FULLERTOWN - Domination (3) [EN COURS]

1. Austin

Cinquante-troisième jours. Je. N'en. Peux. Plus. Quand Léo m'a parlé d'attendre un certain temps avant de mettre le plan A à exécution, je pensais secrètement que nous réussirions à nous en sortir plus rapidement que prévu. Que dalle. Quand Léo dit deux mois, c'est deux mois et plus les jours passent, plus j'ai l'impression que le plan prend du retard. Bon, clairement, c'est à cause de moi s'il est retardé.

  Pourquoi ?

  Vous savez ce que cet abruti de Léo a prévu de faire, au moins ? Ni plus, ni moins qu'intégrer le centre de recherches. Ce petit con d'adolescent a décidé de combattre le mal par le mal en essayant de devenir un oppresseur puisqu'il est le seul à être inconnu de l'intégralité du centre.

  Léo Nake, un oppresseur. Dans un périmètre réduit avec un grand frère hermétique aux émotions dans son champ de vision, une Hailey qui le reconnaitra dans les vingt secondes et un Thomas qui, bien qu'il ait été hypnotisé par Luca, pourrait retrouver la mémoire à tout moment.

  On aura vraiment tout vu ces sept derniers mois. Et puisque je n'ai pas mon mot à dire comme il paraît assez clair que ce plan est le meilleur qui puisse être – je dois bien l'avouer – je me contente de l'entrainer comme un dingue pour qu'il devienne le plus puissant possible.

  Mon moment le plus satisfaisant pendant ces cinquante-trois jours ?

  Lorsque Léo a mis une branlée à Emily. On est allé dans un bar de Los Angeles et je lui ai fais boire sa première bière. J'ai du hypnotiser le barman, évidemment, mais être le mentor de Léo s'avère être la chose la plus cool depuis le Dark Day. Oui, je lui ai donné un nom.

  Nous avons emménagé chez les gardiens, à côté de Los Angeles, six jours après la journée de merde. Leurs locaux sont monstrueusement grands et j'ai découvert qu'ils étaient bien plus nombreux que ce que je pensais.

  Becca, la nouvelle de la dernière session de recrutement, celle qui connaît toute la vie des prodiges de génération zéro, est devenue ma nouvelle pote. Principalement parce qu'elle aime les filles, chose qui me permet d'oublier qu'une meute de gardiennes, ou futurs gardiennes, me tourne autour chaque fois que je traine tout seul dans un couloir.

  C'est pour cette raison que je passe mes journées avec Léo ou Becca. Ou les deux.

  J'aimerais passé mon temps avec Lola mais elle est absente. Enfin, physiquement, elle est là mais psychologiquement, elle va mal depuis que Raphaël est plongé dans un coma dont personne n'arrive à l'en sortir. Elle voulait retenter une fusion mais à l'unanimité, nous avons refusé. Raphaël ne lui aurait jamais pardonné d'avoir volé sa liberté. Lola l'aurait fait pour lui sauver la vie mais ce n'était pas une option. Plus de symbiose. Ça n'apporte que des problèmes.

  En plus du fait qu'on lui ait pris une réplique d'elle-même en version masculine, ma meilleure amie a perdu Camilla, avec qui elle a partagé chacune de ses pensées pendant un mois. J'essaie de l'aider mais je n'y arrive pas car, inconsciemment, j'ai envie de l'engueuler chaque fois qu'elle pleure.

  Oui, elle a perdu Camilla. Moi aussi. Mais ce n'est pas elle qui a du payer l'enterrement de son grand frère. Tout le monde pleurait, Léo et Emily principalement. Sauf moi. J'ai refusé de verser la moindre larme car, si je commençais, je savais que je ne m'arrêterais pas.

  Après avoir lu la lettre de mon frère, j'ai compris que mon devoir était d'honorer ce pourquoi il s'était sacrifié alors j'ai fait ce qu'il attendait de moi.

  J'ai entrainé Ethan jusqu'à ce qu'il développe les premiers signes d'une seconde spécialité, j'ai fais subir l'épreuve des séries de trente minutes sur le tapis de courses à Julia, j'ai botté le cul de Samuel à plusieurs reprises pour qu'il s'entraine et j'ai fais en sorte que Lola n'aille pas étriper Isaac dans son sommeil.