II - « The truth is... I love you ! »

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    Il était tard maintenant, et Gibbs et Sloane venaient tout juste de rentrer d'un vol de près de trois heure depuis San Antonio. Ils avait atterris une demi-heure plus tôt à l'aéroport de Washington et regagnaient le bâtiment fédéral du NCIS. Leur mission sous couverture dans la ville texane s'était avérée être un échec. Ils n'avaient pas pu coincer les trafiquants qu'ils escomptaient. L'opération visait à mettre au jour une importante plaque tournante d'un trafic de drogue - appartenant au cartel des Reynosa en réalité. Ces derniers avaient en effet, avec une impressionnante rapidité, agrandit leur trafic mexicain à tout le sud-ouest des États-Unis, du Texas à la Californie, en passant par l'Arizona et le Nouveau-Mexique. Ce petit tour de force avait fait d'eux l'un des cartels les plus puissants d'Amérique du Nord.

    Arrivés au bureau, Gibbs convoqua sur le champ un membre du SWAT pour établir le plan d'une perquisition à l'hôtel dans lequel ils avait séjourné, convaincu qu'ils trouveraient là-bas une quantité de drogue suffisante pour faire fermer le bâtiment.
    L'agent du SWAT, un homme d'une cinquantaine d'années, avait le regard clair et les cheveux drus grisonnants. De fins traits patriciens contrebalançaient une carrure musclée et imposante. Il dégageait une prestance naturelle. Le torse bombé en avant, cette dernière lui donnait des airs quelque peu vaniteux. Il faisait pourtant partit de ces hommes qui avec l'âge et peu d'efforts, arrivaient à avoir une allure apprêtée à tous moments; de ceux que l'on qualifie parfois de "vieux beau".
    Sloane, non pas insensible à ce charme et postée à l'étage contre la rambarde en acier, n'avait de cesse de ramener son regard sur lui. Gibbs lui portait peu d'attention ? Très bien. Elle n'allait pas l'attendre éternellement et s'était décidée à reprendre sa vie sentimentale en main. L'agent spécial Gibbs, celui qui avait servi dans les Marines au grade de sergent et qui s'était vu offrir la Purple Hart et plus tard, à trois reprises, le pris d'agent fédéral de l'année, celui-là même qui, cinq ans plus tôt, avait traqué et démantelé une organisation terroriste au péril de sa vie, ce Leroy Jethro Gibbs n'était en fait qu'un mufle et un goujat. Un mufle, se répéta Sloane encore une fois.

    Après une après-midi éprouvante passée au bureau, Nick commanda à manger dans un petit snack et toute l'équipe, y compris l'agent du SWAT se délecta bientôt de délicieux hamburger dont la réputation s'était étendue à toute la ville.
    Éllie taquinait Nick en coin quand il laisser s'échapper de la garniture de son sandwich et lui tendait ensuite une serviette en riant. De son côté, Tim s'amusait de voir ses amis se railler amicalement. Cela lui rappelait ses moments de complicité avec son père quand celui-ci n'était pas en train de lui reprocher son manque d'entrain pour l'armée. Il craignait que cela ne déshonore le nom de la famille.

    De l'autre côté de la pièce, Gibbs, Sloane et l'agent du SWAT, dont elle venait nouvellement d'apprendre le nom, discutaient encore de leur perquisition. Les grandes lignes avaient été fixées; il fallait cependant réfléchir à l'importance de chaque détails pour que les trafiquants n'aient pas le temps de débarrasser toute la marchandise.
    « Jonathan, fit Gibbs en pointant du doigt un plan, avec vos gars, vous prendrez les issues Nord et Nord-est. Nous nous occuperons de la plus grande, celle du Sud du bâtiment.
    - Entendu. »
    Jonathan gratifia Sloane d'un sourire, laquelle le lui rendit.
    L'éclairage tamisé des lampes d'appoint disposées de part et d'autre de la pièce adoucissaient les lignes sévères de ses traits aristocratiques et ne l'en rendait que plus charmant encore. Comme si cela n'eut pas suffis, la lumière accentuait la profondeur de son regard et, si Gibbs ne fut pas intervenu, le moment serait vite devenu embarrassant. Il se racla la gorge bruyamment, ayant tout deviné de l'échange qui venait d'avoir lieu juste sous son nez. Comme prise en faute, Sloane reporta son regard sur le plan du bureau.

    Le lendemain, après une nuit difficile, tout était prêt. Gibbs aboya quelques ordres à la ronde puis appela un à un les participants au raid. Tous les membres de l'équipe furent cités. Tous sauf un: Sloane. En colère elle questionna Gibbs:
    « Dois-je vous rappeler que j'ai aussi l'habilitation pour aller sur le terrain ?
    - Je sais mais vous ne venez pas. », répondit Gibbs sans même lever les yeux vers elle. Il continuait à ranger ses affaires dans un sac sans donner l'impression de se préoccuper d'elle.
    « Vous êtes en sous effectif, Gibbs, et je crois que toute aide serait la bien venue. Alors pourquoi ne m'emmenez-vous pas ? Dois-je vous rappeler qu'en terme de hiérarchie, nous sommes sur un pieds d'égalité ?
    - Jack, je dois y aller. On verra plus tard ?
    - Non vous n'irez nul part. Gibbs, je regrette d'avoir à en arriver là mais c'est nécessaire. Suivez-moi, allons voir Léon . »
    Sloane se retourna en direction du bureau et s'élança vers les escaliers. Gibbs, dans son dos, se fâcha. Ils allaient voir le grand patron et il serait tenu de s'expliquer. Pourquoi cette femme compliquait-elle toujours tout ? Pourquoi tout allait de travers avec Jack ? Et pourquoi se sentait-il toujours troublé en sa présence ?
    Gibbs eut beau tenter de la retenir, elle lui répondit qu'elle ne renoncerait pas tant qu'elle n'aurait pas d'explications. Rien à y faire, elle se dirigeait d'un pas alerte vers le bureau de Vance.
    Dans le vestibule du bureau, la secrétaire s'évertua, elle aussi, à la retenir en lui expliquant que le directeur était en grande conversion au téléphone avec le ministre de La Défense, qu'il ne pouvait surtout pas être dérangé et que le médecin légiste, Donald Mallard, était déjà en sa compagnie. Ses efforts furent vaincs: Sloane entra sans crier gare dans le bureau.
    « Léon !, l'apostropha-t-elle, veux-tu bien rappeler à Gibbs qu'il n'a en aucune façon le droit de me refuser l'accès à son raid !!?
    - Jack, l'appela Gibbs dans son dos.
    - Gibbs ! Vous vous débrouillez chaque fois pour ne pas me faire venir sur le terrain ! Est-ce parce que je suis une femme ? Ou bien est-ce parce que je suis aussi la psychologue chargée d'analyser chacun d'entre vous ? Répondez-moi ? Dites-moi la vérité !
    - Jack !!!, hurla-t-il dans une colère noire.
    Dans la la pièce, un silence se fit. Le temps lui-même semblait s'être arrêté. Gibbs reprit à voix basse, toute trace de sa colère ayant disparue.
    « Si je ne veux pas vous emmener sur le terrain c'est que... »
    Gibbs perdait son calme. Sa voix se fêlait par moment et Sloane se rendait compte qu'il lutait vraiment pour ne pas perdre le contrôle. Un nouveaux côté de Gibbs pourtant, apparaissait au grand jour.
    « ... Je ne veux pas vous savoir en danger parce que... vous m'êtes... précieuse. Enfin vous... Je vous... ai..
    Gibbs ne finit pas sa phrase. Jack avait compris. L'espace d'un instant elle le fixa, interdite. Puis, honteux, Gibbs s'éclipsa rapidement de la pièce. Sloane s'élança juste derrière lui et claqua la porte derrière elle.
    « Gibbs, attendez... »
    Et elle laissa le bureau et ses deux occupants dans un silence monastique.

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