Chapitre 10 - Partie 1

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Extermination des lycanthropes : « Différentes façons ont vu le jour, à travers l'Histoire, dans l'extermination des lycanthropes. Les plus populaires, et les plus anciennes, sont les lames en argent, et plus tard, les balles d'argent (XIXe siècle). La décapitation a aussi été très employée, généralement sur les individus soupçonnés de lycanthropies, et donc, lorsqu'ils ne sont pas transformés. Cette pratique est surtout utilisée durant le Moyen Âge, tandis qu'à la Renaissance, les empoisonnements par aconit se font préférentiellement. Tout un tas de variantes naissent ensuite, comme les balles imprégnées d'aconit. D'autres méthodes sont pratiques selon les régions et les croyances, mais aucune n'est aussi efficace que la plante tue-loup. »

***

Il était venu jusqu'ici en bus, et voilà qu'il avait raté le dernier. Il s'était laissé prendre, dans l'euphorie de la fin d'hiver, par les sous-bois fleuris dans la neige persistante. Il avait cherché avec insistance cette écorce qu'il jugeait nécessaire à son analyse, persuadé qu'il la trouverait dans ces montagnes et que sa qualité était sans pareil à cette saison. Si les cerfs s'en nourrissaient et passaient les rudes hivers de la région, ce n'était pas pour rien. Mais voilà que le soleil déclinait à toute allure et que la lune le remplaçait.

Dante souffla sur ses doigts, découverts à cause de ses mitaines, pour les réchauffer. Le printemps n'était pas encore vraiment là, pourtant, les fleurs semblaient l'annoncer. L'hiver avait la main mise sur cette montagne, peut-être même la région entière, la couvrant de son épais manteau blanc, comme s'il ne souhaitait pas la quitter. Dante regarda le ciel se couvrir d'étoiles, et résolu, il prit la décision de rejoindre un village pour trouver une auberge. S'il ne pouvait rentrer en ville, au moins voulait-il dormir au chaud.

Malgré son absence de lampe torche, il y voyait bien. La nuit était claire, illuminée par l'astre nocturne entièrement rond. Il s'arrêta, les pieds dans la neige, et fut saisi par le nombre d'étoiles qu'il était possible de voir ici contrairement à la ville. La lune semblait plus grosse, plus proche de lui. Il se remit en route, suivant la sente qu'il avait prise à l'aller. Marcher dans la neige fraiche était toujours plus difficile que repasser sur de vieux pas. Heureusement, aucun nuage ne couvrait le ciel. Il ne neigerait donc pas. Les rayons de la lune lui éclairaient la route, faisant miroiter la surface gelée du manteau blanc. Il y voyait bien et malgré le froid mordant qui s'installait de plus en plus, Dante ne perdit pas son rythme de marche. Il commençait à avoir faim et la fatigue ne l'ignorait pas. Un calme profond régnait, tant et si bien qu'il n'y avait que ses pas qui résonnaient à l'orée de la forêt.

Jusqu'à ce qu'une branche ne craque.

Dante n'y fit pas attention, bien qu'il fut persuadé ne pas avoir vu de branche sur son chemin. La neige pouvait très bien l'avoir recouverte. Il poursuivit sa route sans jamais entendre le hululement d'un hibou. Il y en avait, pourtant, dans la région.

Il s'arrêta, prit d'un frisson. Il jeta un regard par-dessus son épaule et ne discerna que l'obscurité de la forêt, les nuances de gris qui s'en dégageaient, et l'ombre de ses pas.

Rien d'autre.

Strictement rien.

Pourtant, un pressentiment le prit. Il avait la désagréable impression d'être observer. Et peut-être même suivit.

Dante inspira. Il était fatigué et mort de froid. Il était fort probable que son esprit hallucine pour lui faire comprendre sa détresse. Mais même une fois en marche, ce sentiment ne le quitta pas.

Alors, il accéléra, inconsciemment, le pas. Il crut entendre, en plus de son souffle court, un second, plus loin, derrière lui, chaud et humide. Il n'osa pas, cette fois-ci, vérifier. Ses pas firent de plus en plus de bruit. Dans son dos, il ne fut pas sûr d'en entendre en décadence avec les siens, d'à peine quelques secondes. Sa respiration se fit plus irrégulière, plus rapide, plus paniquée aussi. Son cœur se mit à tambouriner avec force dans sa poitrine. La froidure de l'air lui brûla la gorge et les bronches. Le bout de ses doigts se fit rouge. Il les avait sorti de ses poches, à deux doigts de courir. La neige sous ses pieds était traîtresse. En descente, elle glissait, mettait à mal ses rotules et menaçait de le faire tomber.

Mythes et Légendes Lupines - T1 : les métamorphes ont peur des loups-garous [V1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant