2. Hailey

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  Trois côtes cassées, l'épaule démise et un splendide coquard. Merci Elena. Ma seule satisfaction est de lui avoir briser la nuque au bout de trente-quatre minutes d'entrainements. Bien sûr, elle n'est pas morte.

J'ai appris à mes dépens que nous ne mourions pas de cela. On fait seulement une longue sieste de quelques heures, voire quelques jours, tout dépend du prodige. Les saignées, par contre, sont mortelles. C'est pour cette raison qu'elles sont parfaitement étudiées sur chacun d'entre nous lorsque nous passons au bloc.

Entre le coup du lapin et la gorge tranchée, la gorge l'emporte toujours. Il semblerait que nos globules blancs et nos plaquettes, faisant partie intégrante de notre système immunitaire, soient l'une des lignes directrices de notre consistance de prodiges. Voilà pourquoi, sans une goutte de sang, nous n'arrivons pas à survivre.

- T'as mis une sacrée raclée à Elena. Comment t'as fait ?

Loan cherche toujours des réponses. C'est un éternel curieux mais il sait aussi se satisfaire de mes silences alors je l'apprécie – ou, au moins, je ne le déteste pas – pour ça.

- C'est simple. Tu fais tourner sa nuque jusqu'à entendre le crac de trop.

- Très drôle Hailey, je te rappelle que je t'ai moi-même brisée la nuque deux fois, alors je sais y faire mais elle est censée être largement meilleure que toi alors, je répète, comment t'as fait ?

- Elle m'énervait, marmonné-je, refusant de m'étendre davantage sur le sujet.

- C'est bon à savoir. Non pas que j'ai une seule seconde peur de toi mais en tout cas, merci, je vais pouvoir faire chier Elena pour les dix prochaines années grâce à ça.

- Pas de quoi.

Je broie du noir. Loan est sympa mais il n'en reste pas moins l'ennemi, même si je l'oublie de temps en temps. Pourtant lorsque je croise Jake en compagnie d'Erika, mon ancienne voisine de cellule et actuellement dans un piteux état, je me souviens soudainement que je suis censée les haïr.

- Grand frère ! Séance compliquée au bloc ?

Loan grimace en voyant Erika au bord du malaise. Il est vraiment spécial comme garçon. Parfois, j'ai l'impression qu'il ressent les choses de la même façon que nous et pourtant, il ne témoigne d'aucune émotion en apparence. Je n'ai jamais senti de la peur ou de la colère s'échapper de son corps. Il reste toujours concentré et furtivement joyeux en superficie.

- Oui. Biethier a un peu trop tiré sur la corde. J'ai demandé à arrêter la séance en avance.

- C'était elle ou Ben ?

- Son mari, elle n'était pas là. À ce qu'il parait, Julian était en évaluation alors elle est restée avec lui.

- Le pauvre, chuchote Loan à côté de moi.

Depuis que Mattéo s'est échappé, Julian est définitivement devenu le meilleur prodige de seconde génération, à mon plus grand regret. Il est le garçon à rendre le plus inhumain possible. Je crois qu'il détient le record du nombre d'heures au bloc en une semaine depuis un mois.

Concernant les autres seconde génération, j'en connais très peu. On ne les croise jamais. Le centre de recherches s'assure que tous leurs protégés restent en vie, ce qui implique de les mettre à distance des premières générations.

Après le Hell Day, je me suis rendue compte que certains d'entre eux étaient morts, peut-être six ou sept. Le centre n'a pas chaumé pour recruter de nouveaux tireurs mais pour les prodiges, c'est un peu plus compliqué. Je sais qu'ils en gardent de très jeunes en lieux sûrs mais pour le coup, eux, je ne connais même pas leur âge. Ils intègrent les parties communes lorsqu'ils atteignent leurs quatorze ans, c'est tout ce que je sais.

FULLERTOWN - Domination (3) [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant