Le noir.
Le vide.
Le néant.
C'est sur ces dernières notes de déréliction que la vision trouble et immuable de Kuroo aurait dû s'arrêter. Pourtant, il se trouvait là, sur un plateau de twister bancal, tout droit sorti de l'abîme de structures toutes plus irréalistes les unes que les autres. Tenant tout juste en équilibe, avec le sol jonché de pics à vingt-mètres d'où il se tenait avec difficulté, il jeta un coup d'oeil à Daishou. Ce dernier se voyait la bouche entrouverte, le regard absent, ne prenant plus en compte la véracité en laquelle il avait encore foi quelques minutes plus tôt. Il ne se retint alors plus. Ses muscles se relâchèrent, et il se laissa tomber. En une fraction de secondes, Kuroo comprit que Daishou venait lui aussi de recouvrer sa mémoire. La pièce vacante de leur raisonnement, qu'ils pensaient futile, certains que l'autre avait eu une idée saugrenue qui lui était passé par la tête pour faire une farce, en se moquant plus ou moins gentiment de son rival comme ils en avaient l'occasion lors de certaines de leurs altercations. Cependant, l'implacable vérité venait de s'introduire en eux, ne leur laissant aucunement le bénéfice du doute.
Kuroo n'avait amorcé aucun geste en voyant Daishou sombrer. Alors que les larmes commençaient à prendre place sur son visage, lui laissant un profond goût d'amertume au travers de sa gorge et de ses tripes, ainsi que salé au bord de sa muqueuse inférieure, il vit des fils translucides passer à travers le plateau sur lequel il se tenait, et qui repêchèrent Daishou à temps avant qu'il ne heurte de plein fouet le sol.
Tel un hameçon ayant aggripé sa proie, Daishou se vit hisser à nouveau sur le plateau d'arcade. Ce dernier, au contact de son nouvel arrivant, se mouva une dernière fois, redonnant au terrain une apparence des plus banales.
Il n'y avait plus de précipice, plus de twister. Le Quindecim se voyait arborer à nouveau son apparence initiale, celle qu'ils avaient découverts une fois ce lieu franchi.
Les fils reliés à Daishou se déroulèrent, et vinrent à la rencontre de leur détenteur, qui s'avérait être le barman. De ses paumes grandes ouvertes, les liens qui avaient secouru l'adolescent se virent s'effacer.
Il n'y avait ni bobine, ni aucun autre objet pouvant s'y référer se trouvant dans les mains de Decim. Une seule conclusion se présentait alors comme source fiable : il les avait crées et détruits de lui-même.
Kuroo, sentant ses prunelles s'embuer de plus en plus, jeta un coup d'oeil furtif envers son homologue masculin. Il était sidéré, et si aucune larme ne ruisselait sur les fins traits de son visage, ses points serrés eux, le regard baissé ainsi que sa bouche entrouverte montraient bien à quel point il était encore sous le choc des bribes de souvenirs qui lui étaient également revenues.
Ça n'avait duré qu'une poignée de minutes, peut-être même de secondes, mais les récents évènements leur étaient remontés en un claquement de doigt comme si, tel un polaroïd, les images vacantes s'étaient tout à coup colorisées, illustrant un passé qui frôlait le présent actuel.
Kuroo regarda le barman, celui qui s'était présenté comme étant Decim.
Essayant de maîtriser au mieux sa voix tremblante, il déclara, bien plus proche d'une constation que d'une réelle interrogation :- Nous sommes déjà morts, n'est-ce pas ?
Tandis que sa phrase atteignit son interlocuteur, les sons retenus dans la gorges de Daishou s'échappèrent. Ils étaient saccadés, essayant de restés sous un certain contrôle de fierté. Il leva lentement son poing, serra fortement son T-shirt au niveau du coeur, et inspira longuement. Avant que Decim n'aie eu le temps d'apporter sa réponse, il le devança.
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Don't death on my parade [KuroShou]
FanfictionKuroo et Daishou se retrouvent accueillis au Quindecim par un barman quelque peu étrange. Ils n'arrivent pas à déterminer comment ils sont arrivés à cet endroit, et surtout, leurs souvenirs sont flous. Mais peut importe à quel point leur mémoire est...