Aither et Erèbe, à la vie à la mort, unis pour toujours.

110 3 0
                                    

Erèbe fixa longuement le parchemin sur lesquels étaient encrés ces mots. Puis, lentement, il le jeta au feu, le regard vide. Partout où il allait, il voyait les traces de la présence d'Aither. Aither, son soi-disant cousin, son presque frère, son meilleur ami. Aither, son amant, son âme-sœur.

Aither qui les avait trahis.

Ce n'était qu'un jeu.

Tout ça n'avait été qu'une vaste manipulation dans le but de pousser Erèbe à aider Aither dans ses sinistres projets. Erèbe n'avait qu'un jouet, un amusement.

Il les revoyait encore, les deux corps qui dansaient en chœur, dans le lit à baldaquins. Les draps étaient bleus. Et Aither riait, riait tandis que sa partenaire jouissait entre ses bras. Et juste avant qu'Erèbe ne referme la porte, blessé, Aither l'avait regardé. Lui avait souri. Victorieux.

Ce n'était qu'un jeu.

Erèbe était fatigué de cette longue existence, pénible. De ce père qui s'enfonçait dans sa rage depuis les Renégats. Des regards remplis de pitié qu'on lui lançait dans les couloirs. De ces murmures pathétiques qui racontaient que lui et le traître avaient été amants.

Amants ? Non. Oh non. Il ne méritait certainement pas le toucher du Monarque du Temps.

Il n'avait eu droit qu'à quelques baisers. Pour le faire tomber dans le filet - car un homme amoureux perdrait ses perspectives et sa morale n'est-ce pas ? Et ce n'était pas si faux. Si Aither le lui avait demandé, Erèbe aurait tué son père. Peut-être.

Il avait mal, mal, mal au cœur et à l'âme. Ce vide si profond qu'il ne pourrait plus jamais remplir, et que même le temps ne pourrait guérir.

Et Aither, pour le faire souffrir encore plus, l'empêcher de le rejoindre dans la mort, avait brisé leur lien. En lui avouant la vérité. Avaient-ils jamais eu un véritable lien ? Oui. Erèbe en était certain. Aither avait-il été sincère ?

... Parfois sans doute.

Tout n'avait pas pu être un mensonge, s'affirmait Erèbe quand la souffrance devenait trop forte. Quand il se réveillait en hurlant la nuit, revoyant sans cesse le corps, la tête, le sang dans la cour, tout autour de lui. Il réentendait sans cesse ces mots, si cruels et froids.

Je vous hais tous.

Même Erèbe. Surtout Erèbe, qui l'avait stoppé dans son œuvre.

« POURQUOI NE PEUX-TU ME LAISSER EN PAIX ? » Hurla Erèbe à son miroir.

Assassin lui renvoya son reflet, dans ces mots rouges, trop rouges tourbillonnants sur la surface chatoyante. Sa magie éclata, brisant le verre. Les éclats jaillirent dans la chambre en une parodie malsaine du sang et des morceaux d'Hypnos, lorsqu'Aither l'avait tué.

Hypnos...

Le plus beau gâchis sans doute. Si Erèbe n'était pas intervenu dans leur combat... Hypnos n'aurait pas été distrait, par ce stupide prince qui le suppliait de ne pas tuer l'unique personne qu'il ne pourrait jamais aimer. Et Hypnos avait fait de son mieux. Il avait toujours été bon à l'épée après tout.

Mais il n'avait jamais surpassé Aither.

Et Aither, il avait rusé, avait fait mine de viser Erèbe le prince héritier, du même sang que le roi, une autre victime potentiel pour Typhon. Il n'aurait pas tué Erèbe. Sans doute pas.

Je vous hais tous.

Aria avait vu, horrifiée, sa voix hurlant des prières qui n'avaient pas été entendues, son âme-sœur se faire déchirer par l'épée, implosée par la magie destructrice du chef des Renégats. Et Erèbe, terrifié, s'était fait embrasser par Aither. S'était laissé faire. Honteusement.

Le prince de l'ombre (tome 2) {Fini}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant