Chapitre 6

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- Tu as une mine affreuse Granger. Ce n'était déjà pas un plaisir de passer ces deux heures avec toi, si en plus je dois les passer avec un zombie..

- Les zombies mangent du cerveau, tu ne risques donc rien Malefoy, rétorqua t'elle en passant devant lui sans lui adresser le moindre regard.

Il est vrai qu'elle n'avait que très peu dormi la nuit passée. Elle était restée dans ce couloir jusque très tard dans la nuit, jusqu'à en avoir le bas du dos endolori, et le cerveau en feu. Elle n'était pas non plus allée déjeuner, n'ayant pas du tout envie de devoir rendre des comptes à ses amis, et elle avait lutté toute la journée pour ne pas avoir à leur parler, d'une part, et de l'autre pour ne pas s'endormir durant les cours. Cette phrase était donc la première qu'elle avait prononcé depuis la veille dans la salle de Trewlaney, mais elle avait décidé de se reprendre en main bien vite. Ce n'était pas, mais alors vraiment pas, le moment de se prendre la tête avec des idées saugrenues et des poèmes à deux gallions d'une vieille chouette farfelue, qui avait certainement fait un numéro de cirque pour l'impressionner. De plus, Hermione avait tourné la prétendue prédiction dans tous les sens et analysé chaque mot, et en avait déduit qu'elle n'avait aucun sens. Enfin, elle en trouvait un, un seul, mais c'était 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠𝑠𝑖𝑏𝑙𝑒. Elle secoua la tête, essayant de chasser de son esprit cette ridicule pensée pour se concentrer sur son cours de sortilèges d'aujourd'hui. Elle avançait donc d'un pas décidé vers la salle de classe, laissant Malefoy bien loin derrière elle, lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec le professeur McGonagall.

- Ah, Miss Granger, très bien, c'est vous que j'étais venue voir.

- Rien de grave j'espère ?, s'enquit Hermione, la voix tremblante.

- À vous de me le dire. J'ai vu le professeur Trewlaney au repas, et elle m'a dit que vous aviez quitté son cours de manière très... Étrange. Elle s'inquiète beaucoup pour vous, d'autant que Madame Pomfresh ne vous a pas reçue à l'infirmerie.

- Oh oui, j'ai fait un petit malaise. J'ai beaucoup de pression sur les épaules en ce moment et parfois je ne prends pas le temps de manger. Je n'ai pas jugé utile de déranger Madame Pomfresh pour si peu donc je suis directement allée me coucher. J'irais m'excuser auprès du professeur Trewlaney pour l'incident d'hier soir.

McGonagall scruta Hermione avec un regard appuyé et une mine sévère, mais la jeune sorcière crut voir une étincelle de réelle inquiétude dans son regard. Hermione savait que sa directrice avait de l'affection pour elle tout comme elle même en avait pour son aînée, et elle se maudit de lui mentir de la sorte, surtout qu'elle semblait plutôt douée pour ça. McGonagall mit une main sur l'épaule de son élève avant de s'en aller.

- Bien. Mais faites attention à vous, vous devriez vous ménager. Vous n'aurez aucun mal à passer ce programme sinon vous ne seriez pas là, j'ai confiance en vous.

- Merci professeur McGonagall.

Elle était déjà partie, mais Hermione savait qu'elle l'avait entendue. Et elle se sentit encore plus coupable après ces adorables encouragements de la femme qu'elle admirait le plus à Poudlard. Elle tourna la tête, et vit que Drago la regardait, un lueur étrange brillant dans ses yeux gris. Son air n'était ni vindicatif ni agressif, juste... curieux. Elle détourna le regard et entra dans la salle de classe où le professeur Flitwick les attendait déjà, bien déterminée à l'ignorer. Lorsque tous les élèves attendus s'étaient assis, Flitwick prit la parole.

- Bien, je sais que c'est la fin de semaine et que celle-ci a été rude pour certains d'entre vous, que demain il y a un match de Quidditch, aussi je vous proposerai donc une séance de révision théorique sur tous les sortilèges que vous avez à connaître pour la fin de l'année. Attention, ce n'est pas un cours de vacances, je vous poserai au fil du temps des questions pour voir si vous êtes bien concentrés sur vos révisions.

Hermione se détendit un peu. Vu son état, c'était la meilleure chose qu'il pouvait lui arriver, un cours théorique où elle serait seule avec ses livres. Drago, quant à lui, semblait déçu. Il n'aimait pas les cours théoriques, il avait besoin de bouger, de manipuler, de pratiquer. Il détestait réviser, toutes les bonnes notes qu'il avait toujours obtenues l'avaient été facilement, sans aucun effort et sans jamais qu'il ait eu à passer des heures dessus. Il resta donc alerte, attentif à la moindre question que poserait le professeur Flitwick, et il répondit donc exactement aux questions sur le sortilège de Mutisme, d'Expulsion et même la question sur les sortilèges informulés, faisant gagner 15 points à Serpentard pour son implication. Hermione ne broncha pas une seule fois, et la seule question qui lui fit décoller le nez de son livre fut une seule, en particulier.

- Et maintenant, plus difficile puisqu'il se base sur vos connaissances personnelles. Quel est le sortilège qui garantit l'amour à celui qui l'envoie ?

- Il n'existe aucun sortilège capable de faire naître l'amour ou l'admiration d'une personne pour une autre. Le sentiment peut être reproduit, grâce à des philtres d'amour par exemple qui feront croire à la victime qu'elle éprouve des sentiments amoureux pour celle qui lui a fait boire, mais ce n'est qu'un leurre. L'amour véritable ne peut pas être créé s'il n'est pas sincère et réciproque.

- Très bien, félicitations miss Granger, je n'aurais rien pu rajouter de plus. 10 points pour Gryffondor.

Hermione ne sembla même pas un peu fière de sa prouesse, elle se replongea juste dans son livre comme si on venait de lui annoncer que le ciel était bleu et que le feu brûlait. Drago ravala une remarque acerbe qu'il avait préparé pour se moquer d'elle et Ron lorsqu'il se rendit compte que quelque chose ne tournait pas rond chez sa victime.
Lorsque Flitwick frappa dans ses mains pour signaler la fin du cours, elle ferma son livre avec un bruit sec, ramassa ses affaires et sortit de la salle sans la moindre hésitation.

                                ♤

- Hermione !, s'exclama Ginny, la voyant arriver dans la salle commune. Ou étais-tu ? Personne ne t'as vue depuis hier midi !

- Je me suis sentie mal après le cours de divination, alors je suis rentrée me coucher sans manger.

- Je me suis couchée tard et je t'ai attendue, mais tu n'étais pas rentrée..

- Oui, c'est parce que je suis allée prendre l'air avant. Le cours de divination a été compliqué à gérer.

- Je comprends..

Ginny la regarda d'un air suspicieux, sentant que son amie lui cachait quelque chose, mais elle décida de lui faire confiance. S'il s'était passé quelque chose, elle lui en ferait part en temps voulu, en attendant...

- Je sais, j'ai une mine affreuse, sourit Hermione.

- Mais..

- J'ai vu comme tu me regardes triple buse, je ne suis pas idiote et tu n'es pas discrète, rigola la brune. Et tu n'es pas la première à me le faire remarquer. J'ai vraiment passé une sale nuit, ça ira mieux demain ne t'en fais pas.

Ginny sourit, c'est vrai qu'elle n'était de loin pas la personne la plus discrète au monde. Elles furent interrompu par Harry et Ron, qui s'élancèrent vers les deux femmes avec enthousiasme. Pendant un instant, la rousse crut que Harry allait se jeter dans ses bras, mais il se dirigea vers Hermione.

- Félicitations ! Deuxième, vu les conditions dans lesquelles tu as passé cette évaluation, c'est incroyable. Je sais que ton objectif est de toujours être première, mais franchement un Snargalouf additionné à Malefoy c'est tout bonnement impo....

Il s'interrompit en voyant l'air stupéfait de son amie, qui ne comprenait visiblement pas de quoi il parlait.

- Attends, ne me dis pas que tu n'es pas allée voir le tableau d'affichage ce matin ?

- Si, bien sûr. Je suis juste fatiguée et je n'ai pas compris tout de suite de quoi tu parlais, répondit Hermione, sur la défensive.

- En tout cas ça se voit, tu as une mine affreuse.

- Merci pour ton intervention Ronald, fit-elle sèchement avant de se diriger vers son dortoir.

Les deux amis restant lancèrent un regard accusateur à Ron qui leva les bras en signe d'incompréhension.

- Bah quoi, j'ai dit la vérité non ?

- On ne t'a jamais dit que tu avais le tact d'un hippogriffe devant un furet ?, ironisa sa sœur.

Prémonition (Dramione) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant