IV - « J'appelle ce témoin à comparaître. »

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    Les traits de son visage se mirent à trembler. Elle semblait lutter férocement pour reprendre le contrôle de ses émotions mais la solide carapace émotionnelle qu'elle avait bâtit des années plus tôt commençait à se fissurer. Le long processus d'acceptation du passé reprenait.
    Une larme roula sur sa joue et elle s'empressa de l'essuyer d'un revers de la main. L'autre, agrippée à la rambarde en bois devant elle, était crispée à en devenir douloureuse. Les jointures de sa main gauche blanchissaient à vue d'œil. Dans sa tête, tout n'était que confusion et incompréhension. Elle se sentait trahisse.
    L'avocat de la défense reformula sa question, cachant à peine son impatience en insistant. Tous les regards était braqués sur elle. L'honorable juge Darwin paraissait l'encourager du regard, la question n'en restait pas moins difficile à entendre:
    « Agent Sloane, avez vous oui ou non, subit au cour de votre mission en Afghanistan des actes de tortures ? »
    Sa lèvre inférieure se mit à trembler plus violemment encore et des larmes montaient dans sa gorge. Ce n'était plus qu'une question de secondes avant qu'elle ne craque. Elle tourna la tête vers la droite. Gibbs, assis au banc des accusés la regardait navré, désolé, conscient du calvaire qu'il lui faisait endurer. Conscient de ce qu'il la contraignait à revivre. Il n'avait pas souhaité que son témoignage se passe ainsi.
    « Agent Sloane ? »
    L'avocat insistait d'avantage au fur et à mesure que le temps filait et qu'elle demeurait silencieuse, refoulant ses larmes. Le procureur Wilson de la partie adverse, ayant compris que son témoignage ne pouvait que servir la cause de l'accusé, se leva brusquement en protestant:
    « Objection votre honneur, c'est du harcèlement de témoin ! »
    Le juge Darwin se gratta la barbe.
     « Objection rejetée. Répondez s'il vous plaît agent Sloane », imposa-t-il.
    La femme pris sur elle.
    « Oui je... » Elle s'éclaircit la gorge.
    « Oui j'ai subit des actes de tortures au cour de ma mission en Afghanistan. Mes frères d'armes et moi avons été capturés et retenu prisonnier pendant neuf mois. »
    Au fond de la salle, l'équipe du NCIS la dévisagea, muette de stupéfaction. Sans s'émouvoir, l'avocat enchaîna sur une autre question:
    « Votre tortionnaire à bien été arrêté, c'est cela ?
    -Oui, il y a deux ans. J'avais reconnu sa voix, avait ouvertement annoncé que je le suspectais d'être un monstre puis il s'était enfui avec le directeur de notre agence fédérale. Il a été retrouvé et capturé deux mois plus tard. »
    L'équipe comprenait enfin qui était réellement l'homme qui avait kidnappé leur patron et cela leur donnait une toute autre impression, comme une saveur amère en bouche.
    « Comment s'appelait votre tortionnaire ?
    -Il était connu là-bas sous le nom de Massaoun. Son vrai nom en revanche, nous l'avons appris bien des années plus tard, était...
    -...
    -Nigel Hackim. »
    La déclaration suscita une vague de surprise, de murmures et d'indignation dans la salle. Un grondement sinistre montait de la foule.
    L'avocat enchaîna rapidement sur son ultime et dernière question avant de laisser le désordre s'emparer de l'audience:
    « Connaissiez-vous à l'époque son frère, Fahir Hackim ?
    -Certainement, répliqua Sloane le regard sombre, il était présent à chacun de nos interrogatoires musclés, lorsque le fouet accompagnait les interrogations. »
    C'eut l'effet d'une bombe venue raviver les braises d'une ferveur encore trop ardente dans la foule. Le juge frappa violemment l'estrade en bois de son marteau.
   « Silence s'il vous plaît ! Silence ! »
   Les grondements refluèrent un temps mais ne s'arrêtèrent pas et une huée s'éleva bientôt de la foule. Tous, soutenant l'accusé en criant au scandale. Les mêmes inconnus qui, quelques jours plus tôt, déversaient leur courroux sur le flic, trouvaient maintenant aberrantes les raisons du procès.
    « Quelle ironie ! », pensa Sloane.
    Le juge reprit la parole en haussant la voix du mieux qu'il pu pour se faire entendre.
    « L'audience est suspendue jusqu'à nouvel ordre !!! Que tous les représentants des deux camps, avocats et procureurs, se retrouvent dans mon bureau ! »

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