La journée se déroula comme n'importe quel autre jour, si ce n'est vers la fin. Une nouvelle dispute éclata entre eux, comme quoi Léo devait rentrer chez lui avant la tombée de la nuit. Mais l'instinct du loup lui hurlait de ne pas le quitter. Pas à cause de la lune et de ses hormones. C'était autre chose. Quelque chose qu'il n'arrivait pas à faire comprendre à Dante.
Léo ne sentait pas cette nuit. Il y avait quelque chose dans l'air qui l'inquiétait. Quelque chose qu'il ne définissait pas et qui rendait anxieux sa part animale. Léo n'avait jamais été ainsi. Surtout pas un soir de pleine lune. Dante ne l'avait pas dit directement, mais il avait bien fait sous-entendre que ce stress, chez son loup, était peut-être dû à sa présence. Léo s'était énervé, avait haussé le ton, et comme souvent, ça avait dégénérer entre eux. Jusqu'à ce qu'ils se réconcilient, une énième fois.
Léo n'aurait pu dire comment ils en étaient arrivés là, mais après ce violent désaccord, ils s'étaient retrouvés sur le canapé, Dante allongé, sa tête sur ses genoux, à sommeiller paisiblement. Avec une tendresse sans borne, il lui caressait la tête, le visage, les épaules. Il l'observait dormir tout en réfléchissant. Dante était lui-même anxieux. Il ne lui tenait pas rigueur de ses accès d'autorités, parce qu'il le sentait. Cette odeur qui lui grattait la truffe, qui lui collait à la peau comme une couche de sel après être sortit de l'océan. C'était dérangeant et Léo avait bien envie de se frotter contre lui jusqu'à ce que ça disparaisse.
Il détacha son regard du visage détendu de Dante, toujours aussi inquiet. Ce qu'il sentait dans l'air, ce que son instinct lui hurlait, n'était pas la présence d'un lycanthrope. C'était autre chose, comme une catastrophe bien plus importante.
Quelque chose d'inévitable qui arrivait.
Oui, ce soir, ça allait arriver.
Sous ses doigts, la respiration de Dante se fit moins profonde, plus irrégulière. L'instant d'après, il papillonna des yeux, émergeant de sa sieste imprévue.
— Ça va ? demanda Léo en se penchant pour l'embrasser.
— Hm...
Il était encore dans le coltard. Si Léo avait appris une chose à force de squatter la chambre du maître des lieux, c'est qu'il n'était pas du matin. Visiblement, il n'était juste pas doué pour bien se réveiller. Il ressemblait à une petite chose ronchon qui ne voulait pas quitter le pays des rêves. C'était attendrissant.
Il lui fallut de longues minutes pour émerger. Jusqu'à ce que son regard ne rencontre l'une des fenêtres ouvertes. Là, il bondit sur ses pieds, une forte odeur rance autour de lui. Léo grimaça et crut bien devoir mettre sa main devant son nez pour ne pas étouffer. Il ne comprenait pas.
— Tu dois partir !
— Quoi ?
— Maintenant ! Tu dois partir Léo ! Vite !
L'affolement qui prit Dante ne fit qu'accentuer la désagréable odeur qui polluait son parfum. Léo fronça les sourcils, debout à son tour. Il voulut s'approcher, le toucher, le tenir pour qu'il se calme. Mais Dante le repoussa avec tant de virulence que Léo ne put que se sentir blessé.
— Va-t-en !!!
— Mais...
Dante ne le laissa pas répondre. Il s'agita dans la pièce, piétinant, faisant parfois des tours sur lui-même. Il ferma frénétiquement chaque fenêtre. Ses pupilles étaient dilatées et Léo pouvait apercevoir de légers tremblements sur lui. Dehors, le soleil déclinait et la lune n'allait pas tarder à émerger de derrière la montagne. Léo savait ce que cela signifiait, mais le ciel n'était pas encore noir. Y avait-il tant d'urgence ?
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Mythes et Légendes Lupines - T1 : les métamorphes ont peur des loups-garous [V1]
ParanormalLéo Collier, étudiant en chimie et pharmacologie à l'université du Montana, et métamorphe loup, se voit recommander par son professeur référent pour un stage d'été atypique. Malgré la nature de son futur maître de stage, Léo accepte. Néanmoins, c'e...