Dimanche - 3

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Sur le trajet du retour, j'avais l'impression que tout était plus sombre. Je voulais entrer le plus vite possible, me jeter sur mon lit et m'écrouler. Tout va bien. Ne réagis pas comme un enfant, ça arrive à tout le monde, si elle a un repas de famille elle a dû passer toute l'après midi à aider, elle était prise dans les préparations... 

J'étais presque arrivé. Je me suis arrêté un peu, pour aborder une expression neutre quand je rentrerais. J'allais juste dire que j'étais fatigué et que je suis parti plus tôt de la soirée, avec un sourire. J'allais un peu mieux. J'allais voir Ilona demain et tout irait bien.

Enfin, j'allais mieux, jusqu'à ce que je tourne à l'angle de ma rue. Celle ci était illuminée de lumières dansantes bleues et rouge.

Il y avait deux voitures de police devant ma maison. 

Tout s'est évaporé dans ma tête. Je me suis mis à courir, et j'ai immédiatement été rassuré lorsque j'ai vu mes deux parents discuter avec un policier. Que s'était t-il donc passé alors? Je suis arrivé, essouflé, devant eux. Ma mère m'a prise dans mes bras, elle avait une expression choquée.

-Oh Paul, on a été cambriolé! 

Deux émotions contraires se sont affrontées. Premièrement, le soulagement. Personne n'avait été blessée, personne n'était mort. Deuxièmement, une onde de choc, de stupeur. Cambriolé? Comment ça? Qui, quand, comment, pourquoi? J'ai eu quelque réponses en écoutant mon père parler aux policiers.
-On était sorti faire un tour avec ma femme, juste pour prendre l'air après le repas, et quand on est revenu, on a vu le salon saccagé, la vitre brisée... on vous a appelé directement...

 Je crois que j'ai répondu vaguement à quelques questions aussi, je ne me souviens pas très bien, j'étais complètement sonné... J'ai alors senti une bouffée de panique monter en moi, j'ai laché ma mère et je suis rentré dans la maison. Tout était méconnaissable. Les meubles du salon avait été renversé, les tiroirs fouillés, la télé tiré du mur, ce qui avait arraché les cables. Il y avait deux policiers qui prenaient des notes et des photos. Ils m'ont demandé de ne rien toucher, je ne me suis pas attardé et j'ai filé vers ma chambre. Là, mon sang n'a fait qu'un tour. Ma chambre aussi avait été dévalisée. Mon bureau était sur le coté, tous mes vetements, papiers, tout était par terre. On aurait dit qu'une tornade était passée. Je sentais mes tempes battre. Mon ordinateur avait disparu, bien sur. Mais ce n'était pas ce que je cherchais. J'ai retourné toute ma chambre encore et encore, ajoutant encore plus de chaos. J'étais comme possédé.

Je ne trouvais pas ma pochette de dessin. 

Il fallait que je continue à chercher. Encore. Ce n'est pas possible, elle n'a aucune valeur, ce ne sont que des dessins, pourquoi des cambrioleurs la prendrait t'il? Mais je ne la trouvais pas. Au bout d'un moment, des policiers sont venus voir ce qu'il se passait, et je suis juste sorti de ma chambre. J'avais envie de hurler. Je ne comprenais pas. Si ma pochette avait disparue, je pouvais dire adieu à Marie Friedrich. Jamais je n'aurais le temps de refaire un portfolio d'ici là. J'étais foutu. Tous mes rêves s'envolaient. 

Je suis sorti complètement effondré. J'avais l'impression que les lumières bleues des gyrophares tournaient au ralenti, et que j'entendais tout comme si j'avais la tête sous l'eau. J'ai dis à mes parents que j'avais besoin de prendre l'air. De toute façon, je n'avais plus rien à faire ici. Je ne me sentais même plus chez moi. Comme si notre intimité n'existait plus, que tout avait été souillé, que ma chambre n'était plus qu'un espace ouvert où tout le monde pouvait venir se servir. 

Je ne sais pas pourquoi, je suis retourné au banc. Le même où Ilona m'avait posé un lapin il y a une heure. Il y a avait quinze mille émotions dans ma tête. Mais la plus grande d'entre elle était le désespoir. 

Les étoiles étaient de travers. 

Au moment où je suis arrivé sur le banc, j'ai vu qu'une fille était assise dessus.


Le monde peut bien brûlerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant