Mythes et Légendes Lupines - T1 : les métamorphes ont peur des loups-garous [V1]

Chapitre 6 - partie 1

               Métamorphose du lycanthrope : « Celle-ci se produit sous l'influence des rayons de la pleine lune. Un lycanthrope non exposé peut ne pas se transformer. En revanche, une fois le processus amorcé, il est impossible de l'arrêter, à moins de le tuer avec des balles en argent ou de l'aconit. Lorsque le soleil se lève, à l'aube, le loup-garou reprend forme humaine, et ne se souvient généralement pas de la nuit passée et de ses actions. »

***

Le long week-end de trois jours de Léo s'était passé sans accros. La pleine lune avait brillé avec force, et la meute avait été en effervescence tout du long. Il n'avait pas vraiment eu le temps de s'ennuyer, entre les louves qui l'avaient kidnappé pour qu'il aide à la tanière, les jeunes qui étaient ensuite arrivés et qui ne tenaient plus en place, suivit des mâles de la meute qui l'avaient réquisitionné pour parler étude, chasse et territoire. Il aimait vraiment ce genre de rassemblement. Voir la meute si vivante, en pleine santé et avoir de bon rapport entre les loups garantissait une certaine sécurité et stabilité. Il pouvait dormir sur ses deux oreilles sans craindre quoi que ce soit.

La chasse avait été très bonne, et les louves avaient préparé, avec les proies qui n'avaient pas été dévoré sur place, des plats succulents le jour suivant. En plus de la chasse, il y avait les traques pour le loisir et l'enseignement aux plus jeunes. Léo s'était retrouvé à apprendre à un jeune loup comment suivre des traces sans se faire lui-même repérer. Et puis, une fois les jeunes partis dormir sous la garde des sentinelles, il y avait eu les parades. Les mâles dans la force de l'âge n'avaient pas manqué l'occasion pour se montrer sous leur meilleur jour, déclenchant parfois quelques bagarres qui n'aboutissait jamais sur quelque chose de grave. Au pire, ils ressortaient avec quelques bleus et des égratignures. Certains appréciaient les marques qui restaient, prouvant, via leurs cicatrices, leur force et leur volonté. C'était assez machiste, mais dans la nature, lors de ruts ou de parades, les mâles s'intimidaient, se jaugeaient d'abord en apparence, puis s'affrontaient si aucun des deux adversaires n'impressionnait l'autre. Il n'y avait rien de sexiste chez un lion à la face balafré, ou chez un cerf aux flancs ciselés. C'était la même chose chez les métamorphes loups. Bien sûr, les louves avaient leurs préférences, toutes n'aimaient pas les grands loups puissants et vaillants. Léo lui-même ne présentait pas de cicatrice dû à des affrontements, que ce soit pour une femelle ou pour tout autre chose. Il n'en restait pas moins un mâle respecté.

Le souci de ce week-end avait été, pour lui, son absence de partenaire. Entendre ses congénères se livrer à leurs instincts les plus primitifs lui avait titillé les nerfs. Il avait été frustré et quelque peu agressif. Une jeune femelle de la meute, la cousine de Lady, lui avait bien proposé d'être sa partenaire pour cette lune, mais il avait poliment refusé l'invitation. Elle n'était pas son type, bien que très gentille. Léo était persuadé que, peu importait qui se serait présenté à lui ce week-end, il aurait refusé. Sauf une personne, et c'était bien ce qui l'avait mis à fleur de peau.

Ce matin, il était de bonne humeur après ce long week-end en meute, sa frustration mise à part. Il s'était levé tôt, s'était préparé avec soin, et était parti en trottant. Son loup était bien moins tendu maintenant la pleine lune passée. Il avait pu extérioriser son insatisfaction en chassant du gros gibier. Il était calme, l'estomac plein, ses crocs satisfaits d'avoir été utiles.

Ses pattes foulaient la terre asséchée malgré l'ombre des arbres. Depuis les orages derniers, le ciel était resté parfaitement bleu, sans la moindre trace d'un nuage. L'eau avait été absorbée à une vitesse folle, rendant le sol craquelant, et les mousses brunes. Les feuilles des arbres exposés étaient flétries et les herbes commençaient à sérieusement jaunirent. Sous son pelage, Léo avait chaud. Il avait mué pour prendre son poil d'été, mais cela ne suffisait pas à l'épargner des chaleurs caniculaires.