Un secret est une chose bien étrange. Très souvent, nous avons de bonnes raisons qui font qu'il existe en premier lieu. Comme il devait bien avoir quelqu'un qui connaissait la véritable nature des EVA ou l'origine d'Ayanami, probablement la seule chose encore plus étrange que son comportement, dévouée au commandant Ikari et pourtant dénuée de ce qui ressemble à la moindre émotion. Mais tous les deux n'avaient pas la moindre réflexion sur ce genre de sujet, ils réfléchissaient tous les deux à la dilatation du temps. Non pas qu'ils avaient abordé le sujet, mais le passage du temps est effectivement lié à notre perception. Et ces deux heures semblaient s'allongées, comme si la nature même des minutes avaient changé, comme si on avait soudainement ajouté quelques dizaines de seconde dans une minute ou que les aiguilles de l'horloge semblaient être prit d'une paresse sans pareil et que la pile des montres électroniques commençait déjà à rendre l'âme.
Les gens n'avaient pas l'air de s'en rendre compte. Peut-être qu'ils pensaient qu'ils sortaient déjà ensemble, à moins qu'ils pensassent que c'était absolument impensable. Mais impossible n'est pas un mot qui devrait être prononcé à Tokyo-3, surtout quand votre quotidien est composé d'attaque régulières de monstres gigantesques qui défie les lois de la physique, de la logique et qui aurait probablement plus leur place dans la description des anges bibliques, plus proche des anneaux de feu aux mille yeux qu'un séraphin qui sert Dieu notre Père. De toute façon, il n'y avait pas grand-monde qui croyait en Dieu à Tokyo-3, il n'y avait pas grand-monde qui croyait en quoique ce soit. Et pourtant, ils cherchaient tout de même à s'éloigner, à garder une distance de sécurité, comme s'ils risquaient d'entrer en résonance et d'exploser, comme les bombes N², armes absurdes : capable de raser une ville entière, ne laissant qu'un cratère et pourtant les Anges pouvaient les encaisser sans même une égratignure. Mais tout cela ne changeait rien à la situation.
« Tu sais » demanda une voix de jeune homme, « Tu pourrais faire semblant d'écouter et seulement la mater en dehors des cours. Je veux dire, t'as cette chance inouïe de vivre avec elle.
« Je vois pas ce qui pourrait lui trouver » répondit une autre voix d'adolescent, « Ouais, c'est sûr qu'elle est clairement plus bonne que la majorité des filles ici mais elle a caractère absolument infâme, c'est genre ...
- ... une rose aux mille épines. » répondit enfin la personne qui sortait avec la fille décrite comme une harpie.
Kensuke et Tôji étaient tous les deux surpris. C'était... Shinji qui avait prononcé ces mots ? Sur ce ton ? On rêve, on hallucine, on imagine que dis-je, on invente ?
« Mec, qu'est-ce que tu viens de dire ? » répondit Tôji, ayant probablement prit la phrase comme une droite dans la face.
« J'ai dit une connerie ? » bredouillait alors le jeune pilote qui ne savait pas vraiment s'il venait de descendre dans l'estime de ses amis
« Nan, c'est juste ... » répondit Kensuke « ... que ça fait bizarre de t'entendre dire ça. T'as ... j'te respecte en vrai, c'est pas le genre de truc que je pourrais faire.
- Comment ça ?
Cette fois, c'était à Shinji de se prendre une claque en pleine face.
« Je veux dire » reprit le gamin à lunette, « T'es pas comme les autres mecs qui n'ont même pas le courage de la regarder en face. Bon, je le savais que t'étais déjà brave, je veux dire, tu pilotes un EVA, je vois difficilement ce qui pourrait être pire, tu nous as bien sauvé donc niveau bravoure, ça se pose là. »
Effectivement, il les avait sauvés. Mais avoir des « civils » qui voyait au-delà du robot géant de la mort qui tue, qui apercevait le gamin qui était forcé à affronter des créatures cauchemardesques, c'était une première. Il se sentait moins... seul, comme s'il n'avait fallu que de faire un pas, comme si toutes ses années de solitude avaient trouvé leur fin. Il venait de trouver le point faible du mur, ce foutu mur qui l'emprisonnait. Il n'était plus question de le franchir, il était question de le détruire. Pour lui, pour Asuka, pour Rei, pour Misato, pour Kensuke, pour Tôji, pour le reste, pour le monde, pour son père. D'enfin avancer, de faire face, de lutter, de reprendre en main le contrôle du destin qu'il a perdu. Il ne sera plus jamais traîné par les autres, il ne sera plus jamais celui qui prend le coup sans réagir, sans se débattre. Il ne fuira plus devant quiconque, que cela soit un Ange, un camarade de classe, Asuka ou son père. Seul, il ne se sentait plus seul. Il avait, au moins le sentiment, d'avoir des gens sur qui compter, de ne plus être seul.
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Vous deux, dansez comme si vous vouliez triompher
Fiksi PenggemarUne fanfiction Evangelion (se basant sur le canon de la série originale), développant l'idée d'une relation amoureuse entre Shinji et Asuka et des conséquences que cela aura sur eux, leur entourage et peut-être même le monde. (l'image provient du fi...