Chapitre 11

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Elle rentra à nouveau et essaya de calfeutrer la porte comme elle pouvait, pour qu'elle ne laisse passer le moins d'air froid possible. Il faisait sombre à présent dans la vielle bicoque, et le froid l'envahissait de plus en plus. Elle remarqua un endroit au milieu de la pièce qui semblait autrefois avoir contenu des braises, et un petit tas de bois qui avait été protégé de l'humidité de la pluie trônait dans un coin. Elle essaya de se remémorer les moments où elle allait en montagne faire des barbecues avec ses parents, et comment son père allumait le feu pour faire frire les viandes et les légumes.
La jeune femme fit moultes tentatives infructueuses, avant de voir enfin une lueur orangée apparaître entre ses doigts. Elle souffla de toute ses forces sur le morceau de tissu qu'elle avait trouvé dans son sac, et le posa dans l'âtre alors qu'il s'embrassait enfin. Elle courut vers le tas de bûches pour alimenter son feu naissant, et elle se saisit d'une pour la brandir à bras le corps vers la porte lorsqu'elle entendit un bruit.

- Granger, c'est moi. Ouvre.

Hermione baissa sa bûche, soulagée, et grommela.

- Je ne suis pas ton laquais, tu pourrais ouvrir toi même.

- J'ai les mains prises.

En effet, dans l'encadrement de la porte se dessinait un Malefoy dégoulinant, tenant d'une main leurs deux gourdes pleines, et de l'autre un lapin sans vie.

- Comment tu...

- J'allais souvent à la chasse avec Père. Mais je n'avais jamais tué auparavant.

- Oh.

- Et toi ?, s'enquit-il en désignant le feu.

- J'allais souvent faire du camping avec mes parents.

Elle rit devant les yeux écarquillés de Drago, et lui expliqua brièvement ce qu'était le camping moldu. Elle referma la porte derrière lui tant bien que mal tandis qu'il s'assit pour commencer à dépecer le lapin. Hermione détourna la tête devant le sang et les poils, et elle dut reconnaître que son ennemi n'avait pas l'air ravi de faire ça non plus. Mais ils avaient tous les deux très faim, et c'était une aubaine pour eux que Drago ait attrapé ce lapin. Ils le placèrent devant le feu pour le faire cuire, silencieux et toujours trempés.
Ce fut Drago qui brisa la glace en premier, exprimant enfin ce que les deux adolescents pensaient tout bas.

- Il faut qu'on enlève nos vêtements.

- Quoi ?! , protesta Hermione d'une voix suraiguë.

- Ne crois pas que j'en ai envie non plus. Mais si on reste dans cet état, on va attraper la mort, et tu sais que j'ai raison.

Hermione hocha la tête en silence. Elle se débarrassa de son jean et de son pull trempés, ainsi que de ses chaussettes, et se retrouva donc simplement vêtue de son débardeur et d'un shorty. Elle étendit ses affaires en face du feu, essayant de ne pas trop regarder en direction de Malefoy qui lui était torse nu et simplement vêtu d'un caleçon. Hermione secoua la tête, cette situation était tellement étrange, et elle ne s'était jamais aussi sentie mal à l'aise de toute sa vie. Un rapide coup d'œil envers son ennemi lui indiqua qu'elle n'était pas la seule dans ce cas.

- Je crois que le lapin est cuit, fit-elle en brisant le silence à son tour, on peut manger.

Ils s'installèrent près du feu, se partageant les morceaux de chair qui leur apportait un peu de réconfort, soulageant leur estomac douloureux. Mais Hermione ne pouvait s'empêcher de remarquer que Drago essayait par tous les moyens de faire en sorte qu'elle ne voie pas son avant bras gauche. Elle était une fine observatrice, et lui faisait tant d'efforts pour le cacher que ça en devenait flagrant et contre productif. Elle profita d'un moment où il décortiquait une cuisse de lapin pour lui attraper le bras de sa main glacée, et ce contact les fit frissonner tous les deux, l'un de froid et de surprise et l'autre de peur. Elle resta un instant bouche bée, sans oser bouger, mais comme Drago ne faisait rien non plus elle finit par lâcher sa prise, laissant le bras retomber lourdement dans le vide.

Prémonition (Dramione) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant