Prémonition (Dramione)

Chapitre 5

Harry poussa un petit cri de surprise lorsqu'il vit Hermione arriver et Ginny se retourna, donnant un coup de coude à Ron qui, ayant déjà commencé à manger, n'avait pas prêté attention à la stupeur de ses amis.

- Ça va Hermione ? Ne me dis pas que c'est à cause de...

Harry avait hoché la tête vers la table des Serpentards, sans pour autant regarder Drago.

- Quand on l'a vu arriver, on a cru qu'il avait enfin eu la correction qu'il méritait en se faisant tabasser, renchérit Ginny, mais.. Neville nous a dit que tu étais obligée de te mettre avec lui pendant le programme, ne me dis pas que vous vous êtes battus !

- Si c'est le cas, on va lui régler son compte, continua Harry sur un ton belliqueux.

Hermione se laissa choir sur le banc à côté de Ginny, un petit sourire aux lèvres devant les exclamations passionnées de ses amis.

- Vous vous rendez compte que vous ne me laissez même pas en placer une ?

Les trois accusés se turent avec une mine contrite et se pendirent à ses lèvres, même Ron qui n'avait pas lâché son aile de poulet pour autant. Hermione regarda son bras dégoulinant de sauce d'un air dégouté, avant de reprendre.

- Aujourd'hui on a eu le cours de botanique, et on est tombés sur des Snargaloufs.

À ces mots, Harry et Ron grimaçèrent. Ils se rappelaient bien du cours catastrophique qu'ils avaient vécu sur ce bout de bois de l'enfer, mais Hermione vit le regard perdu de Ginny, qui avait une année de moins qu'eux au compteur.

- C'est une plante très agressive, qui attaque avec des tentacules pleines d'épines quand on essaye de lui retirer ses gousses, expliqua t'elle. Et oui, c'est vrai, je suis obligée d'être en binôme avec Malefoy pour le reste du programme.

A cet instant, Hermione maudit intérieurement Neville et son incapacité à tenir sa langue, mais elle se rendit aussi compte qu'il n'y était pour rien si elle avait menti à ses amis le premier jour.

- On s'est effectivement battus, mais pas aujourd'hui. C'était hier, avant le cours de potions, avoua t'elle. Il nous avait insulté, Neville et moi et j'ai donc voulu lui mettre un coup de poing. McGonagall a décidé de ne pas nous renvoyer du programme à la seule condition qu'on coopère jusqu'à la fin, pour montrer notre maturité, selon ses dires.

- Ma pauvre.

- En tout cas, s'il t'insulte encore ou qu'il a des gestes déplacés envers toi, tu nous le dit, il ne s'en tirera pas comme ça, s'écria Harry en lançant un regard noir.

- Ne t'inquiète pas, je peux me débrouiller. Je préfère encore ça à la divination, geignit Hermione.

- C'est quand ton prochain cours ?

- Demain, à 18h.

- Mais ce n'est pas l'heure où tu as le programme normalement ?

- Tous les autres sont en libre demain soir.

- Aïe. Tu veux que je vienne avec toi ?, proposa Harry.

- C'est gentil, mais ça devrait aller. J'ai vaincu Malefoy à mains nues aujourd'hui, c'est pas une vieille chouette à moitié sénile qui va me faire peur, répondit Hermione en battant des poings dans le vide.

Ses amis pouffèrent de rire et Hermione se détendit, profitant du repas pour se donner quelques minutes de répit.

                                ♤

Le lendemain, elle se retrouva devant la salle de divination avec la même appréhension qu'à chaque fois qu'elle s'apprêtait à passer cette porte, à cela près qu'elle devait être encore plus attentive à son comportement, puisqu'au moindre faux pas son avenir dans le programme était compromis. Elle souffla un bon coup et pénétra dans la salle, l'odeur de l'encens titillant déjà ses narines et menaçant de la faire éternuer à tout instant. Quelques élèves de quatrième année étaient déjà installés sur l'estrade, attendant le reste du groupe et le professeur. Hermione choisit un endroit le plus reculé possible de l'emplacement où se trouverait Trewlaney, et elle prit place sur un coussin duquel s'échappa un nuage de poussière. Elle souffla du nez pour la chasser mais aussi de mépris. Quelle humiliation de se retrouver au milieu d'une classe de quatrième année, surtout pour une matière aussi insipide et barbante que la divination.
Elle fut tirée par ses pensées par la voix chevrotante du professeur Trewlaney, et regarda autour d'elle. La salle s'était remplie sans qu'Hermione ne s'en soit rendu compte.

- Bien, chers enfants, comme vous le savez nous avons pris du retard et nous devons absolument conclure notre chapitre sur les boules de cristal pour pouvoir étudier l'astrologie. Je demanderai donc à chacun d'entre vous d'étudier attentivement sa boule puis vous passerez ensuite individuellement me présenter ce que vous avez vu dedans. Je suis certaine que certains d'entre vous y trouverons des réponses très intéressantes à leurs questions, n'est ce pas miss Tranger ?

- Tu m'étonnes, fit celle-ci entre ses dents.

- Pardon ?

- J'ai dit, oui professeur, j'accorderai une attention particulière à ce qui se trouve dans cette boule, reprit-elle en faisant ironiquement de grands signes circulaires autour de la sphère blanche qui lui faisait face.

Trewlaney sembla satisfaite de cette réponse, ne percevant pas le sarcasme dont son élève avait fait preuve, et elle retourna à son bureau pour trifouiller dans ses affaires. Hermione quant à elle fixa sa boule de cristal sans grande conviction et se mit à penser à tout ce qui la tracassait en ce moment. Elle pensa d'abord à Ron, qui semblait plus indifférent envers elle que jamais ces temps ci, totalement obsédé par le Quidditch. Elle pensa ensuite aux examens de fin d'année qui, même en étant dans six mois, arrivaient à grand pas. Ses pensées étaient entrecoupées parfois par la voix mystique de Sibylle Trewlaney qui exhortait ses élèves à " ouvrir leurs chakras, se connecter avec les influences spirituelles de Mars et Pluton et de laisser le faisceau de l'au delà les traverser de part en part", mais elles arrivèrent quand même à ce qui la perturbait le plus en ce moment : ce fameux programme d'élite. Le dernier cours ne s'était pas trop mal passé, excepté pour sa lèvre tuméfiée, mais elle appréhendait chacune des minutes qu'elle allait devoir passer en la compagnie de Malefoy, au point d'avoir songé plusieurs fois à quitter ce programme. Mais elle ne voulait pas cracher sur une si belle opportunité, et surtout elle ne voulait pas paraître faible et s'avouer vaincue devant son ennemi juré.
Du mouvement à sa droite l'interrompit à nouveau dans ses pensées, et elle remarqua que les élèves étaient déjà en train de passer devant le professeur aux grosses lunettes. Hermione réfléchit, il fallait qu'elle invente un mensonge, et rapidement !
Elle fut dans les derniers à passer, et lorsqu'elle s'approcha de Trewlaney et lui tendit sa boule, celle ci afficha un air qu'elle n'avait jamais vue chez elle. Ses yeux globuleux semblèrent s'agrandir encore plus, sa bouche se tordit et elle renversa la tête en arrière. Une voix rauque et inhabituelle quitta sa bouche, retentissant dans la salle de classe d'une manière presque surnaturelle.

𝐴𝑣𝑒𝑐 𝑙𝑒 𝑏𝑖𝑛ô𝑚𝑒 𝑎𝑢𝑥 𝑐ℎ𝑒𝑣𝑒𝑢𝑥 𝑑𝑜𝑟é𝑠
𝑃𝑎𝑟 𝑙𝑒 𝑑𝑒𝑠𝑡𝑖𝑛 𝑠𝑒𝑟𝑎 𝑙𝑖é𝑒
𝐿𝑎 𝑗𝑒𝑢𝑛𝑒 𝐺𝑟𝑎𝑛𝑔𝑒𝑟 𝑒𝑡 𝑠𝑜𝑛 𝑖𝑛𝑠𝑡𝑖𝑛𝑐𝑡
𝑃𝑎𝑟 𝑙𝑒 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑐𝑜𝑚𝑏𝑎𝑡𝑡𝑟𝑎 𝑙𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑔𝑟𝑖𝑛
𝐷𝑒 𝑙'ℎ𝑜𝑚𝑚𝑒 à 𝑞𝑢𝑖 𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑟𝑜𝑚𝑖𝑠𝑒
𝐿𝑒 𝑚𝑎𝑙 𝑒𝑛 𝑙𝑢𝑖 𝑙â𝑐ℎ𝑒𝑟𝑎 𝑝𝑟𝑖𝑠𝑒.
𝐿𝑒 𝑝𝑢𝑧𝑧𝑙𝑒 𝑠𝑒𝑟𝑎 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑙é𝑡é
𝐿𝑜𝑟𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑒𝑢𝑥 â𝑚𝑒𝑠 𝑠𝑒𝑟𝑜𝑛𝑡 𝑛𝑜𝑢é𝑒𝑠.

Hermione lâcha la boule de stupéfaction, qui alla s'écraser sur le sol, envoyant des petits bouts de cristal coupants un peu partout à travers la pièce.

- Allons Miss Dranger, ça ne va pas ? Vous êtes toute blanche !

- Je.. Vous avez dit quelque chose à l'instant.

- Oui, j'ai demandé si vous alliez bien.

- Non, avant. Vous avez parlé d'âmes nouées et de binôme.

- Pas du tout, je vous ai demandé de me présenter vos conclusions quant à l'exercice que je vous ai donné ! Ma pauvre, vous avez l'air d'avoir l'esprit complètement embrumé, ce doit être l'encens, vous devriez aller vous reposer à l'infirmerie.

- Je.. Oui je vais faire ça. Désolée professeur.

Hermione quitta la pièce dans un état second, ses jambes menaçant de défaillir sous elle. Les mots de Trewlaney résonnaient dans sa tête, rebondissant contre ses neurones et se perdant dans les affres de son cerveau. Elle n'alla pas à l'infirmerie, mais ne rejoignit pas son dortoir non plus, ne voulant croiser personne. C'est ainsi qu'elle se retrouva dans un couloir abandonné du deuxième étage, assise dos au mur, se répétant sans cesse la même litanie qui finirait par la rendre folle.