, sans raison apparente, leurs potions explosaient.

« Cesse de distraire la classe, Thanatos. » Lui murmura Severus.

« Et pourquoi ? Je m'amuse. C'est mon droit. Et puis, ne me dis pas que tu as pitié de ces deux idiots. » Rétorqua le Prince, agitant sa main en un geste agacé.

« Ce n'est pas ça, c'est que les imbéciles qui ricanent ou s'énervent m'empêchent de me concentrer. »

« Eh bien conjure un sort de silence. » Soupira Erèbe.

Avec un grognement, Severus sortit sa baguette et l'agita, créant une bulle de calme autour de leur table. Certains élèves l'imitèrent, ennuyés eux aussi par le brouhaha qui régnait dans la salle de classe.

Le prince de l'ombre (tome 2) {Fini}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant