Lettre perdue, promesse non tenue ~ Gravity Rush

Chapitre 9

Vira restait au bord, inquiète, se penchant pour mieux voir en dessous, espérant que la lettre réapparaîtrait miraculeusement ou bien que la Reine de la Gravité émergerait, lui offrant son aide. Les secondes passèrent, puis la jeune fille s'enquit de vérifier aux environs si le courrier y était. Après tout, peut-être que tout cela n'avait été qu'un rêve et la courrier n'était que tombé par terre. C'est en se retournant qu'elle tomba nez à nez avec quelqu'un ; une autre jeune fille aux cheveux blonds se tenait là, accompagnée de son chat noir dont le pelage reflétait la galaxie. Celle-ci semblait intriguée par la vision de Vira penchée vers le vide. La Reine de la Gravité ?! Vira ne pouvait en croire ses yeux ; c'était trop beau !

— Excuse-moi, es-tu la reine de la gravité ? l'interrogea-t-elle.

— Quoi ? Ah euh, oui, c'est moi, balbutia l'intéressée.

Le temps pressait ; Vira était heureuse de sa chance, mais elle s'en réjouierait plus tard.

— J'ai perdu quelque chose de très important et...

— Qu'est-ce que c'est ? Où l'as-tu perdu ?

— C'est une lettre et je l'ai perdue par ici. C'était une lettre de mon petit ami et c'est le seul souvenir que j'ai de lui, soupira-t-elle.

La gravitéenne, qui sembla compatir, baissa les yeux vers le vide.

— Si elle est tombée sous la ville, je ne pourrai pas la récupérer à cause de cette énorme tempête.

Comment ? Vira se devait de la retrouver, peu importe les moyens ; il fallait que la gravitéenne obtempère. Elle décida d'utiliser les informations en sa position.

— La tempête ? Mon père travaille à Endestria, il m'a dit que la Tour anti-tempête fonctionnait à nouveau. C'est déjà ça... Ils disent que les Nevis ont détruit une grande partie de la Tour, mais ils ont quand même réussi à la remettre en marche. J'ai entendu dire que tu étais là-bas, mais que c'est l'armée qui a sauvé la Tour. Tu n'as pas abandonné, j'espère. Cette lettre est peut-être perdue pour toujours...

— Non ce n'était pas ça, mais... en fait, Poussière était...

Vira faussa un regard dubitatif. Ce qui était visible et agréable avec la Reine de la Gravité, c'était sa naïveté et sa propension à vouloir satisfaire tout le monde. C'étaient là deux bonnes choses à exploiter.

— Euh... d'accord... Cette lettre est importante pour toi, n'est-ce-pas ? Je ne veux rien te promettre, mais je vais essayer.

— Merci ! C'est tout ce que je demande ! J'attendrai juste ici ! Je ne bougerai pas, je te le promets !

Vira aurait été prête à s'agenouiller devant la gravitéenne, mais elle se contenta finalement de s'incliner. Kat se contenta d'un petit sourire avant de sauter dans le vide pour retrouver sa lettre égarée ; elle avait tant d'assurance pour pouvoir se jeter dans le vide comme ça ! Ce terme était d'ailleurs un peu étrange, étant souvent associé à la fatalité, au départ forcé vers le sommeil éternel. Mais elle, renaissait de chaque inversion de gravité. Sa silhouette était déjà loin.

La jeune fille eut du mal à contenir son excitation, mais elle devait prendre son mal en patience. Après tout, elle pourrait incessamment sous peu retoucher aux mots de Guylt. C'était une telle chance que la Reine de la gravité ait entendu son appel !

Elle s'assit alors au bord, prête à attendre le retour de son dernier cadeau.

Les minutes passaient, et Vira observait l'horizon qu'elle avait tant analysé avec son bien aimé. Devant elle se tenait l'immense pilier du monde, les rails menant à Auldnoir, et enfin le vide, si impressionnant. On vivait dans un bien étrange monde ; qui avait bien pu en avoir l'idée ? Elle regarda ensuite derrière elle, et de vagues souvenirs lui revinrent encore. Les baisers contre le mur, la chaleur qui montait dans ses joues...

Les heures passaient ensuite, et son excitation finit par se muter en agitation : elle fit alors les cent pas. Que faisait-donc la gravitéenne ? Descendre au plus bas de la ville et retrouver sa lettre ne devrait pas être si compliqué, si ? S'était-elle perdue en chemin ? Avait-elle fait une erreur en lui assignant cette mission ?

C'est quand le soir tomba, qu'elle n'entendait plus aucun bruit, confrontée à la réalité, que celle-ci lui retomba dessus. Pourquoi attendre le retour de simples mots qu'elle ne pourra jamais entendre, sentir résonner dans son cœur ? N'était-ce pas là une perte de temps ? Depuis ce matin, elle n'avait été que guidée par sa culpabilité, sa frustration. Y avait-il encore seulement de l'amour pour la guider ?

Encore lassée par ses questionnements, Vira s'empressa de s'éloigner de la ruelle et rentra. Elle s'endormit ensuite rapidement. Cette fois-ci, étrangement, aucune ombre ne vint perturber ses songes. Elle était enfin libre de toute inquiétude. Peut-être même de Guylt...