Chapitre 4

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Suite à la nouvelle, Guylt était pris d'une soudaine agitation : son cœur s'emballait et était pris d'une douleur indescriptible. Ne pouvant plus tenir en place, le jeune homme partit chercher Vira. Lorsque celle-ci lui ouvrit sa porte, il se jeta sans un mot sur elle, désespérément, pour s'assurer qu'elle n'avait pas disparu.

La jeune fille le laissa faire, surprise. Elle lui rendit son étreinte passionnée puis brisa le silence.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— J'avais besoin de te voir. S'il-te-plaît, reste comme ça encore un peu, chuchota Guylt, rassuré.

Elle était bien là, elle ne l'avait pas quitté. Il l'interrogea alors.

— Tu n'as pas entendu la nouvelle ?

— Quelle nouvelle ?

— Du vol de la gemme !

— Ça ? Que voudrais-tu que ça me fasse ?

Le jeune homme s'écarta étonné, et contempla le visage non affecté de sa fiancée. Elle n'était visiblement pas sur la même longueur d'ondes que lui, du moins pas cette fois-ci. Il balbutia.

— Je ne sais pas, c'est un symbole, de la ville déjà, mais elle était aussi là dans le parc, quand nous nous sommes promis l'un à l'autre...

— Pourquoi ça te gêne autant ?

— Tu ne la considères pas comme un symbole de notre promesse ?

— Notre promesse ? C'est une simple gemme, Guylt. Elle ne nous appartient pas, et regarde, son absence n'a aucune incidence. L'important, c'est nous, que nous nous aimons, que nous avons des choses à nous offrir. Pas besoin de s'inquiéter de cette chose futile.

Les paroles de sa bien-aimée auraient dû le rassurer, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter encore. Superstitieux, il avait un mauvais pressentiment. Néanmoins, il n'osa pas lui partager ses inquiétudes.

— Tu as sans doute raison...

— J'en suis sûre. Sinon, ces derniers jours, nous ne sommes allés nulle part, je commence à m'ennuyer. Et si on sortait ?

— C'est une bonne idée, sans doute. Mais autant rester à Vendecentre.

— C'est pas comme si on pouvait aller autre part, de toute façon. Bref, allons-y !

Ils se prirent la main, et commencèrent leur promenade. Guylt était un peu ailleurs, toujours inquiet, toujours pris de cette étrange agitation au fond de lui. Les rues se brouillaient autour de lui, l'effervescence du quartier lui devenait insupportable, la chaleur le faisait suffoquer, son cœur le faisait souffrir. Mais il n'allait pas se plaindre alors qu'il était avec sa fiancée : il la laissa donc le diriger à travers les rues du centre-ville. Lorsque son silence interpella la jeune fille, elle l'interrogea.

— Guylt ? Pourquoi tu ne parles pas ?

— Rien de bien grave, je me sens juste un peu faible.

— Tu es sûr que ça va ? Tu es très pâle.

— Ça va, ne t'inquiète pas.

— Tu voudrais rentrer ? Nous n'aurons pas eu le temps de faire ce qui était prévu, mais tant pis.

— Ce qui était prévu ? Oh non, je ne vais pas gâcher ta journée. Vas-y donc sans moi.

— Eh bien, si tu le dis...

Voyant qu'il ne la suivrait pas, elle l'embrassa, le salua, et s'éloigna.

L'amoureux ne pouvait que la regarder partir, alors que sa douleur s'accentuait et qu'un étrange regret l'assaillait. Il aurait aimé lui courir après, la serrer de ses bras soudainement affaiblis ; mais il n'en avait plus la force. Il n'avait plus non plus la force de monter chez lui. Il n'y avait plus qu'un seul endroit qui lui paraissait encore atteignable.

À bout de souffle, il arriva dans la ruelle qu'il aimait tant et se dirigea vers le bord. Le vertige le prenait, sa douleur s'intensifiait, il crachait des poumons. La vue sur le vide n'améliorait rien, mais il resta là quelques secondes, les yeux brouillés, comme si c'était son dernier moment en ces lieux, puis s'enfuit. Toute pensée rationnelle l'avait quitté ; il ne faisait que souffrir. Il s'effondra au pied de son immeuble.

Puis il sentit autour de lui les bras de sa mère arrivée au même moment, sa panique, entendit ses cris, les appels qu'elle passait. Il comprit qu'on l'emportait à l'hôpital.

Peu après, il était placé sur un lit, pris d'une trop lourde fatigue. On l'intima de se reposer, alors il ferma les paupières, espérant qu'à son réveil, la belle Vira serait à ses côtés.

Lettre perdue, promesse non tenue ~ Gravity RushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant