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Johana déglutit et manqua de s'étouffer. Cet homme savait comment la mettre mal à l'aise, et la troublée. Elle repoussa son assiette vide et se retint d'ingurgiter une seule goutte d'alcool. Elle doutait de pouvoir garder le contrôle de ses émotions après avoir bu quelques gorgées.

— Qui êtes-vous réellement ? Lui demanda t-elle après un long silence. Un pervers narcissique qui cherche une nouvelle proie ?

— Il est un peu trop tard pour poser ce genre de question non ?

En effet, songea amèrement la jeune femme. Elle était seule avec cet homme dans un endroit inconnu, isolé de tout. Il pouvait faire d'elle ce qu'il voulait personne ne s'en rendrait compte. Elle n'aurait jamais dû accepter de le suivre... pire, elle n'aurait pas dû s'endormir dans la voiture d'un parfait inconnu. Maintenant elle était perdue.

— Pourquoi est-ce important pour vous de m'effrayer ? Ça vous excite ?

Anthon soupira agacé par les paroles de la jeune femme et par les pensées inopportunes qu'elle faisaient naître en lui.

— Ce qui m'excite c'est votre jolie bouche qui m'accable de répliques cinglantes, lança t-il peu amène.

— Êtes vous toujours aussi franc ?

L'homme acquiesça.

— Seulement avec les hommes et les femmes dont je me désintéresse complètement. Mais généralement je flatte celles que je souhaite mettre dans mon lit.

Anthon espérait avec cette phrase qu'elle comprendrait qu'il n'avait aucune intention déshonorante en son égard. Et que son seul intérêt pour elle se limitait au fait qu'il souhaite faire d'elle son égérie. Et aussi lui faire renoncer à son désir de retrouver ses sauveurs.

Rassurez quelque peu par les paroles du comte, Johana recouvra un peu de sérénité.

— Maintenant que les choses sont claires, parlez moi de vous, déclara Anthon.

À cette question Johana se replongea dans le passé. Lorsqu'elle n'était qu'une enfant et qu'elle était entourée d'amour et de protection. Lorsqu'elle n'avait pas à avoir peur car sa mère veillait toujours sur elle, une époque où elle n'avait pas de père. Refoulant ses larmes, essaya de trouver un récit sur sa vie qui réussirait à convaincre le comte. Elle aurait tant voulu avoir une multitude de personnalités mais c'était impossible. Tout en elle était lié contrairement au comte.

— J'ai vingt-trois ans, je suis étudiante en art, répondit-elle.

— Famille ?

Johana se mordit la lèvre nerveuse. Devait-elle mentir ou dire la vérité ? Elle opta pour la deuxième option.

— Non.

Elle venait de mentir devina Anthon en serrant la mâchoire.

— Un petit ami ?

La jeune femme lui lança un regard interloqué.

— Je suis célibataire, je vous l'ai pourtant dit ce matin.

— Simple vérification.

Anthon lisait en elle comme dans un livre ouvert. Malgré les efforts qu'elle déployait il devinait par ses expressions ce qui était vrai ou faux. Et même s'il n'avait pas pu le faire, il lui suffirait de lire le dossier que lui avait apporté George sur elle pour obtenir les informations nécessaires. Mais il avait un doute quant à sa vie amoureuse, elle lui cachait quelque chose et il finirait par découvrir quoi. Il baissa les yeux sur ses doigts et étudia son annulaire à la recherche d'une trace quelconque d'une éventuelle alliance mais les doigts de la jeune femme étaient aussi intacts que ceux d'un nouveau-né. La jeune femme retira ses mains sur la table et les cacha sous la table gênée par son regard inquisiteur.

Un dangereux protecteur(1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant