Je me suis réveillé avant Ariane. Elle dormait dos à moi, les cheveux éparpillés sur l'oreiller. J'ai frotté mes yeux, puis pris mon téléphone pour regarder l'heure. 7h26.
J'avais bien dormi, le lit était super confortable. Je me suis levé pour aller prendre ma douche. Ça me permettait de bien me mettre en forme pour la journée. Je me suis habillé, et quand je suis sorti, Ariane avait à peine bougé. Je me suis rassis sur mon lit, et je l'ai secouée un peu par l'épaule. Elle a grogné, mais au moins, elle était réveillée.
-Allez, debout! On va voler les voleurs, aujourd'hui!
Elle s'est retournée sur le dos en baillant.
-Deux secondes...
Je me suis levé et j'ai tiré les rideaux, pour laisser entrer la lumière du jour. Ariane a protesté en remontant la couette sur ses yeux. Je me suis assis sur le bord de son lit.
-Allez, viens! On va d'abord s'arrêter pour prendre un bon petit-dej, d'accord?
Elle a sorti sa tête, avec un grand sourire.
-Oh oui! Des pains au chocolat, du pain chaud...
-Oui. On y va!
Je l'ai regardé se lever, la marque de la couette imprimée sur ses jambes. Elle s'est débarbouillée, et puis le temps de se préparer, on a quitté l'hôtel vers huit heure et demi.
Il faisait frais, un léger vent soufflait sur le parking presque vide de l'hôtel. Notre Mustang rouge brillait par rapport aux deux autres voitures. Une route passait devant, bordée de quelques vieilles maisons, et d'une boulangerie que j'avais repéré la veille. On y est allé, en croisant un chat roux, qu'Ariane a caressé.
Une odeur accueillante de pain chaud flottait dans la petite boulangerie. Un garçon, qui devait avoir notre âge, nous a accueilli, pas très sur de lui. On aurait dit qu'il venait d'être embauché.
-Bonjour! Que puis-je pour vous?
-Bonjour! On va prendre deux pains au chocolat, un croissant, et... Ariane?
-Oh, pour moi, ça ira.
-Mhh, a dit le garçon derrière la vitre, je peux vous conseiller la tartelette à la framboise?
Il s'est alors penché vers nous, comme s'il avait peur d'être entendu.
-C'a m'aiderait beaucoup, la patronne menace de me virer parce qu'elle pense que je vends pas assez. Mais c'est qu'elle a changé de recette de pain, elle est persuadée que c'est bien meilleur alors que tout le monde me répond qu'il est bien moins bon. Elle me dit que je "ne sais pas le vendre". Alors si je pouvais faire d'autres ventes en plus...
-Bon, alors va pour la tartelette à la framboise, a répondu Ariane.
Le garçon afficha un grand sourire.
-Juste pour savoir, c'est vrai cette histoire de patronne et de pain ou tu sors ce discours à tous les clients?
-Ah, c'est bien vrai. Mais je ne le dis qu'aux plus jeunes et aux habitants du village que je connais bien. Il y a deux boulangeries, et les gens commencent à aller plus chez l'autre à cause de ça! Une fois, j'ai raconté ça à une dame que je ne connaissais pas trop. Elle a menacé d'appeler la patronne pour lui dire. J'ai du lui payer sa commande pour qu'elle accepte de se taire.
Il finit de préparer notre commande, je lui ai donné un billet de dix, en lui disant de garder la monnaie, puis on l'a remercié et on est sorti.
-On mange ici?
-Non, non, pas dans le village de la dame au mauvais pain. Faisons un peu de route, on va trouver un coin plus sympa!
On est monté dans la Mustang, et on a roulé. Le matin nous précédait de peu, et les arbres semblaient s'étirer le long de la route. Le paysage de vallées boisées et de champs, d'une terre auquel l'homme avait mis des siècles à s'adapter, à façonner, et qui le façonnait en retour.On s'est arrêté au bord d'une petite route, qui avait l'avantage d'être au bord d'une vallée abrupte, et donc de nous donner une vue magnifique. Il était neuf heures du matin. Une rivière coulait en contrebas, se jetant avec force dans les virages rocailleux polis par l'eau. Les arbres chatoyaient, renvoyant son salut au soleil. Les viennoiseries étaient vraiment bonnes. Peut être que le pain était mauvais, mais pas le reste. On s'est assis sur le capot de la voiture encore chaud pour manger.
-On devrait arriver à la Rochelle vers quatorze heure, a dit Ariane.
-Ça nous laisse du temps pour préparer un plan.
-Oui. Le premier truc à faire, c'est savoir si ta pochette est dans le camion où s'ils l'ont posée ailleurs. Ensuite, une fois repérée, il faut la choper discrètement. On fait ça en équipe.
-On appelle pas avant?
-Je suggère de d'abord aller devant pour faire du repérage. On pourra aviser alors.On s'est mis en route, filant vers l'Atlantique. Je donnais les indications de route, je choisissais les musiques, je faisais des blagues. Ariane conduisait, chantait et riait. On a fait une petite pause parce qu'elle voulait aller aux toilettes. Quand on se garait dans l'aire d'autoroute, on attirait les regards, surement à cause de la voiture, et parce qu'on avait l'air bien jeune. Je priais pour qu'on ne croise pas de policier un peu trop curieux.
Vers quatorze heure, l'océan était en vue.
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Le monde peut bien brûler
Teen FictionEn une soirée, la vie de Paul s'écroule. Il perd son avenir, la fille qu'il aime, et tout son argent. Alors qu'il est au plus bas, il rencontre Ariane, avec qui il part à la recherche dangereuse de ceux qui lui ont tout volé. Quitte à tout risquer...