Prémonition (Dramione)

Chapitre 9

Hermione poussa la porte de la bibliothèque en soupirant, et alla s'asseoir à son endroit favori, où les bancs étaient unilatérals, collés contre les étagères regorgeant d'ouvrages et que les rayonnages étaient étroits. Harry et Ron disaient tout le temps qu'ils s'y sentaient oppressés, mais elle était dans son élément, entourée de ce qui avait toujours été pour elle un soutien indéfectible : les livres.
Elle sortit son matériel et se prépara mentalement au moment qu'elle allait devoir passer. Elle se souvenait encore du moment où le professeur Binns avait d'abord doublé la taille de leur devoir à rendre puisqu'ils étaient censés être dans un programme d'élite, puis il avait décidé de créer des binômes, et avait donc encore une fois doublé le nombre de lignes. Résultat : ils devaient rendre un mètre quatre vingt de parchemins sur le thème passionnant de la législation des baguettes magique au cours de l'histoire et ses conséquences pour lundi. Hermione avait déjà des idées, et elle était en train de sélectionner les ouvrages dont ils auraient besoin lorsque son binôme arriva.

- Eh ben Granger, t'as le chic pour te planquer. Je t'ai cherché partout.

- Peut être que je n'avais pas envie que tu me trouves !

- En voilà une excellente idée, tu restes ici avec tes petits copains silencieux et poussiéreux, et je retourne dehors vaquer à mes occupations.

- Et je me tape tout le sale boulot toute seule pour que tu en récoltes les honneurs, c'est ça ?

- Brillante idée n'est ce pas ? Allez je te laisse, amuse-toi bien.

- Dans tes rêves Malefoy, assena-t-elle d'un ton ferme en lui collant deux énormes livres dans les bras. Tu devrais commencer par ça, j'en étudierai trois autres de mon côté.

A la grande surprise d'Hermione, Drago ne broncha pas et vint s'asseoir sur le banc où elle avait disposé sa plume, son encrier et ses parchemins. Il commença à feuilleter son livre puis, pris d'impatience, sortit sa baguette. Il ne prononça aucune parole, mais les pages se mirent à se tourner toutes seules dans un rapide tourbillonnement.

- Attention, tu vas les abîmer, protesta vivement Hermione, s'attirant les foudres de la bibliothécaire, ce sont des livres très anciens !

- En attendant j'ai trouvé la bonne page sans me farcir des heures de lecture inutile, fanfaronna Drago avec un petit sourire satisfait.

- La lecture n'est jamais inutile, et en plus je...

Hermione s'interrompit soudain, prise d'un hoquet de rire qu'elle tenta d'étouffer du mieux qu'elle put. Drago réprimait un éternuement, et cela lui faisait une tête de chat à qui on aurait écrasé la figure avec un livre très lourd. Il se délivra enfin dans une grande rafale, ce qui fit rire Hermione aux éclats.

- Chuuuuuut, répéta Madame Pince avec plus d'animosité.

- Je te fais rire Granger ?

Il s'était rapproché d'elle, profitant de son hilarité, la bloquant contre le banc. L'avertissement de Madame Pince et la proximité de son ennemi la calmèrent en une fraction de seconde, et tous ses sens se mirent en alerte. Son cœur battait la chamade, ses mains devinrent moites et elle essayait de contrôler sa respiration saccadée. Drago quant à lui, profitait de cet ascendant qu'il avait sur elle, plongeant ses yeux dans ceux noisettes d'Hermione où il pouvait lire une certaine forme de peur, mais aussi un sentiment nouveau, qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il se détacha à regret, et se replongea dans son livre comme si rien ne s'était passé.

- On ferait mieux de se mettre au travail. Tu n'as qu'à noter les informations que tu trouveras sur un parchemin, je ferais pareil de mon côté et on mettra tout ça en commun à la fin.

Hermione, encore desarçonnée par ce contact si soudain et perturbant, ne put qu'approuver, et elle se saisit du premier livre qu'elle avait mis de côté. Elle lançait parfois des regards à la dérobée à son voisin qui semblait profondément absorbé par sa lecture, notant parfois ça et là quelques mots sur son parchemin. Elle ne parvenait pas à se concentrer correctement, ne pouvant s'empêcher de remarquer que leurs coudes se frôlaient et que ce contact la faisait frissonner. Était-ce de la peur ? Après tout, il semblait bien inoffensif dans cette position, mais Hermione ne pouvait oublier toutes leurs altercations, toutes les fois où il s'était montré insultant, agressif et même violent à son encontre. Mais un sentiment nouveau prenait possession d'elle, rampant d'abord le long de son échine et se dispersant ensuite dans son abdomen, lorsqu'elle repensait à toutes les fois où ils avaient été proches pour une raison ou une autre, ou qu'il avait planté son regard acier dans le sien.
Il remua un peu, et son coude se détacha de celui d'Hermione pour noter quelque chose. Était-il conscient de ce contact physique entre eux ? La jeune sorcière était sûre que non, l'idée même de la toucher devait le répugner. Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place. Ginny avait raison, elle se posait des questions qui n'avaient même pas lieu d'être puisqu'elles étaient uniquement le signe de son angoisse pour les examens. Il fallait qu'elle se concentre sur ces derniers et sur son manuel d'histoire de la magie, dont elle n'avait toujours pas étudié la moindre ligne. Elle rompit d'elle même le contact entre leurs deux coudes, reprenant un peu ses esprits, et l'autre ne sembla pas le remarquer le moins du monde. Elle se plongea instantanément dans son livre, et ne vit pas que Drago avait froncé les sourcils, lui aussi perturbé par ce manque soudain de la proximité de leurs deux corps.