Chapitre 2 - partie 2

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Plutôt que de venir aider l'homme à retourner le bazar déjà présent pour en créer encore plus, il s'approcha d'une fenêtre et après une inspiration, toucha la poignée. Il retira sa main, se reprit et se battit pour ouvrir la fenêtre bloquée sous le travail du bois qui faisait son cadre. Un nuage de poussière lui tomba dessus et le vent s'engouffra en sifflotant dans la maison. Léo toussa tout en reculant, et donna un coup à la table bancale qui faillit partir de l'autre côté.

— Léo, mais qu'est-ce que vous faites ?

— J'aère. Sans vouloir vous vexer, la tanière d'un blaireau est plus propre que votre cabane.

Il ignora le regard pesant de son maître de stage et poursuivit sa manœuvre, galérant à chaque fois pour ouvrir les fenêtres.

— Vous ne pouvez pas tout ouvrir, protesta Dante.

— Je vais le faire parce que je vais mourir intoxiqué.

— Quoi ?

Il toussa plus fort quand le bois à moitié pourri s'effrita sous son nez. Comment était-il seulement possible de vivre ici sans être constamment malade ?

— Je ne suis pas une fée du logis, sans offenser les fées. Les louves font ça mieux que moi. Mais c'est clairement l'odeur de votre piaule qui m'étouffe.

— L'odeur ? Mais avec le vent mes poudres vont s'envoler !

— Vous ne pouvez pas conserver vos ingrédients de sorcellerie dans une cabane qui pue le moisie et la poussière.

La troisième fenêtre fut moins compliquée à ouvrir. Plus Léo progressait dans la maison, plus le docteur semblait paniquer et le suivait.

— Je ne fais pas de sorcellerie. C'est de la chimie ! Et ça ne sent pas si mauvais que ça.

Léo s'arrêta brusquement et se retourna vers Dante. Ce dernier pila sur place et dû lever la tête pour garder le contact visuel. Il faisait beaucoup plus jeune maintenant que ses cheveux n'avaient plus cette couche grisâtre de poussière et que sa barbe folle était rasée de près. La veille, Léo aurait pu lui donner une quarantaine d'années même dépassées. Maintenant, il lui en donnait trente, trente-deux, à peine plus. Il respira avec discrétion et son nez retrouva les touches de camomille, de shampoing et d'ail des montagnes. Si le docteur Holt n'avait pas été qui il était, Léo aurait pu dire qu'il aimait cette odeur. Il se savait attiré sexuellement par les femmes. Léo aimait le corps pulpeux des femelles, qu'elles soient louves ou non. Evidemment, une femelle métamorphe était le mieux pour ses petits, mais Léo devait avouer que certaine humaine n'avait rien à envier aux louves, si ce n'est le manque d'instinct. Dante ne semblait pas en avoir non plus alors qu'on appelait sa race « loup-garou ». Il ne l'avait pas entendu toquer juste avant et il n'était pas incommodé par l'odeur de sa propre tanière. Même si en général, il était difficile de remarquer nos propres odeurs, il aurait au moins dû sentir celle de la moisissure. Un humain lambda le pouvait.

Dante n'avait rien de très différent à un humain classique. Strictement rien. Léo constatait néanmoins que son odeur naturelle n'était pas désagréable. Les loups portaient généralement peu attention au sexe de leur partenaire tant que la meute se perpétuait. Il était plus dérangeant qu'un alpha n'ait pas de progéniture mais ce n'était pas une contrainte. Pas ici en tout cas.

Léo ne s'était jamais amouraché d'un mâle mais il pouvait constater la beauté d'un homme quand il en voyait un. C'était exactement ce qu'il faisait avec son maître de stage. Il constatait son agréable odeur naturelle malgré tous les parasites olfactifs environnant.

— Vous m'avez encore reniflé !

— Je ne vous ai pas reniflé, grogna-t-il en tournant les talons pour entrer dans la cuisine.

Mythes et Légendes Lupines - T1 : les métamorphes ont peur des loups-garous [V1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant