Chapitre 5

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Les paupières encore alourdies, il ouvrit les yeux péniblement et, sans même se soucier du mal qui l'avait atteint, tourna la tête subitement, espérant rencontrer le doux visage de Vira. Mais il n'y avait personne à son chevet. En balayant la pièce du regard, une chambre d'hôpital aseptisée, blanche et vide de tout effet personnel, il se sentit seul et vide. Seule la douleur était venue lui tenir compagnie.

Où était Vira ? Sa mère devait bien l'avoir prévenu des événements. Mais où se trouvait d'ailleurs celle-ci, qui travaillait pourtant ici ?

Ses réflexions furent coupées par l'arrivée d'un médecin. Il lui expliqua ce qui s'était passé, son état, ce qu'il risquait, mais le malade ne l'écoutait qu'à peine. Il ne s'inquiétait que du lieu où était sa fiancée, si elle allait bien, si elle s'inquiétait elle aussi. Le médecin l'ausculta puis le laissa seul.

Face à l'absence de ses proches, son inquiétude et son agitation reprirent de plus belle. Il aurait voulu se lever et courir retrouver sa fiancée, ou du moins aller saluer sa mère. Mais avec son corps affaibli, il ne pouvait plus. De longues minutes passèrent jusqu'à ce que sa mère passa la porte, les yeux rougis.

— Maman ! Enfin, tu es là !

À son appel elle le fixa de longues secondes, sans bouger, comme accablée. Puis elle lui sourit faiblement et vint l'enlacer.

— Guylt... Je suis si heureuse de te voir.

— Pareil ! Où étais-tu ?

— J'ai discuté avec mes collègues. Tu as compris ce que ton médecin a dit ?

— Je t'avoue que je n'ai pas tout écouté. Comment va Vira ? Elle est au courant de ce qui m'est arrivé ?

— Je l'ai appelé, elle devrait arriver dans peu de temps. Mais tu n'as vraiment pas écouté ce qu'il t'a dit ?

— Quelle importance ? Le plus important actuellement, c'est de rassurer Vira.

Elle le regarda tristement, sans savoir quoi dire. La porte s'ouvrit, et les deux tournèrent les yeux. À l'encadrement se trouvait la jeune fille que l'amoureux attendait. Il s'exclama.

— Vira !

La mère les regarda chacun, puis soupira.

— Je vais vous laisser. À plus tard, Vira. Et Guylt... ne t'agite pas trop.

Vira la suivit du regard pendant qu'elle s'éloignait, intriguée, puis vint se placer au chevet de Guylt.

— Elle va bien ?

— Je ne sais pas, elle avait l'air perturbée. Après, voir son fils à l'hôpital, c'est pas la joie, je la comprends.

— J'imagine. Tu te sens bien ?

— Mieux qu'avant, mais j'ai toujours une douleur que je ne pourrais pas décrire. J'espère que ça se résoudra rapidement.

— Tant mieux. Je me suis sentie seule hier, et au final je n'y suis pas allée.

— Allée où ?

— Acheter les places. Tu te rappelles, pour le concert de Poterie Doll ? En plus c'est notre chance, pour l'instant elle n'est pas trop connue, un concert comme ça, c'est rare !

Vira appréciait énormément cette jeune chanteuse qui entamait à peine sa carrière prometteuse. Lorsqu'elle avait appris la planification d'un futur concert, elle avait été prise d'une grande joie, voulant saisir sa chance. Les deux s'étaient alors décidés à y aller ensemble, et Guylt lui avait promis de lui offrir sa place, désireux de lui faire plaisir.

— Je m'en souviens, oui. Après tout ça, on pourra aller.

— J'ai hâte ! Merci, Guylt. J'espère que tu iras mieux.

— Je te le promets.

Les deux se sourirent et s'étreignirent un court instant, un trop court instant pour le jeune homme. Ils se regardèrent un moment, Guylt se perdant dans ses yeux violets, puis la jeune fille se leva.

— Je dois repartir en cours. La gare d'Auldnoir est de retour, donc les cours ont repris.

— De retour ? Comment ça ?

— La partie disparue est soudainement réapparue de la même façon que lors de sa disparition. Apparemment, c'est grâce à la fille au chat noir, aucune idée de qui c'est, mais c'est une gravitéenne comme la fille au corbeau, à ce qu'il paraît. Tiens, je t'ai apporté le journal.

— Sérieusement ? C'est génial !

— Oui ! Bref, j'y vais.

— Courage, Vira.

— Merci ! Prends soin de toi, j'espère te revoir bientôt.

— Moi aussi, et ce sera le cas, je te le promets, lui jura encore l'amoureux.

Sa bien-aimée lui donna un dernier doux baiser et sortit. Dès que la porte se ferma, il ressentit son absence : elle lui manquait déjà. Pour s'occuper, il examina alors le journal.

« La vieille ville est sauve ! De déchirants rassemblements animent les rues d'Auldnoir ! »

Les belles retrouvailles avaient été photographiées : les victimes, soulagées, se donnaient des accolades et des embrassades passionnées. Beaucoup pleuraient, remerciant le ciel. Enfin, les familles et les deux parties de la vieille ville avaient été réunies : c'était une bonne nouvelle pour la ville, et encourageant pour les deux autres quartiers à la partie disparue.

« Qui était cette mystérieuse fille au chat ? Et d'où viennent ces gravitéens ? »

Tout cela était donc grâce à cette jeune fille accompagnée d'un chat, qui semblait pouvoir contrôler la gravité, comme la fille au corbeau, Raven, dont des avis de recherche étaient placardés aux murs de la ville. Il contempla rapidement le cliché d'elle : blonde, fine et agile. Pour lui, c'était positif d'avoir une jeune fille engagée dans la situation actuelle : sûrement les gravitéens seraient-ils un élément moteur pour la protection d'Hekseville et l'éradication de la menace névie. Finalement, la possibilité d'un retour de la paix n'était pas si lointaine. Mais celui qui lisait ces lignes et s'en réjouissait pourrait-il profiter de cette paix ?

La porte s'ouvrit une nouvelle fois, et il ne put lever la tête qu'il était entouré de bras. C'était sa mère, ne cachant plus ses pleurs, qui l'étreignait fermement. 

Lettre perdue, promesse non tenue ~ Gravity RushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant