FULLERTOWN - Domination (3) [EN COURS]

36. Austin

  Deux semaines sont passées depuis que j'ai découvert ma famille. Comment vous dire qu'avec une petite sœur aussi collante que possible et qui se plaint comme ce n'est pas permis, je n'ai pas pu me reposer plus de quatre heures par jour. Oui, oui, sérieusement. Quatre heures ! Pour mon plus grand malheur, Kloé est insomniaque et puisqu'elle vit chez moi depuis neuf jours, j'hésite entre la renvoyer chez elle ou simplement la buter.

— AUSTIN ! DÉPÈCHE TOI !

Qu'est-ce que je vous disais !? Il est sept heures vingt-six, cela fait deux heures qu'elle m'emmerde et, avec sa voix suraiguë, elle vient de réveiller tout mon penthouse, ce qui veut dire que...

— Mais elle ne va jamais fermer sa grande gueule la gosse !?

Kylie s'énerve – à juste titre – et va clairement démonter Kloé. Cette fois, je ne l'en empêcherai pas. Il faut bien que quelqu'un lui dise quelque chose.

Je sors de ma chambre pour apercevoir le spectacle alors que Kylie se précipite déjà dans les escaliers pour rejoindre micro-Miller qui ne sourit plus du tout.

— AHHH ! AU SECOU...

Je sens l'énergie de Kylie emprisonner la parole de Kloé.

— Écoute bien ce que je vais te dire parce que je ne le répèterai pas. Tu vas la fermer maintenant. Tu vis avec cinq prodiges à l'ouïe plus fine qu'une lame de scalpel et qui peuvent répandre ta cervelle sur le sol de cet appartement à tout moment alors, c'est la dernière fois que je t'entends gueuler comme une poissonnière face à des p'tits vieux avec des prothèses auditives.

De la manière dont l'action se passe, c'est à dire Kloé plaquée contre un mur sans sa voix, on pourrait croire qu'elle prend la menace de Kylie au sérieux.

Tu penses...

À la seconde où elle lui rend la parole, je sais déjà ce qu'il va se passer. Elle m'a fait le coup tous les jours depuis notre rencontre.

— C'est tout ? Pas de coup de poing ? Pas plus de menace de mort ? Je m'attendais à mieux.

— T'es sérieuse ? crache Kylie.

— Bah oui. Je suis déçue.

Ce qui devait arriver arriva.

Kylie enfonce son poing dans le ventre de Kloé qui s'enfonce encore plus fort dans le mur avant que sa main droite ne lui encercle la gorge.

— Le seul fait que tu sois encore en vie repose entièrement sur le fait que je vis chez ton frangin.

— Il serait peut-être... temps de te trouver... un appart alors, provoque Kloé avec un sourire malgré l'étranglement.

— Mieux vaut pour ton petit cul que ça n'arrive pas.

Je me demande un instant si je ne devrais pas intervenir mais m'accorder cinq minutes de repos est bien trop tentant. Égoïstement, voir quelqu'un d'autre être poussé à bout est très satisfaisant.

— T'es juste jalouse que je sois devenue amie avec Théo, tu peux le dire. Le fait que je crie n'est qu'un prétexte pour passer tes nerfs sur moi.

Un point pour micro-Miller.

— Jalouse de toi ? Tu te prends pour qui ? Comprend bien que, dans notre monde, tu n'es personne. Tu n'es qu'une moins que rien qui essaie de...

« Ressembler à son frère ». Voilà ce qu'elle s'apprête à dire.

— Ça suffit ! je crie depuis l'étage m'offrant une vue directe sur la scène. Kloé, tu arrêtes tes conneries maintenant et Kylie... Ne fais pas les mêmes erreurs que ta sœur...