Chapitre 10 : Élu

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Un parc. Trois garçons sont assis sur le même banc. Il y a quelques jours, la NERV a décidé de transférer l'EVA-03 à la base principale de NERV-1, à Tokyo-3. Ce que cela voulait dire, c'est qu'il allait avoir besoin d'un nouveau pilote. Évidemment, le destin fait bien les choses car l'Institut Marduk, l'organisme chargé de trouver des pilotes pour les Evangelions ont justement trouvé un pilote qui serait en mesure de piloter l'EVA-03. Le destin est une ordure qui se joue de nos vies, nous torturant jusqu'à ce que nous perdons la raison, jusqu'à faire taire cette voix dans notre tête pour ne laisser qu'un rire sadique, jusqu'à ce que la frontière entre le royaume de notre folie, l'empire de nos sens et la réalité, majesté aveugle et sans cœur, bourreau impartial dont l'épée de Damoclès ne rate jamais sa cible. C'était pour toutes ces raisons qu'il a fallu que le nouveau pilote soit un enfant. C'est comme ça en temps de guerre, ce sont les parents qui enterrent leurs enfants. Mais il n'y avait personne pour pleurer ces damnés, car on avait accepté depuis bien trop longtemps que c'était leur sort et qu'on ne pouvait y échapper. Bien sûr qu'on ne devrait pas imposer ces horreurs à des enfants, mais il n'y avait plus rien d'humain dans ce combat. Quand les pertes civiles sont des statistiques, les dommages collatéraux rien d'autre qu'une facture à payer et la morale qu'un ensemble de règle peu défini, la place des « sentiments » des individus semble être une mauvaise blague. Et la liste des offrandes aux dieux fous qui se délectent des souffrances humaines s'allongeait encore une fois.

« Voilà. J'ai été sélectionné. Je crois que je n'ai pas besoin d'expliquer ce que cela veut dire, n'est-ce pas ? Je veux dire, tu le sais déjà, c'est ton quotidien. Et toi, je pense que t'es suffisamment intelligente pour comprendre ce que ça veut dire. Quelle putain de blague. Dire que je t'ai pété la gueule pour avoir fait ça, je fais exactement la même chose. Ils ont peut-être raison quand ils disent que je suis complètement con. »


Les mots du jeune homme étaient dures. Il ne se réjouissait pas de son destin, car désormais, il n'était plus de ceux qui fuir dans les abris en cas d'attaque. Il avait rejoint le cercle très fermé des déicides. Quel honneur que de se battre pour cette humanité, quel honneur que d'à son tour servir de pion pour des machinations qui n'ont rien à voir avec notre survie, quel honneur de vivre dans la peur constante de la mort.

« Merde ... mes deux meilleurs potes sont des pilotes de robots géants. J'ai vraiment un don pour choisir mes amis. Je suppose que t'as pas le choix hein ? Je... désolé, juste j'ai... j'ai du mal. Je crois que je suis pas encore prêt au fait que, du jour au lendemain, vous pourriez mourir. Moi aussi tu me diras, mais vous êtes en première ligne. Je... je sais pas, je me sens impuissant, de me dire que je peux pas vous aidez.

- Tu nous aide déjà assez comme ça Ken. Je crois que la seule raison pour laquelle Shinji est encore en vie, c'est parce que t'as été capable de forcer du bon sens dans mon crâne. Et puis, je suppose qu'on a toute une équipe derrière, pas vrai Shinji ?

- Effectivement, répondit Shinji, on est pas les seuls à combattre. En dehors des pilotes, il y a des dizaines d'opérateurs, de techniciens, des scientifiques...

- Et je suis qu'un gosse ! Le seul truc que je peux faire, c'est d'être votre pote.

- Arrête de raconter des conneries ! » cria alors Tôji, supportant de moins en moins les plaintes de son amis. Cela ne faisait qu'alourdir le poids qu'il portait sur ses épaules.

« Des conneries ? Peut-être que tu penses que ça me plaît de rester là, à attendre pendant que mes potes sont en train de crever ? Tu penses que ça me plaît d'être terroriser dans un abri, quand la moindre seconde semble durait une éternité, quand on sait que ça sera peut-être la fin ? Et vous nous gardez toujours dans le silence, même mon père est incapable de me dire ce qu'il se passe. Mon propre père fait comme tout les autres clowns de la NERV, à...

Vous deux, dansez comme si vous vouliez triompherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant