8) De l'insolence à l'obsolescence

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Le lendemain, les amoureux se retrouvèrent à l'endroit convenu. En effet, certain que Suguru l'avait bloqué bien plus pour le soûler que parce qu'il était réellement vexé, Kuroo l'avait appelé au fixe dans la matinée. Au vu de l'heure tardive de la veille, il n'avait pu faire autrement au risque de réveiller toute la famille Daishou ce qui, très certainement, ne s'avèrerait pas être une première impression de qualité. Il espérait en octroyer une de plus belle envergure à sa belle-famille.

En pensant à ce terme, Kuroo déglutit. Il se voyait encore mal adresser ce statut aux parents de son copain alors qu'ils n'étaient ensemble que depuis quelques semaines et que, bon sang, il n'avaient pas encore su exprimer leurs sentiments à l'oral. C'était certes ridicule, mais au vu de la plupart de leurs antécédantes discussions, il pouvait affirmer sans difficultés qu'ils avaient en leur possession un pannel non exaustif de communications aberrantes. Ceci expliquait bien des choses, comme certains rougissements prenant parfois naissance sur leurs pommettes, qui décridibilisaient leur semblant de contenance.

Ce matin, quand Daishou avait répondu à son appel téléphonique, nul doute qu'il n'était aucunement jaloux. Une voix mielleuse ainsi qu'un léger rire cristallin confirmèrent qu'il ne se faisait aucune fausse idée concernant Kenma. Mais, ma foi, toutes les opportunités étaient bonnes à prendre pour emmerder son monde. Surtout quand c'était fait avec beaucoup d'amour.

***

Lacets fortement noués à ses chaussures de randonnées, un large jogging pour éviter les démangeaisons dû aux orties, un simple pullover et un sac à dos bien rempli, Kuroo attendait à l'endroit convenu par Daishou, à savoir un arrêt de bus. N'ayant tous deux pas le permis, ils avaient décidés de prendre les transports en commun dans un premier temps, puis de terminer leur parcours à pied. L'air étais frais, et malgré les prédictions météorologiques annonçant du brouillard, celui-ci ne surviendrait qu'à la tombée de la nuit jusqu'au levée du soleil, si l'on se fiait aux pronostics annoncés. En attendant, un soleil taquin s'immiscait aux abords de ce début d'après-midi. Kuroo regarda furtivement sa montre. Elle annonçait treize heures. Il savait qu'une silhouette familière allait arriver d'un instant à l'autre, la ponctualité faisant parti de ses rares qualités. Il releva la tête en direction du trottoir.

Quand il aperçut des cheveux verts plaqués au loin, un petit chemisier, un jean et des baskets blanches, il sût que ça n'augurait rien de bon. Quand Daishou arriva près de lui, s'approchant prudemment et l'embrassant furtivement, Kuroo fut quelque peu décontenancé - encore plus que ce qu'il ne l'était déjà-.

- Désolé, mais embrasser un mec qui sent à plein nez le répulsif à moustiques, ça m'inspire pas trop. Sérieux, t'as clairement abusé sur les quantités là.

Kuroo ne se décontenança pas.

- Primo, c'est un répulsif anti-tiques, pas anti-moustiques. Arrête tout de suite de lever les yeux au ciel; non ça n'a strictement rien à voir, se sont de sales bêtes, genre vraiment.

Voyant que Daishou, retenant un soupir de dépit, ne semblait pas un seul instant crédule à ses propos, il décida de s'expliquer malgré le contexte quelque peu saugrenu des bribes de ses souvenirs juvenils.

- Je me rappelle encore, enfant, avoir eu une immense tique sur le sommet de mon crâne. J'étais allé chez le coiffeur, sans me douter de rien, et c'est en me brossant la tignasse qu'il a sentit un quelque chose sur le haut de ma tête. C'est à partir de ce moment-là que j'ai pris connaissance de l'existence de cette immondice. Bordel cette bestiole était tellement grande que j'ai dû aller chez le médecin pour qu'il me la retire. Depuis, je laisse mes cheveux plus ébouriffés que la moyenne des gens pour repousser ces monstres, et j'use un produit lors des beaux jours pour qu'une histoire pareille ne se reproduise plus jamais.

Don't death on my parade [KuroShou]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant