Chapitre 5

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Tout cet attroupement de policiers autour de Poirot lui donnait le tournis.

Il n'avait qu'une envie : être ailleurs, peu importait où... quelques mois plus tôt. Juste quelques mois plus tôt... Était-ce trop demander ? Bien sûr que cela était trop demander. Bon sang... Poirot le savait bien. Son esprit cartésien ne pouvait que le lui rappeler. On ne revenait pas en arrière. Il fallait continuer. Vivre. Survivre...

- Que s'est-il passé ? demanda machinalement Vermont qui faisait irruption dans la pièce.

- Et bien... Constatez vous même ! rétorqua le détective plus agacé par ce retour à la triste réalité du moment que par le ton froid et antipathique de ce commissaire.

Vermont se figea quelques secondes et voulut répondre.

- Madame Fuller était venue s'entretenir avec Poirot au sujet de Servier. intervint calmement Hastings.

- Décidément, les témoins n'ont pas le temps de s'expliquer qu'ils tombent comme des mouches. soupira le commissaire.

La morgue emmenait le corps de cette pauvre Madame Fuller qui aurait pu, Poirot en était certain, l'aider un peu sur cette affaire qui prenait de plus en plus d'ampleur.

- Elle était sur le point de divulguer quelques éléments susceptibles de faire avancer considérablement l'enquête... D'ailleurs, c'est certainement pour cette raison qu'elle a été assassinée. dit-il enfin.

- Même assassin ?

- Poirot ne sait pas. Les premiers décès peuvent être assimilés à des accidents que le hasard aurait savamment orchestrés. Mais ici, un poignard dans le dos, cela ne trompe pas.

- Avait-elle eu le temps de vous faire part d'informations ?

- Tout ce que j'ai pu apprendre : Les rendez-vous de Bernard Servier et Maria Lopez étaient une couverture à d'autres agissements. Mais alors, Poirot aurait été sacrément bluffé. Moi qui le filais depuis une bonne semaine... C'est improbable.

- Pourquoi ? demanda le commissaire dont les narines s'agitaient.

- Parce que Poirot ne se trompe jamais ! déclama le détective.

- Bien, bien... Si vous le dites... Étonnant cette agréable odeur de rose dans votre chambre alors que je n'y vois pas de fleurs... A moins que ce ne soit votre... parfum. toussota Vermont, gêné.

- En Grande-Bretagne comme en Belgique, la rose est un parfum féminin. En est-il autrement de l'autre côté de l'Atlantique ? s'offusqua Poirot.

- Non. Il en est de même... Je ne savais pas que vous partagiez votre chambre... Où est votre... compagne ? rougit Vermont qui se trouvait de plus en plus emberlificoté.

- Amelia... s'est absentée... murmura Poirot.

- Amelia ?... Ici ? blêmit Hastings.

- Il semblerait que votre ami le capitaine ne soit pas au courant... Bon enfin, moi, ce que j'en dis... Revenons à cette affaire. baragouina le commissaire qui se grattait la tête de la main droite.

- Je crois qu'une petite visite à notre cantatrice de charme s'impose. rétorqua Poirot qui se dirigea vers la porte de sa chambre sans décocher le moindre regard à ses deux interlocuteurs

- Justement, j'allais vous le proposer. soupira Vermont qui lui emboîta le pas, ravi de passer à autre chose.

Hastings resta paralysé quelques instants, avant de se rendre compte qu'il était maintenant seul dans la chambre.

Il gagna le couloir et accéléra le pas pour rejoindre Poirot et le commissaire.

***

La chambre de Maria Lopez se trouvait de l'autre côté du couloir. En chemin, les trois hommes croisèrent Sophie Martin, très pâle. Elle venait de prendre connaissance de la mort de Madame Fuller.

Poirot : La femme en bleu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant