Chapitre 2

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Au réveil de Guylt, une fine lumière passait au travers des rideaux de la chambre. L'esprit encore embrumé, il avait le souvenir d'une belle et douce nuit ; ce fût lorsqu'il sentit la chaleur d'un corps pressé contre le sien que ce souvenir se confirma.

Il sourit, apercevant au doigt de Vira cette bague qui ne l'avait pas quittée depuis hier. Elle était ici avec lui, et ce n'était pas son imagination qui lui jouait des tours. Il se releva légèrement et la contempla un moment, jusqu'à ce qu'elle ouvrit doucement les yeux.

— Depuis combien de temps tu me regardes ? Le questionna-t-elle, déboussolée.

— Je ne saurais pas compter.

— Depuis longtemps ?

— Peut-être bien ? Allez ma belle, nous avons une bonne journée devant nous.

— Oh oui, pas de cours encore aujourd'hui ! s'exclama-t-elle, réjouie.

— Non ! Donc il est temps de s'habiller, conclut-il en lui déposant un baiser sur la joue.

Les amoureux se préparèrent puis sortirent de leur immeuble, situé non loin de la station de la Grande Boucle et de la ruelle où ils aimaient s'asseoir. Les deux y avaient chacun leur appartement depuis leur enfance : Guylt sourit en se remémorant leurs jeux dans les couloirs, leurs plaisanteries, et les réprimandes de sa mère lorsqu'il rentrait les vêtements froissés.

Il faisait bon à Vendecentre, et la cloche sonnait déjà midi. Le centre-ville était dès lors en effervescence : les restaurants ouvraient leurs portes, et de nombreux passants faisaient la queue devant des guichets de nourriture rapide.

— Bon, j'imagine que c'est l'heure de déjeuner ! Se réjouit Vira.

— Mais ce n'est pas l'heure d'une glace, rit-il.

— Je n'ai jamais dit ça ! On va où ?

— Direction brochettes ?

— C'est parti !

Ils s'arrêtèrent au guichet, payèrent leur en-cas et se dirigèrent vers leur précieuse ruelle au bord du vide.

Guylt adorait cet endroit qui signifiait tant pour lui : cela faisait des années qu'il y venait avec Vira, qu'ils y riaient et partageaient leurs secrets, assis au bord, les pieds ballants. Elle posa sa tête sur son épaule tout en dégustant son repas, et il ferma les yeux pour profiter de l'air du midi, du goût sur ses papilles et de la présence à ses côtés.

Le calme ne dura pas longtemps : leur brochette finie, la jeune fille se releva et proposa d'aller à Auldnoir ; et dès lors sur la terre ferme, elle prit sa main et le fit la suivre, jusqu'à un endroit qu'elle appréciait énormément : l'allée de la musique.

Cela faisait des années que venaient y jouer de talentueux musiciens : ils faisaient la joie des citadins qui passaient par là, et servaient parfois aux plus belles rencontres.

— Je me disais bien que ça faisait longtemps que nous n'étions pas venus.

— Moi aussi tiens !

Ils apprécièrent un temps le spectacle, puis deux musiciens s'approchèrent du couple. Ils proposèrent à Vira de chanter avec eux ; elle leur demanda s'ils connaissaient les morceaux de la jeune étoile montante Poterie Doll, et à leur réponse positive, elle se lança auprès d'eux.

Elle inspira un grand coup, et finalement les accordéons se lancèrent. Sa voix emplit l'air et le cœur du jeune amoureux : ensorcelante, à la fois douce et assurée, à la fois alanguie et ferme, elle était comme celle de la plus grande des sirènes.

Lettre perdue, promesse non tenue ~ Gravity RushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant