- Epilogue -

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Parce que nous sommes jeunes.

Plus précisément, parce que nous l'étions.

Parce que malgré que je devrais accorder ces temps au passé, ils sont toujours d'actualité.

De tes gestuelles lyriques aux commissures de tes lèvres qui se distendent, laissant entrevoir ton sourire chancelant, ainsi qu'en remontant jusqu'à tes prunelles mutines que j'affectionne tant, je me conforte dans ta rutilance qui se reflète en moi.

Les quelques humeurs maussades que tu me prodiguais, je les laisse dans les abîmes de mon anamnèse. Je garde en moi la frustration de ne pas t'avoir saisi au plus tôt dans mes bras, et de n'avoir su te dire clairement que je t'aimais. Que je t'aime. Parce que peu importe que le cycle des aiguilles n'emprunte qu'une boucle ascendante, que le temps ne se fige que lorsque nos mains se joignent, ces mots que j'aurais souhaité pouvoir prononcer, ils te seront à jamais destinés.

Je me voyais, lorsque j'étais en âge de pouvoir comprendre ce que signifiait mourir, répondre à une question lorsque je me retrouverais sur mon lit de mort, attendant que les quelques dernières minutes ne me rongent; répondre à l'implacable question qui tiraille toutes les bouches avides de curiosité, et qui en entraîne bien souvent une autre, plus prude, qui ne parvient pas toujours aux oreilles de leur destinataire.

Mon heure est venue bien plus tôt, et les minutes qui m'étaient destinées à entrevoir cette réplique ont fait place à des secondes.

" Quelle a été ta plus grande fierté ? (Quel est ton plus grand regret ?)"

A cette réponse qui ne me parait plus propice aux derniers instants m'étant octroyés avant l'affranchissement du sort qui m'est réservé, je me vois dans l'incapacité de répondre convenablement à cette question qui nécessiterait un temps qui ne m'est plus accordé.

Néanmois, voici ce que je peux affirmer : ma fierté, ma fierté mal placée m'a empêché de te dire à quel point je t'aimais. Que je t'aime.

Je sais que tu l'as saisi au travers de mes incessantes jactances et de nos regards fervents.
Alors même si tu ne peux pas l'entendre, et que tu ne le recevras jamais, des mes lèvres boursoufflées par la rivière salée qui défèrle de mes pupilles dilatées, je te le dis :

Merci.

Don't death on my parade [KuroShou]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant