Mercredi - 3

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Le garagiste a simplement repris les clés, puis est ressorti. Ariane a détendu son souffle tout doucement, et j'ai senti une petite brise dans mon cou. 
Les deux cambrioleurs ont pris les clés et le garagiste est reparti en grommelant. On a alors entendu discuter:
-Du coup, on rentre ce soir? 
-Non, non, y'a une fête à la Cabane. J'ai envie de m'amuser un peu, on va y faire un tour avant.
-T'es sur? 
-Oui. J'ai besoin de décompresser un peu là. Toute cette pression, c'était chaud cette semaine. On fera la route cette nuit, après la soirée. On aura moins de chance de croiser les flics. 
On a ensuite entendu leurs voix s'éloigner.
Ariane s'est risquée à jeter un coup d'œil, et j'ai voulu la retenir en la tirant par le bras.
-Qu'est ce que tu fais?
Elle n'a pas répondu, faisant à peine dépasser ses yeux du bureau, vers le garage. Puis elle m'a entraîné avec elle, d'un coup:
-Viens!
Et avant que je n'ai pu comprendre ce qu'il se passait, on s'est mis à courir comme des dératés à travers le garage, puis dehors, dans la rue, jusqu'à se retrouver derrière l'angle. On a repris notre souffle, sans rien dire, en se regardant, les yeux écarquillés.  

J'ai pris une grande inspiration,  et on a parlé tous les deux en même temps:
-Il faut rentrer, et...
-Il faut aller à la soirée!
J'ai fronçé les sourcils.
-Quoi?
-Il faut y aller! a insisté Ariane. C'est bon, on sait où trouver la camionnette maintenant!
-Mais qu'est ce que tu veux faire? C'est fini, ils s'en vont, on a essayé, on rentre!
-Tu veux vraiment repartir maintenant? Sans avoir été au bout des choses? Tu veux abandonner si vite? Faire parti de ces gens qui vivent avec des regrets, parce qu'ils ont eu peur, parce qu'ils n'ont pas osé?
-Non, ce n'est pas ce que je...
-Ecoute, y'a aucune raison que ça se passe mal ce soir. On va à la soirée, on voit où ils sont garés, on force le coffre, on prend la pochette et on rentre. Tu passes l'oral lundi, tu rentres dans ton école, et tout est pour le mieux! 
-Comment on rentre dans le coffre de la camionnette?
-Avec un pied de biche. Ça prend trente secondes max, et une fois ouvert, tu peux fouiller dedans ce que tu veux, personne trouvera ça louche. 
-Sauf les propriétaires de cette camionnette.
-Ils seront à la soirée. Tu surveilles souvent ta caisse quand tu vas en soirée? 
J'ai poussé un grand soupir. 
-C'est du vol. Ca devient illégal.
-Hey! C'est eux qui t'ont volé en premier! C'est pas à moi qu'il faut dire ça, mais à eux! Remarque, ce soir, si tu penses que c'est un meilleur plan, on peut aller les voir, et juste leur dire ça. "Salut, désolé de vous déranger, mais vous m'avez cambriolé et c'est pas très légal, vous pourriez me rendre mes trucs?" Pas sure que ça marche.
J'ai considéré mes options. IL fallait que je tente. Elle avait raison. J'allais juste regretter toute ma vie, si je ne rentrait pas à Marie Friedrich.
-Ok, ok, ça va, je te suis. Faut juste que j'invente un truc pour mes parents. 

Deux heures plus tard, je me retrouvais à la caisse d'un Castorama, à coté d'Ariane, les mains dans nos poches, avec juste un pied de biche posé sur le tapis roulant. La caissière nous as jeté un regard perplexe.
-La porte de la cave est coincée, a lancé Ariane en guise d'explication. 
Ça n'avait pas l'air du tout de convaincre la dame, mais on est ressorti de là avec notre pied de biche. 
-Maintenant, il faut qu'on trouve où est la soirée. Ils ont parlé d'une "Cabane"... 
-Ca devrait pas être compliqué à trouver...
On est repassé par la voiture, pour prendre nos téléphones et se poser un peu. On n'a pas eu besoin de chercher longtemps, la Cabane étant le nom d'un bar au bord de la plage à vingt minutes de voiture d'ici. On n'avait plus qu'à manger et y aller. Ce soir, tout serait fini.




Le monde peut bien brûlerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant