Chapitre 5 - partie 2

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Non loin de là où se trouvait la cabane de Dante, Léo ne trouva pas ses affaires là où il les avait jetées. Il fronça les sourcils et posa les yeux sur la demeure branlante. Les fenêtres étaient toujours ouvertes, ce qui l'étonnait. Dante avait pour habitude de tout refermer dès qu'il partait. Midi était passé depuis longtemps, pourtant une odeur vague de nourriture se faisait sentir dans l'air. Léo l'huma plus profondément et nota qu'il n'y avait plus la moindre trace de l'odeur du fenghuang. La porte d'entrée aussi était ouverte et il se tâta à rentrer.

Avec une certaine précaution, il s'approcha et toqua. Il n'osa pas entrer. Il se sentait suffisamment mal pour éviter de jouer au mâle alpha qui ne se reproche jamais rien. C'était une situation inconfortable. Il se savait en tord et assumer son immaturité lui donnait envie de tout nier. Il savait qu'il serait plus ridicule encore s'il le faisait.

Il n'y eut aucune réponse. Avec une angoisse grandissante, Léo toqua plus fort tout en passant sa tête. Là, il entendit des injures et une odeur de brûlé lui piqua le nez d'un coup. Il entra sans attendre et se dépêcha d'accourir dans la cuisine. Le spectacle le cloua sur place et toutes les mauvaises pensées qu'il avait eu jusque là furent balayées comme il balaya ce qui cramait, à même le plan de travail, pour le jeter dans l'évier.

— Mais qu'est-ce que vous faites ?!

Il alluma l'eau et une épaisse vapeur lui fit tourner la tête. L'odeur était immonde. C'était poisseux et difficilement respirable. En levant le nez, il put voir une marque de brûlure au plafond.

— Vous êtes une vraie calamité en cuisine ! Comment avez-vous pu faire brûler... des œufs ?

— C'est un steak. Je ne l'ai pas fait exprès.

— Encore heureux que vous ne l'ayez pas fait exprès ! Si vous voulez mourir, faites-le autrement qu'en brûlant votre baraque et après que j'ai fini mon stage !

— Je ne pensais pas qu'il cuirait aussi vite. Je n'ai pas l'habitude de cuisiner de la viande. Je voulais...

Léo ne le laissa pas terminer. Il coupa l'eau, obligea Dante à se pousser pour jeter les restes du steak – puisque apparemment il s'agissait de ça – à la poubelle.

— Si vous ne savez pas, faites au moins attention ! Qu'est-ce que vous auriez fait si je n'étais pas arrivé maintenant ?

Le bruit de la vaisselle qu'il jeta dans l'évier le fit grimacer. Il rouvrit l'eau, chercha le liquide vaisselle et vida ce qui restait de la bouteille sur la poêle, bien qu'elle semblait aussi morte que le déjeuner. Il tenta tout de même de frotter avant de se rendre à l'évidence qu'elle était bonne pour rejoindre le steak à la poubelle. Dépité, Léo secoua la tête et s'activa dans la cuisine. Il avait été pris dans le feu de l'action, si bien qu'il n'avait pas fait attention ni à l'expression de Dante, ni au fait que ce dernier l'observait depuis qu'il était arrivé.

— Ce n'est pas parce que vous savez mieux cuisiner que moi que je ne peux plus me passer de vos talents.

— Vous comptiez réellement manger ça ?

Il jeta un regard par-dessus son épaule et croisa les yeux de son hôte. Plutôt qu'une réponse à sa question, Léo récolta un regard qui le fit tout de suite redescendre sur terre. Un drôle de sentiment le pris. C'était dérangeant, un peu comme de l'embarras mais pas que. Quelque chose entre la gêne et l'impression de ne pas réellement savoir où se mettre.

Pour se donner contenance, il se gratta la gorge et reprit son activité nettoyage en essayant de paraître le plus naturel possible. Un silence gênant envahi la cuisine, et ni l'un ni l'autre ne reprit la parole. Léo venait de faire un sermon à son maître de stage alors que plusieurs heures avant, c'était lui qui avait agis comme un enfant irresponsable.

Mythes et Légendes Lupines - T1 : les métamorphes ont peur des loups-garous [V1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant