Poirot : La femme en bleu

Chapitre 8

- Selon l'analyse des blessures, l'homme devait être plus grand que la victime. Je dirais même qu'il mesurait près d'un mètre quatre-vingt... commença le légiste.

- L'homme ? répéta Poirot.

- La force avec laquelle a été porté le coup de couteau fait penser qu'il s'agit d'un homme.

- Mais encore ? demanda Vermont, inspectant la salle de laboratoire d'expertise médicale.

- Le meurtrier est gaucher.

- Et pour l'arme ? demanda Poirot.

- Très banale. En vente dans toutes les quincailleries. Bien que...

Le légiste présenta un sachet plastique contenant le couteau.

- ... Cette trace de colle séchée sur le manche est due vraisemblablement à un écusson qui se serait détaché.

- Un écusson ? répéta Hastings.

- Oui. La colle séchée décrit une forme semblable à l'insigne de Leadville. conclut le légiste.

- Il ne doit pas exister un nombre faramineux de magasins où un tel objet serait en vente. rétorqua Sam Jones.

- Je n'en connais même qu'un seul : Marx's. nota Vermont.

Alors que le commissaire et Sam Jones s'activaient à récupérer la voiture au parking, Poirot, accompagné de Hastings déposait, l'appareil auditif de Madame Fuller au scientifique qui promit d'effectuer les analyses nécessaires.

***

L'intérieur du magasin ressemblait à un véritable capharnaüm.

Drug était accroupi derrière le comptoir, la tête dans les caisses. Ayant entendu la sonnette de la porte, il se redressa.

- Vermont ! Il y avait longtemps que l'on ne s'était vu ! Que puis-je pour vous ?

- Drug, tu vends des couteaux comme celui-ci, n'est-ce-pas ? interrogea Vermont en lui montrant l'arme du crime.

- J'en ai vendu mais mon stock est à sec depuis bien longtemps. Je peux essayer de vous en commander.

- Nous ne sommes pas là pour faire des emplettes. Tu conserves traces des acheteurs ? s'irrita Vermont.

- Les clients, çà rentre, çà sort... soupira Drug.

- Comme vous venez de le faire remarquer, vous les commandiez récemment. remarqua Sam Jones.

- Il y a donc des reçus. renchérit Vermont.

- Peut-être. Je vais regarder.

Avec son mouchoir, il s'essuya le front ruisselant. Décidément, c'était toujours sur lui que la foudre tombait...

Il sortit un vieux cahier de notations illisibles. Il tourna les pages jaunies et s'arrêta sur des colonnes.

- Voilà la liste.

Poirot récupéra le cahier et y jeta un rapide coup d'œil.

- Intéressant ! nota-t-il, retirant son pince-nez.

- Quoi donc, mon ami ? s'enquit le capitaine.

- Trudy Beckett !

***

La route paraissait moins longue qu'à leur première visite. Ils arrivèrent enfin au lac et Sam Jones sonna à la porte.

Trudy Beckett ouvrit, toujours aussi souriante.

- Capitaine Hastings, quelle heureuse surprise ! Mais vous n'êtes pas seul... Je ne pensais pas que nous nous reverrions si tôt.

- Moi non plus, Mademoiselle Beckett. Mais notre visite n'est pas de courtoisie, malheureusement... blêmit l'associé de Poirot.