4. Hailey

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Le bloc numéro trois est comme dans mes souvenirs. Blanc écru, gris et orange. J'ai toujours préféré le numéro un, celui de Nina, avec ses nuances de bleu marine. Quant au deuxième, je l'ai fais volé en éclat, le rouge m'agaçait.

  Thomas Hilton m'installe sur la table d'opération spécialement conçue pour nous autres, les prodiges. Je ne me débats plus, je le laisse me passer les sangles aux poignets, aux chevilles, autour de ma taille ainsi que l'espèce de casque électrique. Parfois, j'ai l'impression d'être dans le couloir de la mort et qu'à l'instant où j'entre au bloc, je ressens cet inexplicable vide en moi, comme si l'heure de mon exécution était enfin arrivée.

  Lorsque je traverse les souterrains du centre, il m'arrive de pleurer, de supplier, de reculer par peur de savoir ce qu'il m'attend, de crier ma peine mais dès que je suis enfermée dans l'une de ces grandes salles, l'angoisse me quitte, comme si je n'espérais plus rien. Et je pense que c'est cette seule chose qui me permet de rester en vie sans perdre totalement la tête.

  Pourtant, j'ai bien ressenti quelque chose de différent face à Elena tout à l'heure ?

  Une espèce de frisson interminable, allant du bout de mes orteils et remontant jusque dans mes cervicales pour les chatouiller et les électriser. Une odeur très finement sucrée a imprégné mes cavités nasales, celle-ci était bien trop légère pour être de l'amour ou de l'amitié. En plus, ce n'est pas comme si j'avais une seule chance de ressentir ce genre de chose pour Elena.

  De l'espoir ? Pourquoi maintenant ? J'en suis dépourvue depuis cinquante-trois jours. Je ne comprends pas.

-       Pourquoi est-elle ici ? J'étais censé accueillir Aaron, explique le docteur Gleislow.

Thomas plonge une seringue dans un flacon jaunâtre.

-       Jessica demande à ce qu'Hailey passe au bloc et Aaron est déplacé en salle de combat.

-       Hailey sort de test, je ne pourrais rien tirer d'instructif concernant son corps aujourd'hui.

Gleislow aurait-il une âme ?

-       Peut-être mais Jessica ordonne le passage d'Hailey.

-       Certes mais madame Biethier est ma collègue, non ma supérieure. A partir de là, je n'ai pas à lui obéir donc ramène Hailey en isolement et envoie-moi Aaron. Cette fois-ci, c'est moi qui te donne un ordre.

Thomas grogne à côté de moi mais à part cela, ce n'est pas comme s'il pouvait réellement dire quoi que ce soit face à ce vieux fou. Gleislow est un sombre sadique mais il n'en reste pas moins un scientifique à sa manière. Je suis absolument inapte à subir la moindre souffrance, me faire passer au bloc aujourd'hui n'aurait servi à rien. Je suis à bout de force, mes performances ne peuvent qu'être désastreuses. 


De retour devant les cellules isolées, Isabella s'agace de me revoir. Comment peut-elle me détester à ce point, que lui ai-je fais ? Facile de deviner qu'elle travaille sous pression avec son petit frère, Liam, dans le camp des résistants mais j'ai du mal à croire qu'elle puisse être aussi mauvaise dans son regard sans aucune raison.

-       Qu'est-ce que je t'ai fais ? marmonné-je, encore un peu sonnée par les anesthésiants de Thomas.

-       À moi ? Rien précisément mais tu fous la merde partout où tu passes et ça, ça m'agace. Attends, laisse-la ici pour l'instant, je veux l'avoir devant moi.

Thomas me lâche alors que je m'écroule par terre, les menottes électriques autour des poignets. Soudain, j'entends des poings frappés contre les portes blindées et les têtes d'Enzo, Nina et Aria apparaissent. Ils sont tous fatigués, au moins autant que moi. Leurs visages sont cernés, pâles à force d'être saigné, un immonde cocard entoure le globe oculaire d'Enzo, du sang coagulé encore présent sur son arcade sourcilière.

FULLERTOWN - Domination (3) [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant